Souvenirs de Mme Parois |
Nous avons rencontré Madame Odette Parois, les 13 janvier et 1er mars 2006. Elle a accepté de se plonger dans ses souvenirs et de faire revivre, pour nous, le passé. Voici l'histoire d'une vie.
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« Je suis d'origine modeste. Ma mère s'appelait Eudoxie Monnier, née Brémaud. Elle était très gentille
mais, à la fois, très dure. C'était la deuxième d'une famille de 10 enfants ! Ils vivaient en plaine campagne vendéenne, à
la Garnache. Elle n'allait pas à l'école et, dès ses huit ans, elle gardait les moutons toute la journée.
Très vite elle s'est retrouvée servante. Son salaire annuel : une paire de sabots et une robe...
Elle a rencontré mon père, Jean-Marie Monnier, et ils se sont mariés. Il était natif de La Marne, frappeur aux Ponts et
Chaussées au Port autonome du Pellerin. Son métier .consistait à marteler le métal chauffé à blanc sur une enclume, il
était, en fait, complémentaire au forgeron.
Mes parents ont eu 3 filles. Moi, je suis l'aînée, je suis née le 16 mars 1915, au domicile de mes grands-parents, au «
grand Chemin » au Pellerin. Nous y avons habité jusqu'à mes trois ans environ, puis nous avons emménagé à la Télindière, à
Saint-Jean-de-Boiseau.
Avec mes sœurs nous allions à l'écolé Sainte-Marie au bourg de Saint-Jean. L'école était trop éloignée pour pouvoir rentrer
déjeuner à la maison le midi, alors nous apportions notre repas. Il était bien souvent frugal et consistait parfois en
seulement quelques figues.
Il existait un réfectoire pour les demoiselles qui avaient les moyens de payer la cantine. Les autres, celles qui
emportaient leur « sac pour le midi » avaient l'autorisation de manger à l'intérieur du bâtiment, le long d'un couloir où
il y avait quelques places pour déjeuner.
Il n'y avait pas de chauffage à l'école. On avait des chauffe-pieds (une boite de bois avec des trous gros comme le doigt.
A l'intérieur, un pot de terre contenait des braises et des cendres). C'était le boulanger, le père Fleurance, qui apportait
les braises et les cendres de son four pour alimenter ces chauffages rudimentaires. Nous avions chacun le notre sous notre
table.
A la maison, en guise de chauffage, il y avait une cheminée du côté de la chambre des parents. Pour s'éclairer, on utilisait
une lampe à pétrole.
Ma mère ne savait ni lire, ni écrire, c'était donc à moi d'aider mes deux sœurs Marie-Josèphe et Jeanne. Jeanne n'avait que
14 mois de moins que moi et elle préférait bien plus s'amuser que travailler ! Ce n'était donc pas facile de lui faire faire
ses devoirs !
A cette époque-là, on devait aider aussi à la maison, pour les tâches domestiques.
La lessive était un lourd travail. Chez nous, elle se déroulait dans une vieille maison, à quelques mètres de notre
habitation. Cette bâtisse servait également d'atelier à mon père.
On avait un matériel particulier pour la lessive : un baquet cerclé de fer, un chaudron pour faire bouillir le linge, un
banc à laver, le battoir appelé le « bat-draps » (pendant des années, je n'ai pas su la signification de ce nom, ne l'ayant
jamais vu écrit !) du savon et le bleu utilisé pour blanchir le linge.
Tout d'abord, il fallait aller chercher l'eau à la fontaine de la place des acacias. Le linge était mis à tremper dans un
baquet puis il était bien brossé. Enfin il était mis à bouillir dans un grand chaudron de fonte.
Ma mère profitait du foyer allumé pour la lessive pour y mettre un pot en grès dans lequel des haricots cuisaient. C'était
le repas du jour de la lessive et c'était très très bon !
Mes grands-parents Monnier habitaient à la Marne. Je me souviens de voir, à la fin de la Première guerre mondiale, depuis le
seuil de leur maison, passer des engins de guerre.
Mon père a eu la chance de ne pas avoir fait cette guerre : il était trop petit, trop maigre et avait donc été déclaré
inapte.
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Ce festival a vu le jour vers 1958. C'était des fêtes folkloriques avec des groupes de danses,
de musique... venus de toutes les régions de France et même d'Europe.
Cette manifestation, orgarnsee par l'Alerte, durait 3 jours, le week-end de l'Ascension. Tout le village était mis à
contribution : les groupes étaient logés chez l'habitant, il fallait un personnel nombreux pour gérer l'organisation : 600
personnes étaient occupées : service de cars, prairies aménagées pour servir de parking ...etc.
Les entrées étaient payantes et les bénéfices servaient à financer les écoles libres car elles n'avaient à l'époque, aucune
subvention.
Vers 1969, 1970, ces écoles ont commencé à recevoir des subventions de la mairie.
Cela correspond avec la fin des fêtes du Pé. Dès 1968, à cause des grèves, un seul groupe est présent : des Grecs. L'année
suivante eurent lieu les dernières fêtes du Pé.
Je me suis beaucoup occupée des associations de notre commune : je connaissais bien le travail de secrétariat ainsi que le
fonctionnement des associations. J'ai donc été la secrétaire des fêtes du Pé, de !'Alerte, de la paroisse et du groupe
folklorique Sant-Yann !
Pierre est décédé en 1979, d'une longue maladie.
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La famille Garnier, la Télindière pendant la guerre
Le prêtre Henri Garnier est mort lors de la Seconde guerre mondiale en déportation. Son frère,
lui, est parti à la guerre à la place d'un jeune père de famille. La famille Salaud avait une épicerie, qui faisait
également café, à la Télindière.
Une vieille fille qui habitait la sacristie portait du lait, à pied, jusqu'à la Montagne pour le vendre. Elle se servait
d'un petit chariot à trois roues qu'elle tirait derrière elle. Sur la place de la Télindière, un bel arbre «de la Liberté »
se dressait, près de la fontaine. Elle avait l'habitude de rincer ses bidons à cette fontaine et de les vider au pied de
l'arbre... qui en est mort !
De leur coté, les filles Bachelier vendaient du pain jusqu'à La Montagne, avec leur carriole à cheval.
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Les premiers cars Massoubre et Citroën assuraient la ligne de Saint-Jean à la côte de Jade. Le premier car était un petit modèle, une sorte de camionnette, qui servait à la marchande de beurre. Ensuite, il y a eu les cars Brounais pour la liaison vers Nantes.
Tous les lundis de Pâques, les gens de la Télindière venaient s'occuper de la chapelle de Bethléem car une
procession était organisée. (Elle a été supprimée quand il y a eu trop de voitures).
Une statue se trouvait dans cette chapelle, une Vierge bretonne, placée au dessus d'une pierre d'un ancien autel. Pendant
les fêtes de Pâques, les mères faisaient rouler leur enfant dessus pour obtenir l'assurance de les voir marcher. Depuis la
nuit des temps, on attribuait ce pouvoir à la source qui passait sous la chapelle. Il n'était pas rare d'avoir des enfants
handicapés au moyen-âge, suite à des accouchements difficiles, aussi, l'aide de la vierge et de la
source « miraculeuse » était d'un grand réconfort. Cette pratique a perdurée jusque dans les années 1930.
Dans les années 1960, la chapelle est cambriolée, saccagée. Il ne reste plus que l'autel et la statue dans un angle : la
vierge bretonne.
Le maire, Jousse, ne veut pas s'en occuper, le curé, le Père Rucher non plus. L'abbé de l'époque, Noël Boutet va donc
prendre les choses en main avec l'aide d'Odette. Ils ramènent la statue de la Vierge dans l'église de Saint-Jean. D'abord,
elle est mise sur l'autel mais cela faisait bizarre car elle était entre les jambes de Saint-Jean-Baptiste... alors elle a
été placée là où elle se trouve encore actuellement.