Histoire de Saint Jean de Boiseau

La météo entre 1890 et 1910 en Basse-Loire

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Les hivers rigoureux furent nombreux dans l'histoire de la région. Les glaces descendaient alors le fleuve et bloquaient le trafic maritime. Il fallait alors protéger les bateaux et éviter leur emprisonnement dans les énormes glaçons.
De 1890 à1910, on constate ce phénomène surtout durant les dix premières décennies. Comparativement à notre époque, le réchauffement de la planète n'est pas une utopie. En voici la preuve :

1890 - 1890

Décembre1890, la température descend sous zéro degré. Le froid intense se conjugue avec la neige tombant en abondance. La persistance de cette froidure engendre l'arrivée des glaces sur la Loire. La dérive de ces énormes blocs ajoutés à un vent violent, rendent la navigation très dangereuse. Malgré les risques encourus, quelques canots bravent les éléments pour aller à la foire de Saint Etienne de Montluc. Le dégel ne s'amorce que fin janvier.

L'hiver de 1891 L'hiver de 1891 est également très froid, mais le 28 décembre, des pluies abondantes et un radoucissement, font fondre les glaces en une nuit entre Couëron et la Martinière. Ce passage libéré, permet au trois-mâts « Noisel » d'être remorqué par le steamer Loire et Bretagne

Un cargo devant la Télindière, monte à Nantes au début de la débâcle. Au premier plan le ponton de l'abeille du Pellerin avec une publicité pour les magasins SIGRAND


En janvier 1892, la neige fait son apparition entre le 9 et le 14. Paimboeuf et sa région sont paralysés par le verglas. Puis ce sont les grandes crues qui inondent les prairies et les quais jusqu'à Ancenis.

Cette même année, l'été fut très chaud et la canicule atteignit trente degrés.
En novembre de nouvelles inondations, provoquées par l'abondance des pluies, recouvrirent tous les marais.

Inondation des quais du Pellerin


Au début de l'année 1893, le retour du froid et des glaces interdisent la pêche au saumon. La température descend à moins 12 degrés et interrompt toute navigation. Les bacs à vapeur sont bloqués du 28 décembre 1892 au 28 janvier 1893.
Le 28 septembre de cette même année, une grosse tempête provoque la rupture de la chaîne d'amarrage et de l'ancre du navire « Saint Joseph », mouillé en rade de Paimboeuf. Quelques jours après, le 5 octobre, un ouragan envoi la charrière du bac du Pellerin, à demi par le fond.

La Charrière prise dans les glaces à Indret


Le 5 et 6 janvier 1894, les glaces sont de nouveau en Loire. Les trois bacs, Paimboeuf, Le Pellerin et Indret, interrompent leur trafic pour ne reprendre que le 17 Janvier.
Dans la nuit du 18 avril une bourrasque souffle de 23h30 à 1 heure du matin et l'orage détériore 5 à 6 poteaux télégraphiques à la Montagne.

Le 13 janvier 1895, on mesure onze centimètres d'épaisseur de glace sur la Loire. Cela justifie la montée du pavillon d'alerte des glaces. Celles-ci occupent la moitié du fleuve. La température est descendue jusqu'à moins onze degrés.
Le 2 février, il neige et le froid persistant, permet aux curieux et aux audacieux de traverser la Loire à pieds du Pellerin jusqu'à Couëron. On pourrait même traverser en charrette.

Les glaces à la cale du Pellerin. Arrière plan, la charrière et les bateaux sont piégés


Le 16 février, devant la Montagne l'auteur de l'article du journal le Populaire précise : si cela continue on pourra aller du Pellerin à Donges à pieds à marée basse. Le paysage est pittoresque , on se croirait en Sibérie.

Le premier mars, les glaces se sont déplacées de cent mètres en une journée; Le vapeur le « Saint-Jean » aperçoit le Pellerin, mais ne peut y aborder. Par précaution, on a doublé les chaînes d'amarrage aux pontons des « Abeilles » et une surveillance permanente est organisée.

Enfin, le 17 mars, le bac de Paimboeuf peut reprendre sa traversée et quelques jours plus tard ceux du Pellerin et de Basse- Indre reprendront leur service. Cette interruption de toute navigation pendant deux mois sera lourde de conséquence pour la région. N'oublions pas qu'à cette époque, l'hiver, tout le transport s'effectuait par les rivières et le fleuve.

Le 13 janvier 1896, de nouveaux la Loire est gelée, mais la traversée au Pellerin peut se faire en canot.

Cinq toues prises dans les glaces, au fond le feu signalant le chenal et l'entrée du trou de la Télindière. Au nord de la Loire l'ancien café ainsi que la cabane servant à stoker les briquettes de charbon pour le bac à vapeur du coté de Couëron.


En décembre et début janvier 1897, la tempête sévit plusieurs fois et l'on craint des naufrages en mer entre février et mars.
Le 18 mars des pluies torrentielles s'abattent sur notre région et provoquent des crues importantes.
Le 6 avril la tempête détruit la passerelle du bac au Paradis et la route qui y conduit est inondée. La traversée devient plus périlleuse car le bac doit accoster devant le bourg de Couëron. Il effectue le minimum de service afin d'emmener les voyageurs qui vont prendre le train à la gare.

Le 16 mai, des gelées tardives sont constatées sur la vigne.

Le 3 janvier 1899,Le 3 janvier 1899, un ouragan provoque beaucoup de dégâts sur les toitures et les cheminées de la ville de Nantes et des environs. Le vent tourbillonne et ressemble à une trombe. A Pirmil, toutes les toues des pêcheurs, accostées aux piles, ont Coulé.

Les voyageurs sont conduit en charette au ponton du bac en 1904