Mise en place d'un asile de vieillards |
L'histoire de la maison de retraite « Bon Repos », commence en 1928.
Un nouveau curé vient d'arriver dans la paroisse, l'abbé Pascal Gauthier. Pendant les précédentes années de
son ministère, il a côtoyé les religieuses infirmières. Il a pu voir leurs dévouements, charitables, allant
et venant sans cesse aux gré des besoins.
En juillet 1928, il rencontre l'évêque du diocèse et lui parle de son idée de créer un hospice. Ce dernier
l'encourage chaleureusement.
La première difficulté consiste à trouver une maison suffisamment grande pour accueillir une petite
communauté de sœurs et abriter un asile. Aussi après avoir essuyé quatre échecs successifs qu'il attribue à
des impossibilités ou à de mauvais vouloirs, il se porte acquéreur de la maison Huet située à proximité de
l'église. Elle se trouvait en face de la poste actuelle, habitée par une lingère, Mademoiselle Chiron qui assurait
aussi les fonctions de chaisière les dimanches et jours fériés à l'église.
Il demande à M. Liberge, architecte, d'établir des plans et des devis. Hélas ! La dépense est beaucoup trop
importante (180 000 F) et il renonce momentanément à son projet.
En janvier 1932, il apprend que la maison ayant appartenu aux époux Bertreux surnommés « Chocolat », située à
l'angle de la rue Vignaud (rue Picard) et de la rue des Grandes-Vignes (rue Camille-Pelletan), est en vente.
La municipalité a le projet d'y établir une école primaire-supérieure géminée.
Devançant de quelques heures la municipalité, en fin stratège et secrètement, M. Liberge acquiert cette
maison pour 100 000 F à M. et Mme Lesage, héritiers de Mme Bertreux, Les héritiers Lesage firent don d'une
grande partie du mobilier. Le détail de ces dons est scrupuleusement consigné dans un des registre de
la paroisse, curieux à feuilleter pour qui croit connaître la population de l'époque. 43 000 F sont récoltés
près des habitants de La Montagne.
Dans le même temps, pressé de voir la maison occupée, il demande à la Mère supérieure des Petites-Sœurs de la
Sainte-Famille de lui fournir du personnel. Cette dernière, après hésitation, décide l'envoi de trois sœurs.
Le 27 octobre 1932, arrive la Mère supérieure de Saint-Gildas-des-Bois accompagnée de sœur
Alexandrine venant de La Baule qui sera la responsable, de sœur Odile venant de la paroisse Saint-Gothard à
Saint-Nazaire et de sœur Marie de l'Assomption venant de la maison mère de Grillaud. Elles sont présentées
aux paroissiens le dimanche 30 octobre par le vicaire général Lemoine.
Dès leur arrivée, le travail ne manque pas, tant au dispensaire (pansements, piqûres) que dans la commune
(toilettes des malades et des morts). Présentes aussi bien de jour que de nuit, elles gagnent très vite la
sympathie de toute la population.
Le 1er août 1935, l'abbé Gauthier quitte La Montagne pour devenir curé-prélat de Guérande, il est remplacé
par un ancien vicaire nommé curé, l'abbé Audrain. Celui ci se rend compte que le dispensaire ne suffit plus
et qu'il est grand temps de créer un hospice pour les vieux. L'architecte Bourgneuf, qui vient de terminer
les modifications de l'église, est sollicité pour dresser le plan d'agrandissement de la maison des sœurs
en direction de l'ouest.
Les plans sont très rapidement faits et, début février 1939, on lance les travaux, trois chambres et un wc
au rez-de-chaussée, une grande salle pour trois ou quatre lits, une petite chambre et un wc à l'étage. De
plus, une salle, servant à la fois pour les repas et les réunions, est aménagée dans le sous-sol de la maison
des sœurs, du côté nord-ouest.
Le plan établi par l'architecte ne prévoit pas la continuité du sous-sol vers l'ouest. D'autre part,
les deux niveaux d'habitation se trouvent décalés en hauteur par rapport à ceux de l'immeuble
d'origine. Ces deux particularités ne manquent pas, par la suite, de créer de sérieuses difficultés pour la
liaison avec les futures constructions au nord.
Les entrepreneurs retenus sont tous de La Montagne : M. Dugast pour la maçonnerie, M. Lambourg pour la
charpente et la menuiserie, M. Delaporte pour la couverture et le chauffage central, M. Judie pour la
plâtrerie, M. Besseau pour la peinture. Quant à l'installation électrique, un groupe de bénévoles la prend en
charge.
A la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, les travaux étaient inachevés. La mobilisation touche à
la fois les entrepreneurs et les ouvriers. L'abbé Audrain eut beaucoup de peine à faire terminer le chantier.
S'agissant en particulier du chauffage, seule la chaudière est en place. Les tuyaux et les radiateurs sont
montés par un bénévole, mobilisé à Rennes, puis à Dinan. Il profite de quelques permissions pour finir
l'installation. Grâce à lui, la première pensionnaire Mme Boullery peut entrer le 1er novembre 1939, bientôt
suivie par Mmes Marie Joly, Grolleau, Constance Guiet, puis par quatre autres personnes, Mmes Lecerf,
Lebreton, Marie Charpentier et Eugénie Bouteiller.
En 1940, la communauté des sœurs se développe et compte six religieuses.
Dès 1941, l'occupation d'une partie de la France par l'armée allemande commence à provoquer un sévère
rationnement de la nourriture, du chauffage et de l'électricité. Rationnement contraignant pour tous mais
surtout pour les personnes âgées. Par voie de conséquence, les demandes d'admission à l'asile affluent sans
cesse.
Bien qu'il soit difficile de bâtir étant donné le manque d'ouvriers et la raréfaction des matériaux,
l'abbé Audrain entreprit, en 1942, l'édification d'un petit pavillon de deux pièces, au
nord du bâtiment construit en 1939, perpendiculairement à celui-ci, avec une toiture en terrasse et sans
sous-sol. Au départ du projet, il compte se placer en limite de propriété mais le voisin refuse de donner
l'autorisation nécessaire. Il faut se reculer de deux mètres. C'est ainsi que naît ce que l'on appelle encore
aujourd'hui « La Cour Anglaise ».
Les travaux traînent en longueur et les deux chambres ne peuvent être occupées qu'au mois de mars 1943;
Ainsi naît l'asile des Montagnards, qui est devenu depuis « La Maison Bon Repos ».
Son fondateur, l'abbé Audrain part en retraite le 29 juillet 1945, usé et en très mauvaise santé. Il décède
en 1955.
En 1950, sœur Alexandrine demande à l'évêque l'installation d'un petit oratoire, lors de sa venue pour la
bénédiction de la nouvelle tranche de 1949.