Histoire de Saint Jean de Boiseau

L'école à St Jean de Boiseau



Un certain nombre de textes présentés ici sont extraits de
« Vie de l'école de Saint-Jean de Boiseau »
(de 1715 à nos jours)
Edité en 1983 par l'Amicale Laïque de la commune


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Son origine :

En 1698, Louis XIV, pressé par son entourage prit une mesure pour combattre l'avancée du protestantisme dans le pays. On lisait ainsi dans ce document :
« Pour prévenir le retour de l'hérésie, il faut que l'on ouvre des écoles chrétiennes dans tous les bourgs qui en sont privés »

Parmi les moyens mis en oeuvre pour réaliser ces ouvertures, il autorisera les paroisses à s'imposer extraordinairement pour payer maîtres et maîtresses. Il fixera pour les premiers un salaire de 150 livres par an et pour les secondes une somme de ... 100 livres.

Le haut clergé de l'époque saisit la balle au bond et fit en sorte que de nombreuses écoles puissent s'ouvrir partout où cela était possible. Il rechercha ainsi dans les paroisses des personnages qui étaient en mesure d'effectuer des dons pour accélérer le processus.

Dans son château de la Hibaudière (situé à l'emplacement de l'actuel château d'Aux) Jeanne Bretagne, veuve de Jacques de Peillac, écuyer et conseiller au Présidial de Nantes arrivait sur la fin de ses jours.

Très pieuse et ayant déjà effectué des dons à la paroisse telle cette grosse cloche dont elle fût la marraine en 1699, elle subit l'influence des prélats locaux qui surent la convaincre.

Ainsi devait naître à St Jean la première école dont nous avons retrouvé la trace. Nous sommes alors en 1715.

Son fonctionnement à l'origine :

Jeanne a donc « fondé à perpétuité une place de maîtresses de petites écoles charitables » qui sera tenue dans le bourg. Cette place doit être tenue par une femme. C'est une clause rédhibitoire car il est prévu dans ce document que « s'il ne se trouvait des maîtresses capables ou qui ne voulussent tenir ou exercer »cette fonction, l'ensemble de cette donation devait revenir au clergé local qui aurait à sa charge d'apporter une aide aux pauvres de la paroisse. Cette clause permettra en 1792 au clergé de devenir propriétaire des biens légués car il n'y avait plus de volontaires pour ce poste.Mais nous n'en sommes pas là. Cette première école était réservée aux filles de la paroisse, quelques pensionnaires de l'extérieur pouvaient toutefois en bénéficier. Marie Rivallan qui fut la première enseignante assurait les cours tous les jours (2 heures le matin et 2 autres l'après-midi) sauf les dimanches et jours de fête. Elle disposait également d'un jour par semaine qu'elle avait la faculté de réserver à son gré. Elle enseignait la lecture (latin et français), l'écriture, l'arithmétique et le catéchisme. Elle avait également l'obligation de « faire le chapelet publiquement toutes les fêtes et dimanches après vêpres dans l'église autant que le sieur prieur l'aura agréable ».

Elle restait soumise au pouvoir du clergé local qui avait la faculté de la révoquer sans aucune formalité de justice s'il estimait qu'elle n'accomplissait pas correctement sa mission. Elle avait toutefois la possibilité de se pourvoir devant son évêque ou ses représentants.

Ainsi, 45 ans seulement après cette création, Jeanne Marie Dondrun qui assumait cette fonction eut des démêlés avec le clergé local qui formulait - ainsi qu'un certain nombre d'habitants de St Jean - un certain nombre de reproches qui valurent à cette enseignante de quitter le poste qu'elle occupait. Ce n'est qu'en octobre 1761 que celle-ci accepta de partir et l'école resta alors un certain temps sans fonctionner, personne n'ayant été trouvé pour prendre la relève.

Les bâtiments au XIX° siècle :

Une commission en 1874 sera chargée d'inspecter les locaux scolaires. Elle nous en a laissé un témoignage dont nous tirons les enseignements suivants :

L'école de garçons est un bâtiment communal qui comprend des classes de 65 m² mais qui regroupe jusqu'à 85 élèves. Ces locaux sont très hauts sous plafond (3,80 m) et sont éclairés par de grandes fenêtres. Celles-ci donnent sur une cour de 135 m² disposant d'un préau, cette cour est consciencieusement entourée de murs suffisamment élevés pour que l'on ne puisse rien voir au-delà. Ces murs sont dans un état de délabrement très prononcé puisque 5 ans plus tard, ils devront être démolis pour être reconstruits. L'impression générale n'est pas très agréable, n'y trouve-t-on pas en effet des « lieux d'aisance très mal placés et dont la surveillance est difficile pour l'instituteur ».

L'école de filles laisse une impression moins rebutante. Elle n'est pas propriété communale puisque les locaux sont loués à un particulier. Faut-il y voir là la raison pour laquelle les plafonds sont moins élevés ? (« seulement » 2,80m). La classe de dimensions similaires (61 m²) ne regroupera pas plus de 60 élèves. Une cour plus petite (41 m², y compris le préau) peut difficilement contenir les ébats des fillettes.

Dans ces deux écoles, le mobilier scolaire est jugé notoirement insuffisant. L'impression de vétusté doit être suffisamment importante car cette commission prend la peine d'estimer la dépense nécessaire pour édifier des classes supplémentaires à l'école de garçons et envisage la construction d'une école de filles.

C'est pourtant cette école de filles qui fut le déclencheur  des faits qui amenèrent la construction d'un nouveau groupe de 3 classes qui sera inauguré en 1883. Les finances de la commune sont telles que pour une dépense prévue 48 510 F, l'état s'est engagé à apporter une aide de ... 45 000 F. Le comble de l'ironie, ce fut lorsque les comptes définitifs furent arrêtés de s'apercevoir que cette dépense ne s'était élevée - y compris l'ensemble des frais de mobiliers et de matériels - qu'à la somme de 45 190,20 F. La commune qui avait donc engagé le reliquat de 3 000 F se retrouvait ainsi en possession d'une somme qu'elle dut réinvestir ... ailleurs.

Aujourd'hui, près de 120ans après, ce groupe est toujours en fonction et reste plus agréable et plus fonctionnel que celui édifié en 1977 qui devrait être remplacé à brève échéance.

Le legs Guillet

En ce milieu du XIX° siècle, alors que bien des hommes  songent de plus en plus à assurer un enseignement digne de ce nom dans notre pays et alors que les lois dites "Jules Ferry" ne sont pas encore votées, un homme à St Jean va marquer de manière indélébile la vie scolaire dans notre commune.

Sachant sa fin prochaine, il ne lui restait effectivement plus que 20 jours à vivre, il fit venir son notaire chez lui et pour donner plus de force aux décisions qu'il voulait prendre, il convoqua également comme témoins 2 membres du conseil municipal et 2 autres du conseil de fabrique.

Il fit rédiger son testament dans lequel on s'aperçoit qu'il lègue la quasi-totalité de ses biens à la commune de St Jean pour :

être employés pour l'instruction des enfants pauvres, garçons et filles de la commune de Saint Jean de Boiseau, en partie et le surplus pour venir en aide aux pauvres de cette commune

Il s'appelait

Jean-Baptiste Guillet

Ce legs dont le bénéfice durera plus d'un demi-siècle apporta un véritable ballon d'oxygène aux élus boiséens, il fut aussi, hélas, l'objet d'âpres disputes tant parmi les élus que parmi les héritiers de son épouse décédée avant lui.

L'ensemble des biens légués fut estimé à 22 500 F, encore doit-on noter que cette estimation fut fort vraisemblablement sous-évaluée compte-tenu des acquisitions que cet homme avait effectuées du cours de son vivant. Même pour cette somme lorsque l'on sait ce que coûtera 25 ans plus tard la construction du groupe scolaire, on peut facilement imaginer les ressources nouvelles dont put bénéficier la commune.

C'est en 1881 que les lois scolaires furent votées. Cette année-là, grâce au legs Guillet, 80 enfants furent admis gratuitement dans les écoles de notre commune, ce qui était vraiment exceptionnel pour une petite localité de 4000 habitants.

Les repas avant la cantine

La cantine, à St Jean, ne sera créée qu'en 1925 mais des témoignages antérieurs nous sont parvenus :

... Garçons et filles emportaient donc un repas froid avec eux, soit dans leur cartable, soit dans un panier. Ce repas était souvent réduit à sa plus simple expression : quelques tartines de pain (pas toujours beurrées suivant l'"aisance" de la famille), une sardine à l'huile ou une saucisse, parfois un peu de charcuterie, un oeuf dur, un fruit voire un morceau de chocolat formaient l'ordinaire. Ce type de menu revenait en toutes saisons. Lorsqu'en hiver, le froid était trop important, il arrivait que le boucher offrit à l'enseignant quelques os. Ceux-ci étaient alors mis à tremper dans un récipient sur le vieux poêle qui chauffait péniblement la salle. C'était l'occasion d'avoir une soupe chaude qui permettait de réchauffer un tant soit peu nos jeunes élèves qui déjeunaient alors sous la préau en plein air. Encore ces derniers avaient-ils la "chance"de manger assis puisque les bancs du préau n'avaient été mis en place qu'en 1889.

Quelques souvenirs :

... Dans ces classes qui comportaient souvent plusieurs divisions, le maître revêtu de sa blouse grise écrivait chaque matin au tableau la date, ainsi qu'une phrase de morale ou d'instruction civique qu'il nous demandait d'apprendre par coeur. Dans ces bâtiments régnait alors une odeur de craie et d'encre violette. Ce liquide qui nous servait à écrire était fabriqué dans un litre d'eau que l'on mélangeait à de la poudre. Une distribution parcimonieuse était faite dans nos encriers de porcelaine blanche. Le matériel scolaire de l'écolier consistait en un porte-plume en bois, un crayon, une gomme, le tout trouvant refuge dans un plumier à coulisses en bois ou en papier goudronné sur lequel était collée une image. Dans la case du pupitre nous trouvions également une ardoise, un cahier, un buvard rose, un ou deux livres et les jeux pour la récréation : la toupie ou les osselets.

Notre cartable allait du sac de toile pour les plus pauvres à la sacoche de cuir pour les autres. L'habillement par contre variait peu quelle que soit la saison, brodequins en cuir avec lacets, grosses chaussettes de laine montant jusqu'aux genoux, culotte courte pour les garçons, jupe ou robe pour les filles et la blouse de toile noire ou grise complétait la tenue écolière ...

... Parmi les images qui nous restent de cette époque, il ne faut pas oublier la traditionnelle photo de classe. Section par section, le photographe nous réunissait dans la cour devant l'école. Bien rangés par ordre de taille, les plus petits tenant l'ardoise indiquant l'année en cours, le maître à droite de ses élèves, nous écoutions les dernières recommandations du spécialiste. Celui-ci placé derrière son appareil à soufflet, introduisait la plaque sensible, se cachait la tête sous le drap noir situé à l'opposé de l'objectif et d'un geste de la main il nous faisait signe de ne plus bouger. Sortant de sa cachette, il actionnait une petite poire qui commandait la boîte mystérieuse. Le cliché était fait. Les années ont passé mais nous avons toujours plaisir à revoir ces images de notre jeunesse qui gardent à travers elles une montagne de souvenirs ...