Histoire des quartiers |
Dans nos différents semestriels les secteurs de Boiseau, la Briandière et la Cruaudière ont rarement été l'objet d'articles sur les évènements qui s'y sont déroulés. Nous avons voulu réparer en partie cet oubli en retraçant une partie de son histoire. Nous avons limité notre sujet aux transformations du paysage pour l'aménagement du fleuve et l'établissement d'Indret aves le renfort * des ouvriers coloniaux pendant les deux grands conflits mondiaux. En effet trois siècles de notre histoire locale se sont déroulés dans ces lieux. Nous ne serons sans doute pas exhaustifs mais nous aiderions les habitants de la Montagne et Saint Jean de Boiseau à mieux connaître leur cité.
Un si charmant vallon
Il est loin déjà le temps où la Loire s'engouffrait dans la vallée comprise
entre les coteaux de Boiseau et la Briandière. Boiseau devenait alors une presquîle, l'eau venant
s'échouer au pied de la Crualjdière.
Au XVIème siècle, le fleuve inonde ençore chaque hiver la vallée mais de façon temporaire et les
villageois ont pris l'habitude de vivre à l'étage supérieur de la maison pendant les crues. Au printemps
et pendant l'été, celui-ci retourne dans son lit et seul subsiste l'étier bordé de quelques arbres. Un
charmant paysage reproduit par le peintre Bournichon. On y voit le flanc des coteaux encore recouvert de
végétations, un charmant petit pont de pierre qui enjambe l'étier et un chemin qui serpente en direction
du village du Fresne : Un des rares lieux habités de ce qui deviendra la commune de la Montagne. Le
coteau de la Garenne est totalement dépourvu d'habitation, alors que celui de Boiseau comporte quelques
maisons réparties sur la hauteur. Le petit chemin se prolonge de quelques mètres après ces bifurcations
pour se jeter dans la Loire toute proche. L'étier, de quatre à cinq mètres de largeur, serpente à ses
côtés et se jette dans le grand fleuve au même endrit. On y distingue les straces d'une petLte carrière,
utlisée pour l'édification dès maisons de Boiseau mqis elle semble abandonnée depuis longtemps et la
nature y a repris ses droits. Quelques armes et de vieux chênes forment un espace ombragé apprécié des
gens des environs. Un lieu bien calme et reposant en somme, où le bruissement de l'eau et le chant des
oiseaux égayent le paysage.
Les carrières
Au seccurs d'un fleuve
C'est l'ensablement de la Loire qui va être à l'origine de la création des
carrières de Boiseau et de la Briandière. En effet ce grave problème va perturber la navigation
pendant plusieurs siècles au point d'obliger les marchands nantais à créer un premier avant port au
Pellerin, puis à Paimboeuf. Le tonnage des navires ne cesse d'augmenter et, l'été, en bas étiage, malgré
l'assistance des pilotes locaux, la passe d'Indret voit l'échouage de plusieurs d'entre eux. Vingt deux
épaves gisent au fond de la rivière depuis l'ouragan du 30 décembre 1705 et elles n'ont pu être dégagées
faute de moyens et par négligence. Rapidement les branchages arrachés aux berges lors des crues
viennent s'enchevêtrer à ces obstacles f avorisant, l'accumulation des alluvions et la création
de nouvelles îles au milieu du chenal. Dès 1710, la situation est catastrophique pour le commerce et
plusieurs projets sont envisagés pour rétablir une voie de navigation compatible avec le tonnage des navires.
Hélas, l'on tergiverse et le temps passe sans qu'aucune dispposition ne soit prise. Si bien que, 30 ans
plus tard, les armateurs envisagent de quitter Nantes e+ son port inaccessible pour le nouvau por de sa
compagnie des Indes à l'Oreint. On les comprend lorsqu'on lit le rapport du rapport du subdélégué de
l'intendant de Bretagne GELLEE de PREMION :
« Il n'y: a pas 80 ans qu'on a vu construire sous nos murs des vaisseaux de 50 canons, lis
pouvoient descendre avec leur charge jusqu'à la mer en toutes saisons ; à peine aujourd'huy les petits
bateaux pêcheurs peuvent-ils faire librement la même route pendant 4 à 5 mois de l'année ». Depuis
le début du XVIII°,les navires de commerce ne peuvent plus passer et il faut transférer les marchandises
sur des allèges à fond plat du type gabarre ou toue pour les acheminer jusqu'à Nantes. Cela prend du temps
et augmente les coûts dans des proportions importantes.
Devant cette situation, les élus de la communauté nantaise font appel à des ingénieurs de la Marine royale
pour essayer de trouver des solutions afin de restaurer la navigation. En 1710, le ministre de la marine
délègue des ingénieurs pour étudier la situation en Basse-Loire. Il en ressort plusieurs projets plus ou
moins réalistes, mais la situation continue de se dégrader. Lorsque, en 1749, l'ingénieur Magin propose
enfin une solution réalisable avec les moyens de l'époque, la communauté nantaise fait la démarche auprès
du Roi pour obtenir la concession du domaine fluvial où vont s'eff ectuer les travaux. Cette décision
intervient le 21 mars 17583. Cependant, les premiers travaux peuvent débuter en 1753. Ils consistent à créer
des digues entre les îles et des épis dans les lieux que l'on veut atterrir pour canaliser le fleuve. Pour
faire ces aménagements, il faut une grosse quantité de pierres qui seront prélevées dans les carrières : du Pé
à Saint-Jean-de-Boiseau, à la Garenne et Trompe Souris à Couëron, Roche Ballue et Indre. Mais cela n'est pas
suffisant et c'est pourquoi on va ouvrir les carrières de Boiseau et la Briandière. « Les
pierres de cinq livres la toise cube sont extraites par des «pierrayeurs » et misent au bord de
l'eau pour être transportées sur les lieux par bateaux.
Pendant plusieurs années, le produit de l'exploitation est consacré à l'aménagement du fleuve, puis, à partir
de 1777, aux digues et bassins de la fonderie royale de canons d'Indret. Au XIXe siècle, ces carrières
servent à fournir l'empierrement des routes et chemins de nos communes. En effet, après l'épisode des guerres
de Vendée et la tentative de soulèvement de la duchesse de Berry, le ministère de la guerre a compris
l'importance que représentent les communications terrestres pour acheminer les troupes sur les lieux
d'affrontements. Un vaste programme national est mis en place, à partir de 1840, pour moderniser le réseau
routier du pays. Chaque commune voit alors se multiplier les projets de chemins et de routes vers les différents
villages.
Les carrières fonctionnent a plein rendement. L'extraction est assez rudimentaire. On fait sauter le rocher
à l'aide d'explosifs déposés dans des cavités pratiquées manuellement dans la roche à l'aide de burins. Puis,
chaque bloc est débité à la massette pour obtenir le calibre de pierre désiré ce travail est fastidieux,
dangereux et mal payé. On appelle ces forçats volontaires, les Bijoutiers...
Ils sont répartis en deux catégories :
- les mineurs
- les casses- cailloux.
A partir de 1831, nous retrouvons l'exploitation de ces carrières à travers les registres de délibération du
conseil municipal de la commune. Il est précisé que la carrière de Boiseau est une propriété communale et que
les prélèvements, pour construire ou réparer leurs maisons, peuvent être faits gratuitement par les habitants à
condition d'en faire la déclaration à la mairie.
Par contre, celle située en face, à la Briandière, est une carrière de sable qui appartient à Victor
Léonard, demeurant à Indret. Pour réparation des dégradations provoquées par les charrois sur les chemins.
de la commune, il est imposé de la somme de trente francs par an.
Pour ces carrières, nous somes alors en plein dans la création des nouvelles routes et ils litiges entre la
municipalité et les entrepeneurs sont assez fréquents, notamment sur les cubages prélevés pour la route royale
numéro 23. Route devenue impériale en 1861.
En 1891, c'est un nommé Luc Bachelier qui exploite ces carrières, mais dans son contrat : il s'engage à fournir
à la commune de Saint Jean de Boiseau pendant cinq années consécutives, de 1891 à 1895 inclusivement, les
approvisionnements dont elle aura besoin pour l'entretien de ses chemins de petite communication, au prix de
5,75 F par mètre cube de pierre cassée déposée en tas sur carr1ëre.
En 1894, La municipalité émet le vœu que : le sieur Rousseau Henri carrier au village de
Boiseau, soit autorisé à avoir un dépôt de dynamite, la sécurité des habitants étant sauvegardée par les
précautions qu'il a prises.
Les registres nous donnent également le nom de quelques-uns de ces carriers en 1907 : Poison de Boiseau,
Leciombe, Le Breton, Richard et un personnage célèbre, Victor, dont seul le prénom nous est parvenu par P.
Fréor.
Il y avait aussi dans les années 1920, Pierre Billot qui vivait entre la Rivetière et le Vieux Four, au bord
du ruisseau, dans une cabane faite de roux (roseaux). Il travaillait à la carrière de Boiseau près du « chat
qui guette ». Assis sur un petit trépied, à l'aide d'une massette, il cassait un à un les blocs de cailloux qui
servaient à empierrer les routes. Pour protéger ses yeux, il portait un genre de lunettes faites avec du
grillage. Comme protection, au niveau des jambes, il avait des planchettes retenues avec des ficelles.
Ces carrières sont ensuite concédées à la famille Bodineau : celle de Boiseau à Pierre, le maçon des remparts de
Boiseau et celle de la Briandière à Ferdinand de la Noë.
Elles cessent d'être utilisées un peu avant la Seconde guerre mondiale entre 1935 et 1938.
Dans une partie de celle de Boiseau, au lieu dit aujourd'hui le Chat qui guette, Pierre Delaunay y construira en
1898, son débit de boisson, reconverti récemment en restaurant.