Histoire de Saint Jean de Boiseau

La météo entre 1890 et 1910 en Basse-Loire

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Toues en pêches au carrelet renversé à Pirmil


Le 13 du même mois, une nouvelle tempête, proche du cyclone, cause de nouveaux dégâts sur les toits à sur les toits. Le bac de Paimboeuf trouve refuge dans l'estacade du Carnet. Une pluie diluvienne succède à la tempête. Il y aura encore de nouvelles tempêtes en juillet et octobre.
Le 12 décembre le froid rigoureux revient accompagné de neige. Trois jours plus tard, les glaces arrivent de nouveau en Loire, il fait moins cinq degrés. Le drapeau d'alerte des glaces est hissé. Il faudra attendre le 28 janvier suivant pour voir arriver la « débâcle » et la reprise du service des bacs.

1900 - 1910

La période de 1900 à 1910 est plus marquée par les graves inondations que par les hivers rigoureux de la décennie précédente. La Loire déborde et inonde chaque année les prairies et les îles. Lors des grandes crues de 1904 et 191O, exceptionnelles heureusement, le fleuve montra sa colère et reprit son ancien lit duquel l'homme l'avait chassé. Elles ont lieu à l'automne, après de fortes pluies pendant plusieurs semaines ou plus généralement en février, lorsque la fonte des neiges se conjugue avec les pluies abondantes et les grosses marées .

Le village de Boiseau sous les eaux en 1904


Le village de Boiseau se trouvait alors cerné par les flots et les habitants des maisons inondées devaient se replier à l'étage avec les meubles principaux.
L'eau recouvrait les quais du Pellerin et pénétrait dans les habitations et les commerces.

Les quais du Pellerin sous les février 1904


Indret redevenait une île et toute communication avec la rive n'était possible qu'en bateau. Des passerelles de * fortune étaient installées pour accéder aux appontements depuis le bord du quai.

Les voyageurs reviennent de faire leurs emplettes à Nantes. L'abeille Basse­Indre les a débarqués au ponton flottant. En 1904 ils sont obligés d'emprunter les passerelles de fortune pour toucher la terre ferme d'Indret.
Les rues d'Indret envahies par l'eau devenaient des canaux et nos bateliers des gondoliers. La cité ouvrière ressemblait alors à Venise et les environs de l'église Sainte Anne à la place Saint-Marc

La digue d'Indret était inondée et les badauds se rassemblaient sur le pont à passerelle pour assister à ce spectacle impressionnant de la nature ou l'eau s 'engouffrait bruyamment sous les arches du pont.

L'usine continuait néanmoins à fonctionner et les ouvriers de Basse-Indre, Boiseau et La Montagne se rendaient au travail dans les grandes toues des herbagers.

Souvenirs de P. Fréor
A l'époque de ma jeunesse, il y a environ une soixantaine d 'années, chaque hiver, de décembre au mois de mars avril la Loire était souvent en crue, c'est à dire quelle s'étendait de nos coteaux à ceux d'Indret et de Basse-Indre qui redevenaient des îles reliées seulement par leurs digues. La durée de la crue de la Loire et le niveau qu'elle atteignait dépendaient de la saison plus ou moins pluvieuse. Même la digue d'Indret, le seul accès a l'époque, était recouverte pendant plusieurs semaines et un service de navigation était établi par l'établissement pour le passage des ouvriers du bas des coteaux, de la Montagne à la chapelle d'Indret.

La cité d'ouvriers d'Indret sous les eaux en fébrier 1904. Les femmes aux portes de leur habitation attendent les barques qui viennent les ravitailler.


L'année 1900, débutée dans le froid, s'accompagne d'un cyclone le 14 février. Son intensité persiste pendant près de deux heures. Les toitures et les cheminées ont beaucoup soufferts. Pas une maison n'est indemne. L'une des grandes cheminées de l'usine à plomb de Couëron s'est écroulée.

On dénombrera aussi une victime par naufrage en Loire. Rien que pour la commune d'Indre, les dégâts sont estimés à 3 000 francs.

31 janvier 1904 nouvelle tempête. Et graves inondations Nantes est sous les eaux ce qui lui vaut le surnom de Venise de l'Ouest. Les voyageurs sont transportés en bateau et des passerelles de fortunes sont installées dans les rues commerçantes, au-dessus des trottoirs.

La rue de Lorient et les passerelles aménagées pour circuler dans la cité.


La rue de Lorient et les passerelles aménagées pour circuler dans la cité.


L'embarcadère du Pellerin est inaccessible sans l'aide de charrettes. L'activité fluviale est paralysée.

le 29 décembre1909, les grandes crues envahissent la vallée et les ouvriers se rendent au travail avec les toues des pêcheurs et herbagers.

Les ouvriers arrivent à Indret depuis la vallée de Boiseau en 1904.


13 novembre 1910, les crues de la Loire provoquent une importante rupture dans la digue de la Divatte entre Thouaré et La Chebuette. L'eau recouvre toutes les cultures maraîchères et le petit train d'Anjou ( Nantes-Beaupréau) est immobilisé.

Indret sous les eaux le 1 décembre 1910


A Couëron une catastrophe est évitée par miracle. L'eau recouvre les quais, comme au Pellerin, d'environ cinquante à soixante centimètres. Les pêcheurs assurent le transport des lavandières aux deux bateaux lavoirs amarrés au bord de la « petite rivière » protégé par l'île de la Liberté ( ex île Saint Jean avant la révolution). La crue recouvre presque toute l'île protectrice, lorsque le 30 novembre, deux contre­torpilleurs, l'Oriflamme et le Tromblon remontant sur Nantes pour venir saluer le trois-mâts école de la marine d'Argentine, le Président Samiento, ont failli faire couler les deux bateaux à laver. Le capitaine de douane de Couëron située près de ces deux lavoirs, à fait des signaux de détresses pour que les navires de guerre ralentissent leur allure. La lame qu'ils ont engendrée, malgré tout, dans leur sillage, a passé par-dessus l'île et s'est projetée sur les bateaux lavoirs. Un important mouvement de roulis a semé la terreur parmi les quarante lavandières, sans faire de victimes.

Quai d'Indret et arrivée des voyageurs


On dénombra 7351 personnes au chômage pendant plusieurs mois.
On rendit responsable de ce mauvais climat le passage dans le ciel de la comète de Halley qui n'est visible que tous les 76 ans. A cette époque les croyances étaient beaucoup liées aux signes mystérieux des observations dans le ciel et les comètes souvent objet de frayeur.

Aujourd'hui, le chenal de la Loire a été creusé et pratiquement canalisé, les crues sont moins lourdes de conséquences pour le transport mais tout remède a ses revers et ce sont les pêcheurs qui cette fois sont les victimes de ses modification.
La salinité de l'eau s'arrêtait à l'embouchure de l'estuaire aux environs de Corsept, maintenant on enregistre la salinité pratiquement jusqu'à Mauves sur Loire. L'augmentation de la température a rendu les hivers moins rigoureux et il est rare de voir la Loire prise dans les glaces. La dernière fois que nous avons pu voir ce paysage sur notre commune remonte à 1996. Par contre nos saisons ne sont pas aussi marquée qu'autrefois.
Ainsi vont les choses, mais participons chacun à notre niveau, à la sauvegarde de notre environnement si fragile, en particulier l'air et l'eau, pour laisser à nos successeurs une planète où ils pourront vivre.

Et d'accord ce qu'on admire à cause de la cause du glas