Histoire de Saint Jean de Boiseau

L'épidémie  de  choléra  à  St  Jean



Préambule

« Dans ma conviction, la grande, la véritable médecine, celle qui doit avant tout attirer l'attention du gouvernement est moins celle qui guérit quelquefois, que celle qui s'applique à prévenir, à amoindrir ou à faire disparaître les maladies si nombreuses qui nous frappent, ces épidémies meurtrières presque de chaque année qui sont souvent le secret de Dieu, mais qui trouvent bien souvent aussi leur raison d'être dans l'ignorance ou dans cet oubli de l'hygiène que nous négligeons si souvent. Ainsi MM. combien il serait important de dispenser largement à nos populations l'air, la lumière, une nourriture saine et abondante et la sécheresse des habitations.

C'est par l'hygiène souvent, par ces grandes et admirables lois conservatrices que nous obtiendrons de grands et consolants résultats car la médecine par les remèdes, Oh qu'elle est obscure, difficile et souvent dangereuse et, en mettant de côté quelques organisations d'élite, les rares médecins doués de ce sens précieux, le tact médical, ce génie de l'art, qui peut se dire, la main sur le coeur, mon remède guérira ?
».

C'est un médecin qui s'exprime ainsi. Nous sommes en 1853, ce docte représentant de la Faculté de Médecine s'adresse au Conseil Général de Loire Inférieure. En effet, la France a connu, notamment en 1832 et 1849, de violentes épidémies de choléra. Or, en cette fin d'année, nos gouvernants ne sont pas tranquilles, il craignent que le mal ne reprenne et ne créée de nouvelles victimes. Ils n'ont pas tout à fait tort, en 1854, une nouvelle vague pandémique due à « Vibrio Cholerae » va ravager notre pays. La Loire-Inférieure ne sera pourtant que très peu touchée par ce fléau tant redouté. Néanmoins, quatre communes en souffriront beaucoup : Nantes, Basse-Indre, Bourgneuf et ... Saint Jean de Boiseau.

Tout d'abord, l'agent qui déclenche la maladie est inconnu, il ne sera découvert par Robert Koch qu'en 1883 en Egypte. Lors des deux précédentes invasions microbiennes les services d'hygiène « pensaient que les vapeurs de chlore étaient propres à neutraliser l'action de l'agent inconnu du choléra ». Un usage abusif de ce produit avait donc été employé avec de piètres résultats. En 1854, on lui reconnaît toutefois des vertus désinfectantes, ainsi le Conseil de Salubrité de la ville de Nantes, le 22 janvier, préconise d' « étendre sur des cordes qui traversent le lieu à désinfecter de vieux linges hors de service, mouillés d'eau chlorée » ou bien encore de « mettre dans un vase creux et évasé, deux cuillerées à bouche de chlorure de chaux sec, verser d'abord dessus une petite quantité d'eau, pour l'amener à l'état pâteux, délayer ensuite cette pâte, en ajoutant peu à peu un litre d'eau.
On place ce vase au milieu de la chambre, après en avoir fermé les portes et les fenêtres : on agite de temps en temps la solution et quand on croit que tout le chlore est dégagé, on ouvre les portes et les fenêtres pour opérer une ventilation qui chasse l'odeur et permette le séjour dans ce lieu
». Le mode d'emploi ne spécifie toutefois pas si la personne doit rester dans la salle en traitement.

Le processus de contamination, lui aussi, demeure mystérieux. On pense quand même qu'il est transmis par voie aérienne, « les véritables, les seuls moyens d'assainissement et d'entretien des conditions de salubrité, consistent dans un facile et large renouvellement de l'air des habitations ». Tout les rapports et les textes qui seront publiés durant cette douloureuse période insisteront sur l'impérieuse nécessité de disposer de logements aussi clairs, aérés et secs que possible. Ce souci sera même parfois à l'origine de consignes qui peuvent surprendre par leur côté que l'on pourrait croire naïf : « Renouveler l'air des chambres, des ateliers, les lieux quelconques habités en opérant une ventilation suffisante soit par l'ouverture des portes et des fenêtres opposées, soit par un tirage effectué par un feu clair de cheminée en prenant garde de se refroidir le corps pendant cette ventilation ». En fait, cette précaution relative à un éventuel refroidissement du corps devait être motivée par l'aspect algide de la maladie propre à provoquer une diminution de la température avec tous les risques de collapsus inhérents.

La lutte contre la maladie :

La lutte contre la maladie, dans ces conditions, ne pouvait être que l'objet de méthodes plus ou moins empiriques dont l'efficacité - de nos jours - ne peut que paraître bien aléatoire. Ainsi, le Comité de Salubrité que nous avons déjà évoqué, classe-t-il les actions à mener sous quatre grandes rubriques qu'il développe en fonction de ses connaissances :
1°) Moyens d'assainissement des lieux et entretien des conditions de cette salubrité.
2°) Instruction destinée à éclairer les propriétaires sur les soins de santé à prendre avant et pendant l'épidémie.
3°) Assistance publique.
4°) Isolement et séquestration des malades

C'est naturellement dans la seconde de ces rubriques qu'il se montre le plus fécond et qu'il développe, entre autres, les propriétés aseptiques du chlore. Mais on sent malgré tout les limites de la science à l'époque puisqu'il ne craint pas de dire : « Eviter autant que possible les vives émotions, tout ce qui agite l'âme et les sens ; tout ce qui énerve les forces, ne pas se livrer avec trop de suite ou d'ardeur aux travaux du Cabinet, surtout dans les premiers temps de l'acte de la digestion ». Cette dernière recommandation paraît pour le moins assez saugrenue quand on sait que les malades étaient atteints de violentes diarrhées. S'il était recommandé de s'éloigner de toute réunion de personnes pour éviter la contagion, on préconisait également de ne pas sortir à jeun, de ne pas se livrer à des exercices violents, de se garantir du froid et de l'humidité « surtout les pieds », de se munir d'une large ceinture de laine « que l'on portera constamment et à nu ». Il fallait aliter le malade en veillant tout particulièrement à ce que celui-ci soit bien au chaud « couverture de laine bien chauffée, sachets remplis de sable fin, sels ou cendres très chaudes, briques chauffées et enveloppées de laine le long des membres ». Suprême précaution, il convenait tout particulièrement « de faire remarquer que tous ces corps doivent être appliqués chauds mais non pas brûlants. Dans ce dernier cas, ils pourraient produire des désordres graves dans les parties avec lesquelles ils seraient en contact ». Appliquer des cataplasmes composés d'un tiers de farine de graines de lin et de deux tiers de farine de graines de moutarde délayées dans de l'eau tiède était de nature de combattre -ou tout au moins à réduire - le mal.

Il faut rendre cette justice aux hommes de l'art de l'époque, c'est que si leurs connaissances n'étaient pas de nature à terrasser le fléau, les intentions étaient fort louables. Ainsi les leçons tirées de l'expérience n'étaient pas perdues. L'Angleterre avait en effet connu, peu de temps auparavant, la même calamité sur son sol notamment dans la ville de Newcastle. Une constatation avait été faite : presque toujours l'apparition de la maladie avait été précédée de diarrhées que les médecins d'Albion avaient qualifié de « prémonitoire ». Les représentants de sa Très Gracieuse Majesté avaient donc institué un corps de médecins chargé de visiter journellement « les demeures des pauvres et de l'ouvrier » pour s'enquérir si leurs habitants ne seraient pas affectés de cette fameuse diarrhée et y porter immédiatement remède. Cette initiative avait obtenu de très bons résultats. Aussi, notre Comité de Salubrité, toujours lui, n'hésite-t-il pas à préconiser la création d'organismes similaires, et dans la foulée, sans attendre la confirmation officielle de cette institution, élit-il, à bulletins secrets, 16 de ses membres choisis ... parmi les plus jeunes. Chacun de ces médecins serait porteur de « bons pour médicaments à fournir aux cholériques ». Ces médicaments seraient délivrés chez tous les pharmaciens qui auraient, d'un commun accord, arrêté le prix de ces produits au taux le plus bas possible. « Il est bien entendu que le prix en serait acquitté par l'administration » et « les mesures préventives et curatives proposées pour la ville de Nantes seraient autant que possible, étendues aux communes rurales ». Voilà, il faut bien le reconnaître, une intention généreuse et qui ne peut que grandir ses auteurs.

Un autre exemple d'enseignement tiré de l'expérience, dans la troisième des rubriques développées , concerne cette fois-ci, l'extension du mal du à la promiscuité sous tous ses aspects, y compris dans les hôpitaux. « Sous l'influence de l'encombrement et de l'infection qui en résulte, l'organisme n'a plus de force suffisante pour neutraliser l'action de l'agent épidémique ». C'est la raison pour laquelle il est particulièrement insisté sur « la nécessité de tenir les salles des hôpitaux hors des conditions de l'encombrement ; car c'est à lui, peut-être, qu'il faudrait attribuer cette particularité signalée dans l'Epidémie qui vient de sévir à Paris ; à savoir que la maladie s'est déclarée plus particulièrement dans les hôpitaux ; où l'influx épidémique trouve d'ailleurs, des sujets prédisposés par le mauvais état de leur santé ». Il est donc particulièrement judicieux d'établir un ou plusieurs hôpitaux temporaires afin d'éviter de tomber dans le danger de cette cohabitation sanitaire. Pour des raisons vraisemblablement d'ordre pécuniaire, cette dernière mesure se trouvera limitée dans son application mais connaîtra quand même un certain nombre d'exemples avec attribution de lits dans des établissements que l'on qualifierait aujourd'hui de décentralisés.

Quant au quatrième point concernant l'isolement et la séquestration - le mot est sans doute un peu fort - des malades, c'est manifestement une « mesure inutile et propre d'ailleurs, à susciter des alarmes dangereuses, cependant la dissémination des familles indigentes lorsque l'un de leurs membres serait frappé de la maladie, et que l'habitation serait encombrée ou mal aérée, serait toujours une mesure de la plus haute importance et dont l'efficacité ne saurait être contestée ». Toujours ce souci d'éviter les contacts entre gens sains et contaminés.

Nanties de toutes ces recommandation, les autorités départementales attendirent - sans la souhaiter - une nouvelle apparition de ce fléau. Ce fut Nantes et ses quartiers populeux des rives de la Loire et de l'Erdre qui subirent la première attaque dès le début du mois de juillet. Celle-ci, fort préoccupante, ne commit pas de gros ravages dans un premier temps puisque le nombre de décès resta fort limité. Toutefois l'épidémie s'étendit très vite en dehors des murs de la ville pour venir contaminer Basse-Indre et Indret. Le premier août, les Ponts et Chaussées établissent un rapport sanitaire d'où il ressort que les nombreux dragages effectués en Loire ont mis à jour une couche de vase d'où émanent des exhalaisons pestilentielles. Les premières directives tombent de suite :
1°) Répandre une couche de sable sur les matières vaseuses qui proviennent du dragage.
2°) Défense aux ouvriers de boire l'eau de Loire.
3°) Préparer des barriques contenant de l'eau saine et fraîche dans lesquelles sont ajoutés 2 litres d'eau de vie.
4°) Dès l'apparition d'une indisposition quelconque, transfert à l'hospice de Nantes. « Cette dernière mesure a produit le meilleur effet ; pas un seul ouvrier n'est mort depuis qu'elle est appliquée et cependant beaucoup d'indispositions de mauvais augure se sont manifestées ».

Cette annotation était quelque peu hâtive car le 21 novembre, alors que l'épidémie tendait à disparaître, un état nominatif des militaires, marins et ouvriers d'Indret atteints de la terrible maladie fait apparaître que sur 74 personnes contaminées, 50 d'entre elles ont succombé, soit plus de 67 %. Parmi elles, 18 sont des ouvriers, 8 d'entre eux connaîtront une issue fatale (44 %). Quelques consignes supplémentaires vont être données telles que : mettre trois litres d'eau de vie au lieu de deux dans chaque barrique d'eau ou laisser deux heures de repos (de midi à 2 heures) dans le courant de la journée aux ouvriers afin de récupérer leurs forces. Il n'est toutefois pas spécifié si ces deux heures étaient à la charge de l'employeur ou si la durée de la journée de travail se trouvait allongée.

Nous voici donc début août et St Jean va se trouver à son tour contaminé. Bizarrement ce ne seront pas les villages voisins d'Indret et du bord de Loire qui subiront les premiers assauts, mais le Landas situé loin du fleuve ligérien et dans un endroit très sec. Le 6 août, le Sous-Préfet informe le Préfet que le maire de St Jean lui a fait part des premières victimes boiséennes. Le 8, les directives seront données pour que le médecin départemental des épidémies, le Dr BONAMY s'inquiète de l'état de santé de notre cité. Il convient en effet d'éviter que la contagion n'atteigne La Montagne où il y a beaucoup d'ouvriers d'Indret car ceux-ci « ne savent prendre aucune précaution hygiénique et logés fort à l'étroit comme ils le sont, il est à craindre que le fléau ne fasse de rapides progrès et ne se propage de ce foyer d'infection dans les communes avoisinantes ». Le maire, Jacques THOMAS, dans un second courrier, semble vouloir diminuer l'importance de ses craintes puisqu'il écrit « Depuis samedi dernier aucun cas ne s'est produit ». Effectivement, du 3 août au samedi 5, 3 personnes succombèrent et il n'y eut qu'un seul décès supplémentaire jusqu'au 9 inclus. A Basse-Indre, durant ce laps de temps 40 manoeuvres avaient été touchés provoquant la mort de 4 d'entre eux. La crainte du mal devait être suffisamment forte pour que toutes les formes de solidarité jouent, y compris les plus surprenantes. Le Dr BONAMY écrit en effet « L'envoi fait à titre de dons, par un homme charitable de notre ville, Mr BAUDOT, marchand de vins et marchand de draps, place Royale, d'un panier de bon et vieux vin de Bordeaux, a été très avantageux pour les malades et les convalescents ». Voilà une méthode curative pour le moins inhabituelle mais qui a peut-être, à défaut d'autre chose, contribué à remonter le moral des malades - tout au moins pour ceux qui éprouvaient encore l'envie d'ingurgiter une telle panacée.

Le Dr CHICHE, médecin des épidémies de l'arrondissement de Paimboeuf, se voit donc invité à visiter notre commune. Le 11, il fait son rapport et un curieux aspect se dégage de celui-ci, comme si deux formes de choléra coexistaient : « Il existe évidemment pour moi, depuis vingt jours dans la commune de Saint-Jean de Boiseau et dans les environs, une cause méphitique inconnue qui agit d'une manière plus ou moins forte sur toute la population ; chez les uns elle n'occasionne que de l'inappétence, des nausées ou des vomissements et chez les autres des coliques avec de la constipation, ou avec une diarrhée plus ou moins abondante de matières vertes ou blanches ». Cette constatation ne correspond pas exactement à ce qu'il semble avoir l'habitude d'observer dans les autres cas : « Le véritable choléra avec tout son appareil de symptômes, vomissements, évacuations fréquentes et blanches, spasmes avec prostration en quelque sorte subite, faiblesse du pouls, suppression des urines, crampes dans les membres, voix éteinte et couleur cyanosée de la peau ne s'est présenté que dans le village du Landas, situé auprès du bourg de St-Jean de Boiseau ». Il y fait mention de huit personnes qui avaient été atteintes de diarrhées et dont quatre en sont mortes. Deux d'entre elles ont été « foudroyées en douze heures » et n'ont pu recevoir aucun secours, les deux autres ont résisté respectivement pendant 24 heures et 0 heures en prenant quelques médicaments mais n'ont pu sortir de la période algide, les quatre dernières ont eu la chance de connaître la guérison et sont actuellement en convalescence.

Il aborde ensuite le côté particulièrement miséreux et les conditions de vie des personnes atteintes. « Cette épidémie de choléra comme toujours lorsqu'elle commence n'a attaqué que les personnes plongées dans la plus extrême misère manquant de tout et vivant dans la malpropreté la plus grande. Le village du Landas est situé sur une hauteur, éloigné des bois, des marais ne renfermant aucune mare d'eau dormante. Il existe bien des fumiers d'animaux comme dans tous les autres villages, mais ces fumiers qui sont dans ce moment-ci recouverts d'une croûte épaisse desséchée par les rayons du soleil, n'exhalent aucune odeur ». Incontestablement pour lui, l'origine de la maladie est liée à l'extrême pauvreté des habitants, car ces malheureux dit-il « ne mangent dans ce moment-ci que de très mauvais aliments tels que des fruits verts et acides, prunes, pruneaux qui sont en très grande quantité dans cette localité » en outre il faut incriminer « la négligence qu'ils ont mise à traiter la diarrhée qui avait précédé chez tous le choléra ».

Hélas, le mal ne fait que commencer, Le Landas qui a donc connu les premières victimes sera relativement épargné. En effet, il ne connaîtra que sept victimes, la dernière d'entre elles expirant dès le 18 août. Pourtant la contagion avait gagné le village de Boiseau qui n'aura à déplorer que 5 morts pour ce mois, par contre 10 autres succomberont en septembre avant l'hécatombe d'octobre et ses 35 trépassés, Novembre, mois de la régression, prélèvera son tribut avec 11 autres victimes supplémentaires. De Boiseau, il n'y a qu'un pas pour rejoindre la Briandière. Ce village déplorera son premier décès le 18 août et il faudra attendre le 14 septembre pour que pleurs et lamentations soient de retour. Mais le mal redouble et durant cette deuxième quinzaine du mois, 13 autres victimes seront à déplorer avant qu'octobre ne réclame ses 35 otages. Le mal est donc désormais bien implanté dans ces deux bourgades.

Mais pourquoi, mis à part La Télindière qui ne regrettera que la disparition de 13 de ses habitants, aucun autre village de Saint Jean n'est-il touché ? Le bourg lui-même est mystérieusement épargné, 5 décès durant toute l'épidémie.

Un long rapport rédigé cette fois-ci par le Dr TRASTOUR qui s'est rendu à St Jean durant la période la plus critique, soit le mois d'octobre, nous en dit très long sur les conditions de vie qui existaient dans ces deux villages. Qui aurait pu penser que l'innocente fabrication de courtines - spécialité boiséenne - pouvait être, sinon la cause, tout au moins une circonstance particulièrement aggravante du fléau ? Fabriquer ces nattes exigeait en effet beaucoup de roseaux , ce qui n'allait pas sans de nombreux déchets. Ceux-ci, devenus inutiles, allaient trouver un emploi tout naturel, participer à la constitution de fumiers pour engraisser les terres de culture. Chaque jour voyait donc son lot de détritus de roseaux, chaume etc ... jetés devant les portes dans les rues. Lorsque l'on sait que les réseaux d'assainissement n'existaient pas à cette époque et que les évacuations d'urines des étables, écuries, toits à porcs couraient dans les caniveaux, on imagine aisément les difficultés d'évacuation de tous ces liquides lorsqu'ils rencontraient ces obstacles jetés volontairement. A cela s'ajoute aussi le fait que généralement les selles des dysentériques étaient elles-mêmes jetées devant les portes des maisons contribuant ainsi à souiller toutes les eaux courantes et à répandre plus efficacement le mal. Le résultat escompté arrivait très vite et la pourriture participait activement à l'élaboration de l'engrais recherché. Mais que d'odeurs nauséabondes et fétides dans nos rues et que de foyers d'infection ! Les autres villages qui étaient beaucoup plus propres furent effectivement épargnés.

Notre médecin s'émeut donc à juste titre de la situation : « Je crois donc qu'il y a dans tous les villages ravagés par l'épidémie des réformes urgentes et très importantes à faire exécuter sous le point de vue hygiénique, l'intérieur des habitations laisse aussi beaucoup à désirer, même chez les gens aisés, sous le rapport de la propreté ; et dans certaines industries dans le commerce de la boucherie, par exemple, la propreté devrait être rigoureusement maintenue ».

Il établit néanmoins un distinguo entre choléra, cholérine et dysenterie et mentionne que c'est cette dernière qui est rencontrée le plus fréquemment. Souvent la même maison renferme plusieurs malades et les personnes valides qui les soignent sont elles-mêmes menacées de succomber à la fatigue et à des veillées trop prolongées. Comme dans chaque famille, il y a un ou plusieurs membres atteints par le fléau, on ne peut guère attendre des voisins ou des amis des secours trop occupés que sont ces soignants bénévoles improvisés à tenter de soulager la misère de leurs proches.

Il signale également que femmes et enfants sont beaucoup plus touchés par le mal que ne le sont les hommes. Il suppose que cela est du au fait que les hommes, dans la journée rejoignent usines ou champs et se trouvent beaucoup moins au contact des foyers d'infection que leurs épouses ou leurs progénitures. Il louera fortement les services rendus par les médecins du Pellerin, MMrs VEILLECHEZE et BENOIT et par leurs confrères d'Indret et de Basse-Indre et fera mention de l 'exploitation inconsciente faite par la population pour soigner ses malades et essayer de reprendre espoir : « Je suis entré, en effet, dans quelques maisons où deux , trois et même cinq médecins étaient venus avant moi. Les médicaments n'ont pas fait défaut non plus aux pauvres, grâce à la générosité des médecins ». Trois mesures seront proposées pour tenter d'enrayer le mal :
« 1°) Faire enlever les fumiers qui encombrent les rues dans les villages signalés et assurer le libre écoulement des eaux.
2°) Empêcher qu'aucune ordure, aucun débris de végétaux ou d'animaux ne soit jeté sur la voie publique ; exiger que les selles des dysentériques soient enterrées.
3°) Dans les maisons pauvres où se trouvent plusieurs malades, aux soins desquels les parents ne peuvent suffire, placer des personnes rétribuées par l'administration
».

C'est le 20 Octobre que ce médecin est venu dans notre commune. Cette journée fut d'une relative accalmie puisque deux décès seulement seront à déplorer, le lendemain 6 personnes quittèrent notre vallée de larmes, les jours suivants ce fut une moyenne de 3 à 6 morts quotidiennes puisque du 21 au 25, 22 boiséens rejoignirent leurs ancêtres. Ce mois fut particulièrement terrible : 94 morts - 21 personnes du 4 au 9, 30 autres du 12 au 18. Les registres d'état-civil mentionnent 185 décès entre le 1er août et le 30 novembre, date vraisemblable de la fin de l'épidémie puisque le décès suivant n'interviendra que le 5 Décembre et un second le 9, alors que dans les 10 derniers jours de novembre on déplore encore 11 victimes. Il convient de mentionner que ces décès ne sont pas tous imputables au choléra puisque les actes ne spécifient pas la cause du décès, mais durant les mêmes périodes - soit du 1er août au 30 novembre - il n'y eut que 18 décès en 1853 et 25 en 1855. Cela fait tout de même apparaître un surcroît d'au moins 160 personnes pour 1854.

Il est incontestable que femmes et enfants, comme l'a souligné le Dr TRASTOUR ont payé le plus lourd tribut. Sur ces 185 victimes, on dénombre 80 enfants - dont 66 de moins de 10 ans - 73 femmes et 32 hommes. C'est Boiseau qui demeurera le plus marqué : 62 morts suivi par La Briandière avec ses 50 décès, La Montagne déplorera 18 trépas et La Télindière, 13. Les autres villages se partageront les victimes restantes - 8 pour le Fresne, 7 au Landas et à l'Hommeau etc ... Le fait que tant d'enfants périrent a abaissé la moyenne d'âge des décès à 31 ans, ce qui n'empêche pas deux nonagénaires - dont la doyenne avait 98 ans - de figurer sur les listes, mais peut-être celles-ci furent-elles épargnées par l'épidémie ? Sur les 129 noms, 38 d'entre eux sont cités au moins deux fois, la palme revenant aux BERTREUX qui dénombrèrent 5 enfants et une adolescente de 17 ans répartis à raison de 3 à Boiseau, 2 à La Garenne et 1 à l'Hommeau, 4 noms sont cités à 4 reprises et 6 reviennent 3 fois. Cela donne une idée des déchirements qui se sont produits dans les familles. Des écrits antérieurs ont mentionné que les habitants de Boiseau avaient fait voeu d'honorer et de prier Notre Dame de La Salette si l'épidémie s'arrêtait et qu'après cette promesse il n'y eut plus qu'un seul mort, le père BLANCHET de l'Etier. Il est exact qu'un Pierre BLANCHET âgé de 40 ans est mort à Boiseau le 30 Octobre, mais cette date ne peut être prise comme la fin de l'épidémie car le 31, il y eut encore 2 victimes et surtout 30 autres personnes succombèrent jusqu'au 30 novembre.

Détail curieux, les Archives Départementales de Loire-Atlantique, dans le dossier qu'elles détiennent sur ce sujet, fixent la fin de l'épidémie au 6 Novembre et ne dénombrent que 88 décès - 19 hommes, 42 femmes et 27 enfants, il est toutefois noté que pour notre commune, le nombre de personnes touchées par le mal n'est pas connu. Même si l'on ajoute les 19 morts entre le 7 et le 30 novembre, on est loin des enregistrements des actes de l'Etat-civil qui sont répertoriés du n° 41 au 225. Ces statistiques départementales, pour le moins surprenantes, sont à rapprocher de celles qui figurent pour les autres communes touchées dans le département. Ainsi dans notre arrondissement, Bourgneuf déplora 105 décès pour 297 cas de contamination soit un pourcentage de 35,5 %. Plusieurs communes sont également citées avec quelques cas puisqu'il ne semble pas que le mal ne se soit trop étendu, c'est pourtant Pornic qui se signale avec 24 morts sur ... 24 cas de contamination.

Telles furent les principales étapes de cette terrible épidémie qui ravagea notre commune au siècle dernier, épidémie attendue et redoutée par nos responsables départementaux qui tentèrent de faire face avec les moyens dont ils disposaient et qui ne pouvaient être que d'une portée limitée. Leur lutte pour essayer d'améliorer les conditions d'hygiène et de salubrité ne fut pas feinte comme certains ont pu le croire. Le 12 août, le Dr CHICHE avait déjà transmis aux autorités médicales ce message : « avec des précautions hygiéniques et une alimentation saine on a grande chance d'échapper au fléau qui jusqu'à ce jour ne s'est attaqué qu'à des personnes misérables ou qui n'avaient pas soigné les affections des voies digestives dont elles étaient atteintes depuis quelque temps ». Si une circulaire ministérielle du 7 septembre préconisait : « cesser de manger, se reposer, se coucher, prendre des boissons chaudes et légèrement aromatiques, du Tilleul, par exemple ou du Thé, chercher à transpirer ; au besoin employer des lavements de décoction de têtes de pavots, boire de l'eau de vie etc... », par contre des consignes départementales relatives au nettoyage des rues furent établies et rappelées aux autorités locales qui avaient parfois bien du mal à les faire appliquer : « votre publication et circulaire que vous avez fait afiché et publier il y à a peu près un ans na pas étté exécuté Relativement au netoyage des rue du bourg et des vilages de la commune de St Jean il y à presque partout dans les rue des trou qui sont plein de pureau de fumier aussi quan-arrivetil il y a àu vilage de Boizeau et dela Briandière une Maladie qui fait Deux et trois victimes par jours et presque rien que des pères et mères de familles.
Je vous prie Monsieur le Préfet d'avoir la bontée de remaidié à tout ces choses Malsaine
».

Le 25 Octobre, le maire de St Jean écrivait au Sous-Préfet qu'il avait réussi à faire appliquer les consignes de salubrité dans les villages contaminés. Il aura fallu attendre encore plus d'un mois pour que cesse l'épidémie dans notre localité mais le mal avait continué sa route inexorable et avait déjà gagné le morbihan où là aussi de nombreuses victimes devaient succomber.

Liste des décès durant cette période :

Les âges sont exprimées en années ou en fractions d'années.
Le Numéro d'ordre est celui d'enregistrement sur les registres d'état-civil.

Date

03-août
03-août
05-août
07-aoû
10-août
11-août
11-août
13-août
15-août
15-août
18-août
20-août
20-août
21-août
26-août
27-août
29-août
01-sept
04-sept
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10-sept
10-sept
13-sept
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14-sept
14-sept
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16-sept
16-sept
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17-sept
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22-sept
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30-sept
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28-nov
28-nov
30-nov
Nom

ARNAUD
ORCHET
DELAUNAY
OUTIN
SOULAS
CHARPENTIER
BORIQUET
BRAZEAU
DROUET
MICHINEAU
CHAUVET
BROSSEAU
TESSIER
BRETECHET
VINOUZE
DENIS
TURPIN
GENDRON
BEAUTRU
MOREAU
AUGUSSEAU
DAVIAS
DAVID
FRANCOIS
GIRARD
DAVID
NEAU
SAILLANT
HERVE
GIRARD
LEGAL
GOUDE
AMIEN
HERVE
PORCHET
TOLIN
BROSSAUD
GUERIN
GUILLEMAN
JOLIVET
SALAUD
FOULOIN
BROSSAUD
COUTURIER
GIRARD
GUILLER
GIRARD
DESDOUET
VIAUD
CHATELLIER
CHESNEAU
LEONARD
BLINEAU
BROSSAUD
MONNIER
CHAUVET
CHICHE
LEBERT
ACHARD
GUITTENY
GODEAU
BERTREUX
LEZE
VALLEE
JOUSSET
AMIEN
TOUZE
SAILLAND
BUREAU
POINT
MABIT
MARSAC
CHAIGNAS
PRIN
MOINARD
DOUCET
CHAIGNAS
NASSIVET
PORCHET
GRANDET
CHICHE
HUREAU
BLANDIN
MARTIN
HUBIN
LESAGE
THOMAS
BRIAND
POINT
LEGRIS
BLANDIN
HERVIAUD
BRANGOLEAU
RAVIDA
PEIGNE
CHOCTEAU
MARIE
BEILVERT
SERENNE
LE TOULLEC
CHEVAL
DUMAI
MARSAC
BERTREUX
JOUSSET
MICHINEAU
KLEAU
LEBLEVEC
HERVE
LE DEAUT
VALLEE
ALLAIRE
CHARRON
BICHON
JOUSSET
PRIN
BERTREUX
PRIN
CHUNIAU
BELLOT
DELPLANQUE
KLEAU
CORMERAIS
VINOUZE
MISSE
GALLAIS
DROUET
DROUET
CHUNIAU
BERTREUX
BICHON
CHATELLIER
LEBRAIS
BERCEGEAY
BERTREUX
RICHEUX
GAUTIER
BERTREUX
CHESNEAU
ALLAIRE
DENIER
GUITTENY
BUAUD
LINEAU
JAFRAY
PRIN
RICHARDEAU
POINT
HERVIAUD
GUILLOU
ROCHER
LACROIX
BLANCHET
MISSE
RICHEUX
MAGOUET
HUET
GUITTENY
BEILVERT
JOYAU
MINCE
MOCQUARD
GUILLET
MABIT
CHESNEAU
HERVE
CHOCTEAU
CHESNEAU
LACROIX
SALAUD
BITON
THOMAS
ROUSSEAU
GUILLOU
BODELOCHE
BOTIVEAU
BINOT
PAJOT
BEAULIEU
LEGAL
BOUVET
BUAUD
MAINGUY
LECHAT
COUILLAUD
Prénom

Henriette
Anne
Perrine
Charles
Julienne
Julienne
Pierre
Marie
Jean
Marie
Françoise
Jeanne
Thérèse
Rose
Anne
Eugène
Simon
François
Prudent
Jeanne
Anonyme
Amélie
Emile
Ernest
Marie
Constant
Jeanne
Marie
Pierre
Marie
Françoise
Adeline
Jeanne
François
Anne
Victoire
Pierre
Marie
Joseph
Catherine
Marie
Léon
Pierre
Clarisse
Marie
Françoise
Marie
François
François
Jean
Marguerite
Marie
Pierre
Anne
Françoise
Joseph
Rose
Pierre
Anne
Anne
Pierre
Marie
Perrine
Alphonse
Françoise
Jean
Marie
Marie
Pierre
Jean
Marie
Léonide
Muriel
Marie
Marie
Jeanne
Pierre
Henri
Jean
Louise
Rose
Jeanne
Marie
Marie
Anne
Anne
Pierre
Marie
Joseph
Françoise
Simon
Félicité
François
Julie
Julien
Marie

Jean
Marie
Anonyme
Adrien
Catherine
Joseph
René
Anne
Joseph
Jeanne
Pierre
Jules
Célestine
Alexandre
Anne
Pierre
Charles
Marie
Rose
Anne
Anne
Marie
Jean
François
Marie
Anne
Henri
Sébastien
Jean
Simon
Marie
Jeanne
Marie
François
Anne
Yvonne
Emile
Françoise
Julien
Jean
Charles
Marie
Pierre
Louis
Marie
Marie
Marie
Pierre
Marie
Henri
Jeanne
Amélie
Marguerite
Marie
Joseph
Pierre
Amélie
Marie
Vincent
Jean
Jeanne
Jeanne
Marguerite
Julienne
Marie
Marie
Françoise
Emilie
Rose
Jean
Charles
Jean-Marie
Marguerite
Joséphine
Françoise
Angèle
Marie
Pierre
Marie
Marie
François
Pierre
Julien
Pierre
Anne
Joséphine
Pierre
Léon
Age

50
50
51
49
68
39
4
28
65
31
44
29
37
62
10
1
62
22
24
69
0
50
2
6
67
5
74
38
43
23
68
2
66
32
31
0,5
39
60
48
38
23
3
11
14
0,05
43
11
52
1,5
5
31
72
44
43
54
7
39
40
39
78
87
5
54
67
80
75
92
9
53
78
47
21
46
52
45
42
19
0,5
72
4
5
0,05
22
5
38
62
47
21
12
66
49
3
0,75
1,5
0,2
77
25
32
45
0
12
54
9
8
72
30
9
2
3
1
9
66
6
2
83
0,5
17
68
68
2
8
4,5
74
2
19
3
10
19
61
10
0,33
40
98
4
2,5
49
20
13
6
63
62
57
25
40
3,5
53
3
6
8,5
11
2
6
40
0,5
62
11
12,5
55
58
0,5
85
55
62
6
1
22
75
3,5
45
54
9
77
5
11
0,5
0,2
2
0,01
37
11
1,5
66
2
2
2
Localité

Landas
Landas
Landas
Boiseau
Landas
Landas
Boiseau
Landas
Bourg
Roche-Balllue
Landas
Le Fresne
Boiseau
La Briandière
Boiseau
Roche-Ballue
Boiseau
Boiseau
La Montagne
La Rigaudière

Boiseau
Boiseau
La Montagne
La Télindière
Boiseau
La Briandière
La Briandière
La Briandière
La Briandière
Boiseau
La Montagne
La Briandière
La Briandière
Bourg
La Montagne
La Télindière
L'Hommeau
La Briandière
La Briandière
La Briandière
La Briandière
Boiseau
La Briandière
La Briandière
L'Hommeau
La Télindière
La Montagne
L'Hommeau
L'Hommeau
La Télindière
La Briandière
Le Fresne
La Télindière
Boiseau
Boiseau
Boiseau
La Garenne
La Rivetière
Boiseau
La Briandière
Boiseau
La Briandière
Bourg
Boiseau
La Briandière
La Montagne
Boiseau
Boiseau
La Montagne
La Montagne
Boiseau
La Briandière
Boiseau
La Télindière
La Briandière
La Briandière
La Montagne
Boiseau
Le Fresne
La Briandière
La Briandière
Boiseau
La Montagne
La Briandière
La télindière
L'Hommeau
La Rigaudière
La Rivetière
Boiseau
Boiseau
Boiseau
La Briandière
La Montagne
Boiseau
La Briandière
Boiseau
La Briandière
Bourg
Boiseau
Boiseau
Le Fresne
Boiseau
Boiseau
La Briandière
Le Fresne
La Briandière
La Briandière
La Briandière
Boiseau
Boiseau
La Briandière
La Briandière
Boiseau
Boiseau
La Briandière
La Garenne
La Briandière
Boiseau
La Briandière
La Montagne
La Briandière
La Briandière
Boiseau
Boiseau
La Briandière
La Télindière
La Télindière
Boiseau
Boiseau
Boiseau
Boiseau
Le Fresne
La Montagne
L'Hommeau
Boiseau
La Briandière
La Garenne
Boiseau
Boiseau
La Rivetière
La Briandière
La Briandière
La Montagne
La Briandière
La Briandière
La Briandière
La Rivetière
Boiseau
Boiseau
La Briandière
La Montagne
Boiseau
Boiseau
La Noë
Boiseau
Boiseau
La Briandière
La Briandière
Boiseau
La Télindière
La Briandière
Bourg
La Briandière
Boiseau
La Rive
L'Hommeau
Boiseau
La Montagne
Boiseau
Le Fresne
Le Fresne
Roche-Ballue
La Montagne
La Télindière
La Briandière
Boiseau
La Montagne
La Télindière
Boiseau
La Rigaudière
La Télindière
Boiseau
Boiseau
Boiseau
N° d'ordre

41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
120
121
122
123
124
125
126
127
128
129
130
131
132
133
134
135
136
137
138
139
140
141
142
143
144
145
146
147
148
149
150
151
152
153
154
155
156
157
158
159
160
161
162
163
164
165
166
167
168
169
170
171
172
173
174
175
176
177
178
179
180
181
182
183
184
185
186
187
188
189
190
191
192
193
194
195
196
197
198
199
200
201
202
203
204
205
206
207
208
209
210
211
212
213
214
215
216
217
218
219
220
221
222
223
224
225