Histoire de Saint Jean de Boiseau

Les Commerçants de Boiseau au siècle dernier (suite)



Rue de la Fraternité

N°1 le cordonnier est André Couroussé en 1897, puis on trouve M.Arnaud de 1909 à 1923. C'est M. Gauvrit qui prendra la succession pour la réparation des chaussures.

N° 3 Chez Gaby

En 1909, on trouve deux perruquiers à Boiseau ;Constant Garnier et M.Rousselet Le nom de coiffeur ne viendra qu'à l'entre-deux guerres.
En 1919, Gabrielle Pras, dite Gaby, installe dans sa maison située au numéro 5 de la rue de la Fraternité, un premier salon de coiffure pour les hommes. A cette époque les hommes viennent presque chaque jour se faire raser la barbe avant d'aller au « boulot » à Indret. Même si la clientèle s'étoffe, elle coiffe maintenant les enfants, Gaby souhaite développer une nouvelle activité. Elle et son mari, Alfred, ouvrier à Indret, achètent, en 1927, la maison voisine, au numéro 3. Dans la nouvelle habitation qui est plus grande, Gaby ajoute donc un café. Au rez-de-chaussée, un couloir sépare les deux activités : à droite le salon de coiffure, à gauche le café. Gaby coiffe essentiellement les hommes ainsi que les enfants du village. On passe ainsi facilement du salon au café, ce dernier servant régulièrement de salle d'attente au premier.

En 1937, des restaurations sont effectuées dans la maison : le salon et le café sont entièrement repeints et décorés au pochoir par le peintre Guéguin, le voisin.

En 1944, au sortir de la guerre, Gaby est veuve. Seule pour ses deux activités et ne sachant pas coiffer les femmes, elle recherche de l'aide. Elle recrute, par relation familiale, une jeune ouvrière coiffeuse pour l'épauler. Madeleine, la maman de Pascal, notre maire de Saint-Jean, originaire du Maine et Loire, débute à 18 ans comme coiffeuse pour femmes. Elle épousera, en 1946, le fils de la maison.

Beaucoup de Boiséens se souviennent du côté festif et convivial qui régnait dans le café, car Gaby est une « bonne vivante » et sait mettre de l'ambiance.



René Mocquard se souvient :
« Gaby c'était une veuve qui était sourde comme un pot. Quand on était mouflets, on allait là-bas. Elle nous disait comme ça :
- Qui qu'tu veux mon fils ?»

Tu lui expliquais : « Je voudrais que vous me coupiez les cheveux mais alors bien quoi bien dégagé là, avec une raie dans le milieu et puis que ça soit à la mode !
- Ouais !Ouais, t'inquiète pas !»

Alors tu sortais de là, t'étais coupé au bol. Et à la fin c'était : « Veux-tu une friction ?
- Ah non, maman va me la faire.
- Bon, d'accord, je vais te mettre un peu de « Vétivert ».
Alors t'étais inondé, tu sortais avec ta tête en boule de billard et tu sentais. Tu sais le Vétivert c'est un parfum assez violent. On savait que tu sortais de chez la coiffeuse. On l'appelait la « fratresse » le frater c'était le sacristain dont les attributions étaient souvent coiffeur ».


Le café fermera au milieu des années cinquante, avant la naissance du deuxième enfant de Madeleine : il n'est alors pas facile de s'occuper du salon, des clients du café et des jeunes enfants. Le salon, lui, fermera ses portes en 1966, lorsque Gaby, déjà âgée de 71 ans, se décide enfin à prendre sa retraite. Madeleine ne souhaitant pas continuer seule, il n'y aura pas de successeur.

Malgré la fermeture Gaby conservera pendant encore plusieurs années, quelques fidèles clients, devenus pour certains des amis. Ils continueront à se faire raser, tailler la barbe ou la moustache, sans oublier de passer, comme autrefois, par ce qui fut la salle du café pour avoir qui un rhum, qui un calva !

En 1909 il y avait deux petites épiceries à Boiseau, tenues par Mme Bernard et Mme Denaud et une à la Rochelle tenue par Mlle Bézias tant de fois reproduite par Edmond Bertreux sur ses tableaux.
N° 33 Dépôt de graines et de semence de pommes de terre, entre autre, tenu par Eugénie Bodart épouse de Donatien Guillaud pour la maison Ripoche de Rouans. Ils prendront la succession de Auguste Leroux.

En face rue de la Clavelière nous avions le maçon Robert Lodé qui se met à son compte en 1966. Il a aussi un contrat avec la municipalité pour l'entretien du cimetière et effectue les travaux pour les tombes aidé de son fils Yvon. A la mort de son père en 1980, il reprendra la suite jusqu'à sa retraite en 1990.

Rue des Charreaux
N° 4 MM. Besnard et Chiffolleau ont une entreprise d' électricité.
N° 25 Alain Poiré est peintre

Rue du Commerce

N° 2, Une coiffeuse, sans doute la succession du perruquier de 1909 M. Rousselet « On disait Mme Guilferme mais en réalité c'était Mme Rousselet qui coiffait. Sa fille était mariée avec M. Guillerme ».

N° 4 Petite épicerie d'Andrée Jolly née Bertin. Elle livre avec une automobile Peugeot 203 fourgonnette dans les villages en campagne. Puis elle aura une fourgonnette Wolkswagen aménagée qui lui permet d'emporter davantage de marchandises.

N° 5 la charcuterie-épicerie est tenue par Marie Delaunay et sa sœur. Leurs succèdent, Annick Taillé devenue Mme André. La charcuterie provenient du charcutier Claude Taillé de Saint-Cyr-en-Retz.

N° 8 En 1901 le boulanger est Pierre Chesneau, il fait son pain dans cette maison et livre dans les villages avec sa carriole à cheval. Pendant longtemps, le four est chauffé au bois. Les boulangers successifs stockent leurs mouches de bois et d'épines sur la place du Dîne-Chien puis dans un hangar situé en face du magasin. Pierre Chesneau a été immortalisé par Edmond Bertreux lors d'une livraison avec sa carriole devant le calvaire de la place de la République. En 1923 c'est un nommé Legal qui le remplace. Lui ont succédé, Etienne Gauthier en 1925 puis Constant Desfontaines en novembre 1937.

A cette époque, le four est toujours chauffé au bois mais après la guerre M. Desfontaine achète un four plus performant qui fonctionne au fuel. Deux ouvriers et une vendeuse complètent l'effectif de l'entreprise familiale où madame Desfontaine vend des gâteaux de savoie et des brioches qu'elle fabrique dans sa cuisine. Le samedi après-midi, les gens du village viennent faire cuire leurs poulets, betteraves, pâtés, profitant de la chaleur du four après la cuisson de la dernière fournée du jour et cela pour un prix modique. Puis, en 1964, M. Desfontaine cède son affaire à son fils Jacques, mais il continue de travailler en assurant les livraisons, appelées aussi les tournées. Au milieu. de l'année 1975, Jacques vend la boulangerie pour s'installer à Nantes. Ses successeurs seront M. Mahé et ensuite M. Baud. Mais ces boulangers ne restent pas longtemps et à nouveau la boulangerie est vendue et ne sera plus qu'un dépôt de pains tenue par la belle-mère du boulanger de Bouguenais M.Gemmerlet. C'est lui qui récupére le four de la boulangerie de Boiseau avant sa fermeture définitive dans les années 80.

N°9 de 1923 à 1929 le charcutier est M.Ordronneau, puis c'est un dépôt de la charcuterie Vallée tenue par les filles Ordronneau, ensuite succède la charcuterie Aubret, tenue par Mme Rondeau.

N°14 Petite épicerie tenue par Jeanne Lehay. Puis pendant la guerre par Mme Buaud au Rue du Commerce, numero 16.

N° 15 La coopérative tenue par Mme Zoé . Baroille puis les Docks de l'Ouest par Mme Debec. Voir historique de ce magasin en annexe.

N°17 La Boucherie Les successions En 1859 le boucher se nomme David. l'a comme ouvrier Averty Lucien. En 1906 Le boucher est Clément Chanson et comme ouvrier M. Lesturgeon. Le 8 octobre 1907, Clément Chanson est dans les faits divers : « la femme Camus 37ans raccommodeuse de parapluies a portée plainte contre le boucher qui alors qu'elle venait acheter 40 centimes de veau, l'aurait saisie par les reins et jetée sur le carreau de son couloir parce qu'elle lui demandait un peu de graisse de bœuf Elle s'est démise le bras dans la chute. Chanson l'a relevée et mise à la porte de chez lui. Il semble que la jeune femme soit une simulatrice.. » Échos de Paimboeuf.

En 1910, c'est M.Chanson qui achète la maison qu'il occupe ( en gérance sans doute) à mesdames Joyau-Prin et les époux Truin-Beillevert.

En 1920, la boucherie est vendue à M.Pierre Orceau. Un an plus tard, M.Billon en fait l'acquisition.
C'est dans les années 1925 que M. Guihéneuc s'installe comme boucher il travaillait avant à Indret.
Puis, en 1927, Albert Averty père le remplace à son tour. Après son décès en 1945, sa femme va continuer pendant deux années jusqu'en 1947.

De 1947 à 1950 la boucherie est en gérance et tenue par Jean Le Colinet. Après son décès en 1950, Mme Averty reprend le commerce avec ses enfants jusqu'en 1952.

Puis de 1952 à 1971, c'est leur fils Albert Averty marié à Jacqueline Morinière qui prend la succession. Le couple va tenir la boucherie avec un employé Yves Morinière, puis un apprenti René Lefeuvre. Pendant ces 19 années plusieurs ouvriers se succèderont. Au décès d'Albert, Jacqueline continue seule pendant trois mois avec son ouvrier René Lefeuvre, mais elle doit renoncer car cela se fait au détriment de la vie familiale. Elle décide alors de céder son commerce en gérance en mars 1972 à son ouvrier. Avec l'arrivée des grandes surfaces le commerce périclite et ferme définitivement en 1984.

Descriptions et anecdotes

L'intérieur de la boucherie était richement décoré de faïences blanches avec des guirlandes à la ceinture supérieure des murs et en médaillon des têtes de moutons, bœufs etc. Suspendus à des crochets les imposants quartiers de viande étaient débités devant le client, qui pouvait ainsi choisir ses morceaux.

Jacqueline à son comptoir assurait la comptabilité. Elle se souvient : Mon beau-père achetait ses bêtes « sur pied » aux éleveurs locaux et dans les foires. Peut-être a-t-il fait celle de Buzay : la foire à la Pie. Il ramenait ensuite l'animal à la maison où un passage permettait de le faire descendre à l'abattoir situé à l'arrière de la boucherie.
Les bœufs étaient attachés solidement à un anneau situé dans le mur, la tête baissée et présentant le front au boucher. Avec une lourde masse, le merlin, on frappait avec précision l'animal à la tête entre les deux cornes. Il ne fallait pas rater son coup... le bœuf vacillait sur ses membres puis il était égorgé. On abattait aussi les veaux et les moutons. Ce travail d'abattage n'ëtait pas toujours facile car les animaux repéraient bien les lieux.
L'abattage se faisait généralement en début de semaine. Puis nous avions recours au vétérinaire du Pellerin pour apposer les tampons après contrôle de l'aspect sanitaire.
Après le débit de la viande, il fallait s'occuper de préparer les ventres pour faire les tripes avec les abats, ainsi que la préparation des têtes, pieds et fraises pour les veaux. Avec les abats de mouton c'était simple et les boyaux étaient vendus à Nantes pour faire l'enveloppe des saucisses.
Pour conserver la viande, je n'ai connu que les chambres froides de modèles et de tailles différentes, mais mes beaux-parents ont eu recours aux glacières. Les barres de glace s'achetaient à Chantenay, et il fallait aller les chercher avec la charrette et le cheval. C'était toute une expédition renouvelée très souvent. L'arrivée de l'automobile pour le travail, a bien arrangé les choses. Hélas, la guerre a fait réapparaÎtre les chevaux à la campagne.

La concurrence était rude pour le boucher car dans le village presque tous les habitants allaient à la pêche dans la rivière. « On mangeait plus de poisson que de viande » nous dit René Mocquard. La viande n'était souvent consommée qu'une ou deux fois la semaine.

Il fallait s'adapter car la commune n'était pas très peuplée. On devait faire les marchés pour vendre, prendre les commandes sur toute la commune. La clientèle de Boiseau ne suffisait pas à faire vivre le commerce, aussi il fallait livrer dans les environs. Je l'ai fait au début en vélo avec la viande enveloppée dans un linge et placée dans un panier en osier nous dit Jacqueline, puis nous avons acheté une moto 125 cm3 que je conduisais avec le panier sur le siège arrière. Ensuite on a acheté une voiture pour faire ces marchés. Albert, mon beau-père faisait le marché de Doulon. Puis moi j'ai été faire ceux de Rezé et Pirmil (le mercredi et vendredi) et mon mari celui de Saint-Brévin le jeudi et dimanche.
La concurrence était rude et les commérages dans le village souvent virulents.
- Chez toi on ne sait jamais rien disaient certaines clientes.
- Moi j'ai pas le temps pour ça répondait Jacqueline, si tu veux des nouvelles t'a qu'a acheter le Courrier de Paimboeuf ...

Les journées étaient longues, il fallait se lever à cinq heures au plus tard étant le dernier carat. Trois heures les fins de semaine et il fallait ouvrir à l'heure sinon on avait droit à des réflexions et puis ce n'était pas facile de rattraper le temps perdu. Un jour je ne me suis pas réveillée et j'ai ouvert avec deux heures de retard Je n'ai jamais recommencé et pour être à l'heure, je ne dormais plus la nuit du vendredi au samedi: jour le plus chargé.
Je ne connaissais rien au métier, je l'ai appris lorsque je me suis mariée mais après la mort de mon mari une femme seule, c'était devenu très vite ingérable. La boucherie fermera définitivement en 1984.