Histoire de Saint Jean de Boiseau

Un mystère s'éclaircit : le MS 502



Il y a plus d'une dizaine d'années, en faisant un inventaire des photos réalisées par Pierre Fréor père, je suis tombé sur celle d'un avion posé dans une prairie. Au dos il était indiqué que le cliché avait été réalisé en bas du village de Boiseau. Je pensais naïvement que les habitants des environs pourraient me renseigner sur les circonstances de cet « évènement » pour le moins surprenant dans un tel endroit. Le résultat s'avéra totalement négatif, aussi bien dans la presse régionale qu'auprès des personnes susceptibles d'avoir des informations sur cette curieuse affaire.

S'agissait-il d'un accident ? d'une panne ? d'un avion abattu par les A llemands pendant la guerre ?

Aucune réponse à mes questions ne vint identif ier cet évènement local.
Les choses en restèrent là pendant quelques années ....jusqu'à ce qu'un collègue d'Airbus, Jean-Pierre Davenel, spécialiste de l'aviation militaire ancienne, ne vient m'apporter une partie des solutions à ce problème.

Sans difficulté, il identif ie l'avion comme étant un Fieseler Fi 156. Un avion militaire de reconnaissance allemand de la seconde guerre mondiale, fabriqué parla firme Fieseler et conçu en 1935. Il est l'équivalent du Piper américain. Il excelle dans les missions d'observation, de transport de personnalités ou de matériel d'ambulance volante. Il est surnommé Storch (cigogne en allemand) à cause de son train d'atterrissage haut sur pattes.
De 1935 à 1945, la Luftwaffe a utilisé environ 2 900 Fieseler Fi 156.

Caractéristiques techniques

C'est un avion à décollage et atterrissage court A DAC (STOL en anglais), ce qui permet de le faire décoller et de le poser presque n'importe où. En effet, il n'a besoin que de 50 mètres pour décoller et moins de 25 mètres pour atterrir, cela grâce à des becs de bord d' attaque et de volets à fentes.

Ces capacités particulières étaient, en plus de son décollage et atterrissage court, une vitesse de décrochage basse (moins de 50 km/h) et sa manœuvrabilité.

Sa large surface vitrée lui permettait de servir, à d'excellents observateurs, de détecter les troupes ou défenses de l'ennemi.

Un grand nombre de Fi 156 a été produit durant l'occupation dès 1942 en France par Morane-Saulnier qui a développé après la guerre une version spécifique, notamment pour la Marine nationale, le MS.502 Criquet à moteur en étoile Salmson de 240 chevaux, puis le MS.505 Criquet à moteur en étoile Jacobs de 305 ch.

Les Criquet furent utilisés au sein des G.A.O.A. (groupe d'aviation d'observation d'artillerie) où ils donnèrent leur pleine mesure en appui aux forces terrestres. Sa portance à l'air et sa maniabilité en fit l'appareil tout désigné pour la nouvelle Aviation Légère Française. C'est évidement en ndochine que l'appareil démontra ses qualités au combat dans les mains des pilotes français. La reconnaissance aérienne indispensable aux opérations engagées dans une jungle et un terrain ingrat mais aussi comme avion ambulance précieux permis de sauver la vie de nombreux paras.

Maintenant je connais tout sur l'avion et je sais que même dans les marais de Boiseau il peut se poser.
En examinant le cliché de plus près en le grossissant on découvre qu'il porte l'inscription GOA D et que cette escadrille est basée à Rennes depuis 1954. C'est à ce moment que se crée l'ALA T (l'Aviation Légère de l'Armée de Terre).

1954 est probablement l'époque de cette photo car elle ne peut-être que postérieure à la deuxième guerre mondiale en raison de la cocarde tricolore et la croix de Lorraine que l'on distingue sur la queue et le fuselage de l'avion. La France ne possédait presque plus d'escadrilles pendant l'occupation du sol français et l'autonomie de l'appareil étant limité, il ne pouvait parcourir de très longue distance.

L'avion s'est posé dans un pré, il ne lui faut que 20 ou 30 mètres pour s'arrêter et il n'y a aucun dégât visible.

On voit sur le cliché, le pilote avec sa casquette et ses galons près de son engin. Il est très décontracté près de sa machine. Il est venu voir ses parents dans le Pays de Retz ? Probablement pas.

Un problème technique, une panne d'essence ou moteur semble plus crédible.

En tout cas ce n'est pas grave car on s'apprête à déplacer l'avion pour qu'il puisse redécoller.

Mais pour repartir il choisit un autre lieu plus favorable et pour s'y rendre il faut traverser un étier. Le pont qui l'enjambe n'est pas assez large ...

Le train d'atterrissage de l'avion a une voie de plus de 3 mètres !

Alors, on ajoute des planches pour élargir le pont ! Deux hommes soulèvent la queue de l'avion (de ce côté, autant de l'autre ?) pendant que d'autres à l'arrière ajustent les planches.



Il y a plus de 20 personnes autour de l'avion dont deux qui posent à côté du cockpit.

Leur costume laisse à penser qu'il s'agit des passagers.

Personne n'est inquiet car ils posent pour Pierre Fréor avec le sourire.



Les trois hommes à droite portent tous la même casquette cela semble être des membres de l'équipage.

Autre observation : il y a de l'eau dans l'étier, les arbres n'ont plus ou pas encore de feuilles ...

L'inspecteur dirait printemps 54 ou 55.

Depuis, nous avons recueilli, des renseignements complémentaires de trois personnes ayant vu et approché cet avion sur l'île Pivin. Mais ne savons toujours pas la cause, si l'avion est reparti ou s'il a été démonté pour être transporté ? Nous attendons vos réactions.