Ecole entre 1880 et 1877 |
Au terme de la révolution de 1799, le gouvernement décide que chaque commune met en place un
instituteur public à ses frais.
Toute personne désirant occuper cette fonction doit en faire la demande auprès du maire. Celui-ci forme un
conseil avec le curé et trois notables de la commune. Au cours d'une réunion, ils doivent statuer sur
le salaire et les modalités d'hébergement du candidat, ainsi que la somme demandée aux élèves.
Jusqu'en 1832, sur la commune de Saint-Jean-de-Boiseau, on remarque qu'il y a des écoles primaires publiques,
mais que la municipalité n'a pas pris de décision pour en installer une à ses frais. Les instituteurs ont un
logement à leur charge et pour vivre ils font payer tous les élèves. Le prix peut varier de 1,25 F à 2,50 F.
On trouve de petites écoles de quelques élèves, au bourg, à la Télindière, à Boiseau, à La Briandière, à La
Montagne et au Fresne.
La loi Pelet du 23 juillet 1836 précise que toutes les communes doivent avoir une école de filles.
A cette époque, un rapport de l'inspecteur primaire démontre qu'il existe sur notre commune des écoles
clandestines. Ces écoles ont des enseignants qui n'ont pas le brevet obligatoire.
Les archives de Loire-Atlantique nous apprennent la liste des enseignants sur la commune de Saint-Jean-de-
Boiseau après 1822 :
- M. Trochu, 57 ans, laïc, brevet primaire, 28 enfants en hiver et 21 l'été.
- M. Leglay Louis-René, 65 ans, 20 élèves l'hiver. La plupart ne paie pas.
- Mme Renaud, née Hérau, assure chez elle une école mixte et laïque. Réprimandée en 1836 par l'inspecteur
des écoles, elle doit abandonner son enseignement aux garçons. On constate dans les rapports de l'inspection
qu'elle est bien notée. Elle fait école à 40 enfants l'hiver et 30 l'été. Pour chaque enfant, elle touche
1,75 F par les familles.
- M. Hardouin, 65 ans, exerce à Boiseau. Les rapports de l'inspecteur signalent un instituteur primaire, qui
a un goût prononcé pour l'alcool. Contrôlé plusieurs fois, il a le même rapport tous les ans, jusqu'à son
décès. Sa femme veut prendre la suite, mais contrôlée dans l'année 1845, elle se voit poursuivie par la
justice pour n'avoir aucun brevet et pas de certificat de notoriété
- Mlle Caroline Nolin, née au Pellerin, tailleuse, enseigne à Boiseau. 10 garçons et 14 filles.
- Mme Borion Joséphine, née Noël, accueille de nombreux enfants en bas âge au Fresne.
- M. Neau François, ouvrier de l'arsenal, enseigne après son travail à La Briandière.
- Mme Joyau, née Point, fait classe à la Télindière. Cette école est fermée très rapidement car l'inspecteur
signale une personne inapte à l'éducation et une insalubrité du local utilisé.
- M. Villepoix, qui fait gratuitement l'école aux enfants des employés d'Indret, est dénoncé par un
instituteur breveté. Par courrier daté du 2 mars 1839, le préfet de Nantes, demande son remplacement.
« la liberté de l'enseignement primaire : tout individu âgé de 18 ans
peut exercer librement
la profession d'instituteur primaire, à la condition d'avoir un brevet de capacité, délivré par
l'administration de l'enseignement primaire à l'issue d'un examen, et de présenter un certificat de moralité.
Un local sera fourni à tout instituteur communal.
Un local convenablement disposé, tant pour lui servir d'habitation, que pour recevoir les élèves
Un traitement fixe, qui ne pourra être moins de 200 F pour une école primaire élémentaire ».
(Document fait à Paris, le 28e jour du mois de juin 1833. Signé Louis-Philippe. Vu et scellé par le Garde des
Sceaux de France, Ministre secrétaire d'état au département de la justice Signé : Barthe)
Les conseillers municipaux de Saint-Jean-de-Boiseau abordent la question de l'instruction primaire pour la
première fois au cours de leur séance du 15 avril 1833 : ils placent en quatrième position la future école
primaire au nombre des dépenses restant encore à prévoir pour l'année en cours. Mais les débats pour cette
école durent jusqu'en 1836.
Suite à divers courriers de 1835, le maire Aristide Demangeat écrit une lettre au sous-préfet de Paimbœuf au
sujet de M. Manquest, instituteur, qui a fait une demande près du rectorat et de la mairie. Il demande des
précisions sur son salaire et son logement. Pour réponse, le maire indique qu'il n'y a pas à ce jour d'école
et de logement public dans la commune. Le conseil municipal est prêt à y remédier. Pour le moment, deux
solutions sont envisagées : l'achat de la maison de M. Poisbeau pour 3 000 F dans laquelle est installée la
mairie ou créer cette nouvelle école dans l'ancien presbytère.
Le premier instituteur laïc sera M. Manquest Jacques-Toussaint, ancien douanier à La Rochelle, et son
épouse, née Mouchi. Tous deux arrivent de Charente Maritime. Le 23 décembre 1835, ils s'installent
provisoirement dans une maison louée par la mairie. Il perçoit 60 F pour son loyer et chaque élève doit payer
1,50 F. On lui retire ses 60 F lorsqu'il rentre dans le local réaménagé par la mairie. M. Manquest enseigne
aux garçons et sa femme aux filles dans un autre local loué aussi par la mairie. L'achat de la maison de M.
Poisbeau ayant été refusé par la préfecture, on pense à l'ancien presbytère qui est libre.
Les délibérations sur l'achat du presbytère en vue de la création de l'école s'éternisent. En 1836, enfin
l'instituteur est installé en 1837 dans la nouvelle école de la commune. En septembre 1838, il est nommé à
l'école de Rouans où il reçoit un meilleur salaire. Son remplaçant, M. Victor Poudat arrive le 20 octobre. Il
décède en 1839 et est remplacé par M. Guilbaud Constant-Alexis, le 17 janvier 1840. Le 20 septembre 1840, il
est nommé à l'école du Pellerin où l'attendent un meilleur salaire et un logement convenable. M. Victor
Bonnaud le remplace le 1er octobre 1840.
Le retour de M. Demangeat comme maire de Saint-Jean-de-Boiseau fait activer les pourparlers et les décisions
auprès des autorités. Il souhaite que l'on avance dans le dossier du remplacement de l'ancienne école trop
vétuste et qui tombe en ruine. Le nouveau projet d'une construction mairie-école prend forme. Les plans de
réfection du bâtiment sont visibles aux archives de Loire Atlantique.
Mais diverses plaintes ont été enregistrées au rectorat. Celui-ci demande au tribunal de Paimbœuf de faire un
procès exemplaire pour arrêter les activités de toutes ces petites écoles primaires qui ne respectent pas la
loi.
La loi du 28 juin 1833, prévoyant les délits 4 et 6, sanctionne les contrevenants pour lesquels le maire M.
Averty a reçu des plaintes.
Les instituteurs, ayant passé un brevet, se plaignent contre toutes ces petites écoles clandestines. Ils
estiment qu'elles font tort à leur salaire car plus d'enfants pourraient fréquenter leurs classes si elles
n'existaient pas.
L'ancien maire Aristide Demangeat n'avait rien fait sachant qu'il était fautif par rapport à loi Guizot. De
plus, trop loin du bourg, une école s'imposait au lieu-dit La Montagne où la population grandissait rapidement.
Le maire M. Averty, poussé par divers instituteurs brevetés, signale à l'administration la présence d'écoles
clandestines. Il se justifie lors de son audition au tribunal de Paimbœuf. Il avoue en connaître une pour la
pauvreté de la personne qui y enseigne, et déclare ignorer l'existence des autres. Mais la loi va rentrer en
action.
En cette année 1846, on note cinq grands procès au tribunal de Paimbœuf pour notre commune.
Le préfet écrit le 1er juillet 1846 au procureur du roi et remet cinq rapports sur des écoles primaires
irrégulières dans la commune de Saint-Jean-de-Boiseau. Julien-Pierre Bertreux, huissier au tribunal de
Paimbœuf, habitant Le Pellerin, va distribuer les citations aux prévenus.
Ils sont convoqués le jeudi 16 juillet au tribunal de Paimbœuf.
Mme Guillou, veuve de M. Hardouin, qui fait école à Boiseau, le fait pour survivre. Elle n'a ni brevet, ni
aptitude à enseigner. Elle sera condamnée à 30 F d'amende plus les frais du tribunal.
M. Neau, 28 ans, employé à l'arsenal d'Indret, depuis 4 ans, né à Saint-Colombinsur-Loire, marié avec un
enfant, sait lire et écrire. Il avoue qu'il donne des leçons d'arithmétique, de grammaire, enseigne le
catéchisme, la lecture et ne reçoit aucune rétribution. En 1844, un inspecteur lui dit de continuer mais de se
présenter à l'examen du 29 avril prochain. Il est condamné à 30 F. A nouveau contrôlé par Mme Guérin, il n'a
toujours pas été reçu à son brevet, malgré quatre essais. L'inspectrice demande la fermeture de l'école.
L'inspecteur principal défère M. Neau au tribunal. Un courrier du directeur de l'arsenal d'Indret, daté du 25
août 1846, demande au préfet de retirer l'amende de 50 F.
Alexandrine Huppin, femme Bratereau, exerce au Fresne sans brevet et sans accord du maire.
Mlle Caroline Nolin, tient une école mixte dans une maison du village de Boiseau.
Mme Borion, née Joséphine Noël, qui fait école chez elle depuis de nombreuses années est contrôlée par
l'inspecteur primaire en 1845. Convoquée au tribunal en 1846, en même temps que les autres, elle est condamnée
à 30 F. Le maire dépêche des gens ainsi que l'inspecteur d'académie pour fermer son école. Elle les chasse et
les injurie.
L'année suivante, le 10 février 1847, de nouveau contrôlée, Mme Borion avec 5 filles et un garçon, le jour
du contrôle, se retrouve de nouveau devant la justice. L'inspecteur principal Mallard écrit au juge de
Paimbœuf pour la fermeture de cette école qui a déjà eu des démêlées avec la justice pour les mêmes faits.
Elle est condamnée à 50 F plus les frais de justice et à la fermeture définitive de son école malgré les
protestations des mères de famille du Fresne qui se plaignent de l'éloignement des écoles proposées pour leurs
très jeunes enfants.Il n'y a que sur l'île Indret qu'existe un asile pour les très jeunes enfants.
Après 1850, l'école à La Montagne est plus surveillée et des contrôles ont lieu tous les ans. On note
l'existence d'une école libre, avant 1860, au bout de la rue de l'Eglise et de la future rue Violin, tenue par
Mme Ferelloc, née Guilbaud. Son époux, instituteur, qui a été nommé à Vritz, ne cesse d'envoyer de nombreux
courriers à l'inspecteur principal de l'académie et au préfet pour obtenir de revenir à La Montagne. Dans
l'un d'eux, il dit qu'il souffre de la séparation de sa femme et de ses huit enfants et voudrait être auprès
eux pour les éduquer. Il revient finalement faire école aux garçons dans un bâtiment au fond de son jardin
près des coteaux d'Indret tandis que sa femme fait école dans le rez-dechaussée de leur maison. Ils quittent
la commune en 1869 pour enseigner à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu où la famille va s'agrandir de deux enfants.
Un courrier du préfet de Paimbœuf signale au maire de Saint-Jean-de-Boiseau qu'un dénommé Boudais a fait une
demande de création d'une école libre sur La Montagne et qu'il n'aura le droit d'exercer qu'un mois après
avoir reçu son autorisation préfectorale ainsi que le document du procureur impérial de l'arrondissement.
Mlle Clavier exerce dans la maison de sa propriété, rue Nommi, futur boulevard National.
Mlle Augueneau, fait école à l'angle des rues Pétard et Violin, école de filles.
Une école de garçons se trouve au coin de la rue de la Paix et Aristide-Briand, cette maison est louée à M.
Brossaud. Elle est tenue par M. Pestre de 1873 à 1881, qui prend la direction de la nouvelle école des garçons
jusqu'en 1895. Il participe à l'exposition scolaire de 1866 à Nantes et reçoit des éloges car son école est
une des plus prospères de la région. Son successeur est Charles Averty qui enseigne jusqu'en 1920. Son petit-
fils est Jean-Christophe Averty, très célèbre metteur en scène du cinéma français.
Répartition des enseignants « irréguliers » dans le département de Loire Atlantique pour l'année 1843-
1844 :
11 instituteurs soit 5% et 88 institutrices soit 26% sur un ensemble de 565 instituteurs et
institutrices recensés pour notre département.
56% sont des écoles mixtes. 44% représentent des écoles accueillant uniquement des garçons ou des filles.
Toutes les notes et documents sont consultables aux archives départementale de Loire-Atlantique (série T, U et
Z).