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L'abbaye de Geneston possède de nombreuses propriétés; Elles proviennent le plus
souvent, des donations de notables qui, sur la fin de leur vie, léguaient leurs biens aux institutions religieuses pour
le salut de leur âme.
L'abbaye détient des droits et possessions à Rezé, Le Bignon, Port St Père et possède :
l'église de Montbert et ses biens
l'église de St Jean de Boisel et son prieuré
la chapelle St Lupien de Rezé avec maisons et terres voisines
Mais l'incertitude des temps, engageait au maximum de précautions et par crainte d'être dépossédé de leurs biens, au cours
des temps, l'abbé Clément, premier abbé de Geneston, demande au pape Alexandre, de confirmer leurs possessions.
Celui-ci répond favorablement par la publication d'une bulle en l'an 1163 : un document précieux qui atteste la propriété
pour prévenir toutes contestations ultérieures.
C'est ainsi que l'église de St Jean de Boisel, avec ses dépendances, est nommément désignée comme appartenant en propre à
l'abbaye.
La bulle cite aussi la provenance de l'église : don de Maurice Hervé et Guillaume Normandel. Effectivement, des églises
en ce début du XIème siècle pouvaient être propriété de notables. Mais le concile de Reims en 1049 a mis fin à cette
situation : les biens d'église ont dû être rendus aux instances ecclésiastiques. (Pour plus de détails, voir XIV siècle
d'Histoire p 27).
(Alexander Epifcopus fervus fervorum Dei dilectice filiis Clémenti Priori Ecclesie de Geneftoensia & fratibus quam futuris canonice substituend is in PP.M. Piae postulatio voluntatis affectu debet profequentecompleri, .....- Ecclesiam sancti Joannis de Boisel cum pertinentiis suis ex. dono Maur icii Hervei &Willelmi Normandeli (traduction complète voir annexe II) |
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La paroisse St Jean de Bouguenais est creee au VI ème siècle par St Martin de Vertou (10). L'évêque de
Nantes, Félix (548 à 582) choisit son archidiacre Martin pour ré-évangéliser le Sud Loire, retourné au paganisme après
le passage de St Hilaire deux siècles plus tôt.
St Martin adopta la règle bénédictine et créa l'abbaye de Vertou, qui très rapidement a compté 300 moines ; ce qui a donné
des possibilités importantes d'évangélisation et permis de fonder des paroisses en Pays de Retz, en Vendée et même en
Anjou.
St Martin avait fait le choix d'honorer, en priorité St Pierre et St Jean. C'est pourquoi, considéré nous trouvons associés les noms
des paroisses de St Pierre de Bouguenais et St Jean de Bouguenais (11).
(10) Plusieurs paroises du Pays de Retz sony sous la vocable se St Martin de Tours, le grand St Martin du IVème siécle comme l'apôtre des Gaules. Mais c'est par une adroite, faite au XI et XIIème siècles, par les moines de Marmoutier, qui ont la remplacé le nom de St Martin de Vertou par celui de leur gondateur. En fai Martin de Tours n'a jamais évangéliser à l'ouest de Ligugé (après de Poitiers). (11) Emile Boutin " Histoire religieuse du Pays de Retz " |
Né vers 640, St Hermeland crée un monastère à Aindre (Indre) vers l'an 680 et redonne vie à l'oratoire d'Indret érigé par St Martin de Vertou. Très rapidement, le monastère devient abbaye sous la protection de Childebert III (695-711) qui lui accorde une charte d'immunité. Cette faveur lui permet d'acquérir des biens nombreux et c'est ainsi que la paroisse de St Jean de Boisel, qui dépendait de Vertou, passe dans les propriétés de l'abbaye d'Indre.
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L'abbaye d'Indre eut une vie bien courte : le monastère fut incendé par les Normands le 24 Juin 843 après
l'attaque de Nantes et les massacres dans le cathédrale où officiait l'évêque Godard.
Après Indre, la paroisse passe sous l'autorité des princes Bégon et la paroisse devient St Jean de Bégoneis (12). L'église
est alors acquise par des notables : Maurice Hervé et Guillaume de Normandel, une famille normande qui s'est
sédentarisée après les invasions nordiques.
(12) Histoire religieuse du Payx de Retz - E Boutin page 244 |
St HERMELAND, originaire du noyon. |
Après le retour des édif ices religieux au sein de l'Eglise, l'abbaye de Geneston a eu la charge de St
Jean de Boisel, sans interruption jusqu'à la Révolution. Comme le mentionne la bulle du pape en 1163, l'abbaye disposait
de l'église et de ses dépendances (Voir chap. 5).
Est-ce cette construction, citée au XI ème qui est parvenue à la fin du Moyen Age et qui a été partiellement démolie pour
réaliser le chœur de l'église actuelle? La datation des sablières évoquées au chap.3 permettrait de lever ce doute.
Comme une partie de la tour du clocher et l'escalier sont vraisemblablement de cette époque, il est possible que l'on ait
construit un ensemble, église plus clocher simultanément.
En effet, au XIIème siècle, les conditions pour entreprendre l'édification de monuments importants sont réunies. Nous
sommes dans une période de calme relatif et de prospérité pour la France et pour le duché de Bretagne. La population
augmente et l'Eglise institution dispose de revenus importants.
La richesse de l'Eglise lui permettait d'envisager de tels investissements.
Un clocher sur une tour quadrangulaire
Au XIIème siècle, les clochers se multiplient : non pas que les cloches de dimension peu importante encore rendissent bien nécessaire la construction de tels édif ices mais ce sont des raisons déf ensives qui firent élever de nombreuses tours.
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Le clocher actuel, comporte un toit à quatre pentes, surmonté girouette-coq.
Ce clocher comprenait un étage de pierre supplémentaire comme en témoigne le prolongement de l'escalier qui se perd
dans la maçonnerie au-delà du niveau du plancher d'accès au mécanisme de l'horloge (13).
Cette observation est confirmée par la représentation de l'église au XVI ème siècle où l'on aperçoit très
distinctement le rtiveau supplémentaire (Voir chap. 13).
Au-dessus de ce mécanisme d'horloge, est positionné le beffroi.
L'installation des cloches dans un clocher se fait par intermédiaire d'une charpente en bois appelée beffroi, destiné
à limiter les efforts exercés par le mouvement des cloches sur la construction en maçonnerie.
Les baies du clocher donnant sur la chambre des cloches sont munies d'abatsons, lames obliques destinées à renvoyer
le son des cloches vers le sol.
En conclusion
Nous ne possédons pas d'élément pour dater précisément la construction du clocher. De même que pour
l'église de cette époque, nous ne pouvons pas dire que la bâtisse du XI ème a subsisté jusqu'au XVème et au-delà pour
la partie orientale.
(13) Le mécanisme de l'horloge n'est plus utilisé depuis l'électrification de la pendule.
Auparavant, la mise à l'heure était manuelle. ll fallait monter chaque semaine au clocher pour rectifier l'heure
indiquée. Après la guerre, l'entretien a été confiée à un très bon horloger amateur : François Gabarit demeurant au
lieu-dit "le Prinzé". Et Jean Truin (dit Nano) était le préposé pour remettre la pendule à l'heure. L'horloge
fonctionnait comme une comtoise. ll fallait relever le poids de 200 Kg avec un treuil. Le remontage du poids a ensuite
été motorisé mais en cas de panne de courant, il fallait intervenir manuellement (Dixit, Jojo Herfray). |
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Quelles que soient les éventuelles transformations que le bâtiment aurait subies entre le XIIème et le
XVème siècle, l'église qui nous est parvenue en cette fin du Moyen Âge, a une emprise au sol que l'on peut représenter
ainsi :
Sa largeur est connue, c'est celle du chœur actuel : 9,30 m extérieur,
Sa position par rapport au clocher est coutumière : elle se situe à l'est de la tour.
Cette représentation se trouve conf irmée par le dessin de l'église du XVI ème que l'on découvrira au chap. 13.
(La chapelle Ste Anne attenante n'est pas dessinée sur ce plan.)
C'est alors qu'en cette fin du XVème, une décision fondamentale est prise.
Il s'agit :
- de démolir la moitié de l'église, celle qui est contre le clocher (partie hachurée sur le dessin
- et de reconstruire sur le même emplacement, un ensemble clos dans la perspective d'un futur lieu de culte appelé à se
déployer vers l'ouest.
Cette décision prise par le clergé et les financeurs, suscite quelques questions.
- Pourquoi reconstruire seulement la moitié de l'église ?
- La décision de s'étendre vers l'ouest conduit à condamner la partie Est.
Serait-elle "impropre" à toute reconstruction ?
Au chap. suivant, nous allons éclaircir ces différents points.
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