Histoire de Saint Jean de Boiseau

Une  maquette  :  Bethleem (3)



Préambule :

Notre société, comme beaucoup d'autres, a été très vite confronté au problème de l'intérêt que pouvait éprouver un public lorsqu'il visitait une exposition. L'image s'est donc imposée d'elle-même. Mieux, la réalisation d'objets en trois dimensions était manifestement un pôle attracteur. D'où l'idée d'effectuer des maquettes de lieux très connus. Un premier projet, trop ambitieux, ne vit jamais le jour. Nous vous proposons de vous narrer, ici, la réalisation du second qui eut l'heur de connaître un réel succès : la chapelle de Bethléem.

Comment commencer ?

Nous avions affaire à un bâtiment datant du XV° siècle. Aucun plan n'existait. La première chose à réaliser consistait donc à établir ceux-ci. Or :
1 - Le terrain était en pente assez prononcée sur les lieux.
2 - La route passe très près de certains contreforts (guère plus de 50 cm parfois).

Il a donc fallu concilier mesures sur le terrain en définissant une altitude "zéro" sur le pourtour du site et relever à partir de ce niveau les cotes nécessaires tout en conciliant ... les règles de sécurité nécessaires.

En outre, il y a de cela 5 siècles, nos ancêtres ne travaillaient pas de la même manière que nous. Une fois les cotes relevées, lors du tracé définitif on constatait ... de flagrantes impossibilités. Des écarts importants (jusqu'à 20 cm) dus aux irrégularités de construction ont obligé à plusieurs retours sur le terrain pour modification éventuelle des relevés.

Si l'impression générale donne une vision d'ensemble homogène, il s'avère en réalité, qu'aucun des piliers de soutien n'est ... identique à l'autre.

Avantages et inconvénients du matériau de base :

Premier souci : Dans quel matériau doit-on réaliser un tel projet ?

Il s'est avéré, compte-tenu :
- du volume calculé en tenant compte d'une échelle au 1/30,
- du poids de la maquette qui devait être aussi faible que possible pour pouvoir effectuer les transports prévisibles,
- d'un minimum de rigidité souhaitable à ce projet
que le choix de la mousse de polyuréthane s'avérait le plus judicieux. Las, nous ne pouvions prévoir à ce stade de la conception que si ce matériau remplissait bien les critères évoqués, il présentait deux faiblesses importantes :

A ce matériau de base vinrent s'ajouter quelques autres d'appoint tels que : contre-plaqué, carton, plexiglas, gel de pierre ponce, laque pour cheveux, peintures etc.

Auxquels il convient de ne pas oublier pour la sculpture, ... crayons à mine dure, lames de scies affûtées ou pointes d'acier trempé car si la mousse de polyuréthane est peu résistante à l'usure, elle n'en est pas moins très abrasive et il convenait donc d'avoir des outils suffisamment résistants sous peine de nombreux affûtages.

Quelques détails sur la construction:

Les murs et piliers ont été exécutés avant assemblage, les défauts ont été comblés au gel de pierre ponce, matériau choisi pour sa ressemblance avec le tuffeau. Les rochers, les pierres des murs et les pinacles ont été sculptés dans la masse, seules les chimères ont été rapportées après exécution.

La prise de photographies a grandement facilité la réalisation des parties constitutives de ce puzzle. Mais cela ne put être suffisant car la sculpture des chimères ne put se faire que de visu et a nécessité de très longues séances sur place, plusieurs angles de vue étant nécessaires pour cerner la vérité au plus près. Cela n'alla pas sans difficulté car, car nous vous l'avons dit, la route passe extrêmement près de la chapelle. La présence d' un « ange gardien » s'est avéré particulièrement nécessaire pour éviter qu'un drame ne se produise car travailler la tête en l'air et observer les voitures en même temps est difficilement compatible. Comme il ne pouvait être question de stopper la circulation, les séances se sont donc trouvées fortement allongées.

Les vitraux ont été réalisés en plexiglas. Là encore, l'emploi de photographies a été particulièrement précieux que ce soit pour les motifs ou les personnages qui y figuraient autrefois. La chapelle a, en effet, été victime de vandalisme il y a quelques années et seuls quelques vestiges ont été préservés. La reconstitution partielle avec les morceaux retrouvés n'aurait pas été suffisante pour retrouver les figures telles qu'elles ont été. Certes quelques approximations demeurent mais l'essentiel a été respecté.

Enfin, leur éclairage a été réalisé en 12 volts et en lumière froide  car l'emploi d'un éclairage classique était source d'un échauffement rédhibitoire.

La toiture est en contre-plaqué recouvert de carton découpé en bandes qui représente les ardoises (environ 3 500 ardoises).

Une grosse difficulté s'est présentée lorsqu'il a fallu réaliser les tuiles faîtières. En effet le respect de l'échelle les a rendues particulièrement minces et fragiles. La seule solution possible trouvée a consisté à les confectionner reliées à un support par des entretoises et à les séparer au dernier moment. (Voir notre schéma explicatif ci-dessous).

La même technique dut, également être employée pour les sommets des pignons.

Autre surprise, la porosité du matériau était telle qu'il fallut appliquer jusqu'à 5 couches de peinture en certains endroits jusqu'à ce que ... l'emploi de la laque pour cheveux, aussitôt les pièces terminées, vienne freiner cette dépense. Ce sont également les pinceaux qui payèrent une forte contribution à la réalisation de cette oeuvre car, nous vous l'avons déjà dit : la mousse de polyuréthane est très abrasive et faire pénétrer la peinture dans ces mini- porosités n'a pas toujours été d'une grande facilité.

Enfin, l'ouvrage terminé, il a fallu le protéger du fait de son extrême fragilité. Une cloche en plexiglas le met désormais à l'abri des tentations de ceux qui auraient la fâcheuse tendance de vouloir toucher et provoquer ainsi, involontairement, des dégâts irréparables.

Pour agrémenter quelques vues à vous.