Les Commerçants de Boiseau au siècle dernier (suite) |
N° 21 Vente de lait par deux vieilles filles, les demoiselles Prin. Elles livrent dans une carriole à trois
roues tirée par un chien. La contenance de cette petite charrette était de trois bidons. Elles achetent le
lait à la ferme de la Rue, en bas du village.
N° 23 En 1906 c'est la veuve Denieul qui gère le débit de tabac dont le gérant est M. Trévignon.
En 1923 c'est M. Chauvet le gérant et il tient le café. En 1929 c'est toujours la veuve Denieul
mais le gérant est M. Bourmaud.
Café et bureau de tabac sont ensuite la propriété de Philomène Clavier, puis, Mme Pieds pour peu de
temps. En 1958 c'est Laurence Chatelier qui prend la gérance jusqu'en fin décembre 1979. On y vend plus de
chique que de cigarettes. La chique c'était le tabac à chiquer ... une sorte de carotte noire. C'est d'ailleurs
pour cela que les enseignes des bureaux de tabac sont représentées sous forme d'une grosse carotte rouge. Il y
avait beaucoup d'anciens marins dans la commune qui avaient conservé cette pratique et achetaient régulièrement
leur 30 grammes de chique. René Mocquard raconte que pour économiser ce tabac, quand ils mangeaient ou qu'ils
buvaient, ils crachaient leur chique et la remettaient dans le devant de leur casquette de marine. Et puis
ils recommençaient ainsi jusqu'à ce que le jus du tabac soit complètement épuisé. Dans ce commerce on y
vend aussi les timbres et même les timbres fiscaux et des journaux. Laurence fait aussi dépôt de pâtisserie en
fin de semaine C'est aussi le point de rendez-vous pour une demande de visite chez le docteur Séguineau, car
c'est le seul commerce à avoir le téléphone. Le café est ensuite tenu, à partir du 1er janvier 1980, par madame
Leroque qui n'a pas le droit de vendre le tabac. Elle fera faillite au bout de peu d'années.
N° 24, il y avait une couturière, Mme Bouyer, très appréciée. Elle a ensuite été recrutée par une grande
maison nantaise.
N° 25 des marchands de lait et beurre, Rose Gauthier et son mari. Ils livrent dans les villages. La
succession sera assurée par la mère Denaud.
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N° 31 le forgeron Joseph Mocquard. C'était le grand-père de René Mocquard qui avait monté cette forge dans les années 1870. Il nous raconte ses souvenirs : « Derrière la forge il y avait un pressoir à long fût. Mon grand-père était en même temps maréchal-ferrant et il ferrait sur la rue. Il n'y avait pas de fers préparés d'avance comme aujourd'hui. Il les fabriquait à la demande à la main pour les chevaux qu'on lui amenait. C'était le vélocipede du père Joseph Mocquard du sur-mesure. Il réparait aussi les machines agricoles pour des sommes dérisoires et ce qu'il y avait de plus extraordinaire c'était que, comme la plupart des artisans locaux, il n'était payé qu'une fois l'an après les vendanges. Il vivotait de son travail. En 1878, il s'était fabriqué une bicyclette, un vélocipède, avec des roues de charrette. Il trônait dans la forge. Avec son engin il allait à la foire de Machecoul et à la pêche aux coquillages à la Bernerie. Ce vélocipède est aujourd'hui au musée du pays de Retz à Bourgneuf. Il a arrêté en 1919 à l'âge de 71 ans. A son décès la forge a fermé définitivement ».
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N°37 Madame Vénéreau, mère de Nicole Merle, s'installe comme modiste, quelques années après
son mariage, pour nourrir sa famille pendant que son mari était STO en Pologne. Elle fabrique des chapeaux,
principalement pour les femmes pour les cérémonies, mariages ou enterrements. Elle cesse son commerce quelques
temps après la fin de la guerre et la famille s'installe rue de la Perche.
Dans une des maisons voisines, il y a eu une autre modiste Mlle Micheline Lavaud. Elle n'a exercée à Boiseau
que pendant deux années.
N°39 le marchand et réparateur de cycles Vinet. Il travaille aussi à Indret.
N°40 Le cordonnier Joseph Gaboriau. Il fait ce travail après celui qu'il a comme ouvrier perceur à Indret.
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Dans le même quartier, René Mocquard indique qu'il y avait un sabotier, le père Louis Denaud(1)
Il est mort jeune en 1914 à 56 ans. C'était également un musicien qui jouait du cornet à Piston dans les bals.
Après son décès, sa femme s'est mise à faire de la charcuterie pour assurer le minimum vital. Elle achetait un
quart de cochon et faisait ses saucisses et autres charcuteries qui étaient cuites dans des « casses(2) ». Elle
portait à cuire dans le four du boulanger, lorsqu'il avait fini sa fournée.
N°41 Le poissonnier Thual, vend aussi des légumes et livre dans les villages. Son successeur sera Marcel
Dubois.
N°45 Mercerie d'Yvonne Redois. Son mari, l'électricien René Redois faisait aussi la vente de Télé mais il n'est
pas resté longtemps.
(1) Son fils était le peintre du tableau qui figure dans le chœur de l'église paroissiale.
(2) Récipient en terre en forme de plat qui pouvait aller dans les fours de cuisine.
Place de la République
N° 6 se trouvait autrefois une petite école libre. Puis dans cette maison il y aura un dépôt de bouteilles de
gaz et une petite épicerie tenue par M.Bautru puis par Marie et Edouard Jaunin.
Rue de la Douane
N°4 Epicerie de Charlotte Turpin, une vieille fille. Dans sa petite boutique elle ne vend que des produits de
qualité et passe pour être la meilleure du village. Elle s'approvisionne à Nantes chez Gaillard Briand et vend
les sardines en conserve de chez Philippe et Canaud qui possédaient la belle maison place du général Leclerc.
Elle ne vend pas de vin.
Dans cette rue il y aura quelques années une jeune coiffeuse, Mme Marin, originaire de La Montagne. C'est la
fille du coiffeur de la Montagne.
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Rue de l'Etier
A l'angle il y avait le café de l'Etier tenu depuis au moins 1929 par M. Leray, dit « tête de vache ». C'est le rendez-vous des pêcheurs et des ouvriers d'Indret. Sa fille Mme Marie Louise Le Couëdic lui a succédé puis sa fille Raymonde Pavageau qui assurera la fermeture. Elle habite Sarlat. Guy Pavageau son mari tient une entreprise de travaux publics dans les années 1972 rue de I'Etier.
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Rue des Remparts
Les carrières et entreprise de maçonnerie Bodineau. Après le départ du fils Pierre, c'est
un marchand de chiffons, le père Jégo qui s'est installé. Il passe dans les rues et criait chiffons, peaux de
lapins et achetait à petit prix ces rebuts aux villageois. Il achète surtout les peaux de lapin que l'on
présente séchées, tendues par un brin d'osier disposé à l'intérieur. Dans les années 1980, il quitte cette
maison pour s'installer dans l'ancienne carrière de sable rouge à la Cruaudière.
Rue du Chat qui Guette
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Le café Le Chat qui Guette, est créé en 1900 par Elie Delaunay dit le Ballon. En face il y a une salle de bal dans le bois des fous nommé le Tivoli(4). Puis le long du café un jeu de boules. Il est tenu par madame Cotillon en 1922, à l'âge de 62 ans, Elie Delaunay décède. Sa femme Anne Gouy gère seule le café mais ne peut assurer les animations festives de son mari. En 1929 on note un nommé Guillet comme gérant du débit de boisson. En 1931, c'est Gabrielle Gouy, nièce de Delaunay qui tient la buvette. En 1950, lui succède Stéphane Gouard qui tient également le garage contiguë, mais comme la charge de travail est trop importante pour le couple, ils revendent le café, en 1956 à M et Mme Thibaud qui tenaient un commerce à la Télindière. Leur fille Françoise Lefeuvre aidera sa mère puis reprendra la suite jusqu'à la fin de l'année 2003. Aujourd'hui il y a un restaurant qui a ouvert en juin 2004.(5) Dans le café il y avait tout un mobilier d'époque 1900, chaises, tables et même le « zinc » qui ont été acheté au moment de la liquidation par d'anciens clients. Pour l'anecdote, Françoise se souvient qu'étant gamine, elle récupérait les capsules des bouteilies de vin bouché, et lorsque son petit sac était plein, elle les portait chez le voisin, le père Jégo, le marchand de ferraille, pour se faire un peu d'argent de poche.
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Le Garage Gouard est fondé en 1949, il était précédemment place du Maréchal Leclerc.
Stéphane Gouard décide alors de construire son atelier à l'emplacement du centre social des Indochinois.
(4) A l'emplacement des maison n°4 et N°6 en face le café. Elle sera détruite en 1945, mais ne servait plus
depuis le début des années 1930.
(5) Historique du chat qui guette publié dans le bulletin numéro 4.
Il était à l'enseigne des automobiles Citroën, puis c'est le fils Lionel qui prendra la succession et vend à M.
Rochard en 1984. Celui-ci fait de mauvaises affaires, mais deviendra une Star d'Internet à la suite d'un
monologue téléphonique hilarant, capturée par un humoriste, concernant un dépannage. Lui succéde le mécanicien
Bruno Longépé, aussi compétiteur de rallye, pour la marque Peugeot. Le garage s'implante ensuite dans la zone
industrielle du Landas pour la marque AD.
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En face du garage Gouard, se trouve le marchand et réparateur de vélos Eugène Guérin. Ancien d'Indret puis de Sud-Aviation il décide de s'installer à son compte en 1971. Son magasin et atelier étaient dans son garage. lI répare aussi les tondeuses et les mobylettes. Il cesse son activité en 1990.
Rue de la Cruaudière
N° 30 bis il y avait un Chai tenu par Pierre Charpentier, qui avait la ferme à la Cruaudière. Puis il s'associe au marchand de vin Friedrich qui bientôt s'impose dans cette affaire. Ensuite Guy Charpentier prend la succession. Le Chai fermera à la fin des années 1970.
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N° 28 le menuisier Benjamin Briand travaille aussi comme ouvrier à Sud aviation. Ce
colosse fait des doubles voir des triples journées. Le matin de la menuiserie et l'après-midi les huit à
l'usine. A la saison des civelles il passe sa nuit sur la Loire à la pêche. A ce régime il décédera peu après
soixante ans et son activité ne sera pas reprise.
Au N° 23, Jean Monnier installa un chenil dans les années soixante et se fait éleveur de chiens de chasse. Dans ses
dépendances il aménage divers chenils, pour l'élevage, le dressage et la pension. On y trouve plusieurs races
de chiens : épagneuls bretons, teckels, bassets allemands très appréciés pour la chasse au renard et au blaireau.
Mais la vedette du chenil est un étalon cortal, Hurf du Moulin-Blanc, issu du champion le plus connu de sa
race. Il obtient un 1er Prix avec réserve de C.A.C. Au décès de Jean Monnier le chenil fermera définitivement.
Au N° 19, fond de l'impasse,
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Il y a eu un très bon restaurant dans l'ancienne maison des De Laville Leroux. Le
restaurant est tenu par un très grand cuisinier M. Guy Durand originaire du Pallet. Il accueillait une
clientèle d'hommes d'affaires et servait une cuisine très raffinée. Cette belle maison brûle en 1974,
lors de l'installation du chauffage central. Toute la toiture disparaît dans l'incendie mais est
reconstruite sans l'échauguette du mur latéral. L'inauguration a lieu en mars 1974 en présence du maire
Jousse et du curé. C'est dans ce lieu que les membres du jury du Prix Taittinger, les huit grands maîtres de
la cuisine française, ont tenu à clore gastronomiquement la journée au cours de laquelle ils ont décerné leur
Prix Régional 1980.
Hommage rendu par respect au chef de maison Guy Durand le lauréat de 1979. Le restaurant fermera au début des
années 1990 et Yvon Durand s'installe dans un nouvel établissement nantais près du Champ de Mars.
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Un peu plus haut dans cette rue, à l'emplacement d'une ancienne carrière de sable rouge utilisée pour
le moulage des canons de la fonderie royale d'Indret, M. Jégo, le ferrailleur fait construire un grand
hangar métallique pour y stocker les produits de récupération. Il quitte donc l'ancienne maison Bodineau
devenue trop petite. Par la suite il vend son installation à l'entreprise de travaux publics l'ORTP.
Aujourd'hui ces bâtiments ont disparu récemment et un promoteur immobilier y a construit plusieurs petits
immeubles.
« les épiceries de Boiseau étaient toutes petites . On y trouvait peu de choses, des sacs de
lentilles, sacs de sel, sac de son, des allumettes mais ce qu'elles vendaient le plus c'était du beurre
qu'elles allaient acheter au marché ». Nous dit René Mocquard.