Histoire de Saint Jean de Boiseau

Un train nommé désir



La page qui suit est tirée d'une communication qui a été faite lors de notre assemblée générale de février 2003. Elle traite d'un sujet qui n'est pas anodin puisqu'il s'agit d'une gare ferroviaire bien équipée à St Jean de Boiseau qui aurait vraisemblablement bouleversé la vie de la commune.



Préambule :

Parmi les grands projets d'équipement du Pays de Retz, intéressons-nous donc à ce qui suscita un vif intérêt à deux époques distinctes :

A cet effet, présentons tout d'abord le contexte dans lequel ils s'inscrivent, dans le monde et en France particulièrement.
Je vous précise que les sommes et budgets auxquels je ferai référence, sans vous abreuver de chiffres, sont déterminés en Francs-Or, comme me l'a rappelé M. BERNARD, grand érudit sur ces questions que j'ai rencontré.

Le train dans le monde et en France jusqu'en 1911 :

Un progrès technologique a particulièrement marqué le monde du XIXème siècle : le transport ferroviaire. En 1804, la première locomotive à vapeur est brevetée par Richard Trevithick, munie de roues lisses et tirant un petit train d'une charge utile de 10 tonnes. Rappelons qu'elle est dérivée de la machine à vapeur par Denis Papin à la fin du XVIIème siècle.

Le train est vite reconnu comme un moyen de déplacement terrestre plus rapide que tous les autres et que ceux par voie d'eau. La première ligne au monde en service est Darlington - Stockton, en Angleterre, en 1826. La première en France est St Etienne - Andrézieux en 1828. De très nombreux pays se dotent de voies ferrées de service public : les Etats-Unis en 1829, la Belgique en 1834, l'Italie en 1939 ...

A partir de 1840, le potentiel de développement économique induit par les chemins de fer et le désir frénétique de spéculer sur eux motivent une construction à marche forcée de grands réseaux. Dans cette période de Révolution industrielle, ils sont encouragés par la bourgeoisie d'affaires, de la banque, de l'industrie et du commerce et les garants du décollage économique régional, national et continental.

Les relations entre les Etats et les investisseurs, souhaitant investir leurs deniers dans l'exploitation des lignes ferroviaires, sont facilitées car la bourgeoisie atteint alors des postes-clés de l'administration des Etats. En France, cela devient particulièrement visible à partir de 1864-1865, lors de la dernière périodee du règne de Napoléon III. Notre pays passe de 4000 km en 1851 à 17000 km en 1870 et 51400 km en 1914. Mais, en Europe, la Russie et la Prusse (aux besoins territoriaux plus importants) ainsi que l'Angleterre seront encore mieux dotées.

A la belle Epoque, le train continue de générer divers projets et études.

Le plus ambitieux est celui du tunnel sous la Manche. Le journal d'informations régionales « Le Populaire » l'expose brièvement le 8 juin 1890 : le responsable anglais M. Watkins propose à son gouvernement d'approfondir les travaux d'études. Mais, sous l'influence de Sir Hecks Beach, le bill (projet de loi) est rejeté.

Sur le principe, les esprits ne sont sans doute pas assez mûrs pour dépasser des antagonismes séculaires. La France et l'Angleterre ne se son-elles pas fait trop souvent la guerre ? De l'autre côté de la Manche, n'était-on pas fier d'une insularité qui constitue une protection naturelle autant qu'un motif d'indépendance culturelle ? Cent ans seront nécessaires avant l'aboutissement du projet et le triomphe du pragmatisme ...

Sur le plan des communications, la transmission de courriers par wagons spéciaux se développe au cours des années 1900. Quant aux expérimentations techniques, la recherche scientifique s'attelle à l'invention de modes de chargement adaptés à des techniques de productions industrielles et agricoles qui s'intensifient. « Le Populaire » du 13 juillet 1903 relate : « le développement de wagons frigorifiques pour les volailles est devenu d'usage courant aux Etats-Unis et en Europe, la France doit rattraper son retard en la matière ».

L'équipement de la France en voies ferrées 

Par la loi de juin 1842, l'Etat vote la déclaration d'utilité publique et d'intérêt général des lignes ferroviaires. Dans ce cadre, il finance la construction de leurs infrastructures. Les compagnies privées, remportant le marché pour l'exploitation de chacune d'entre elles, n'ont qu'à financer les superstructures : pose des voies, matériel et gares. Dès 1846, elles sont déjà 33 sur le réseau français, avant de se concentrer, en 1857, en six grandes compagnies réparties par grandes régions de l'hexagone.

Les grandes lignes sont développées au départ de Paris, disposées en toile d'araignée à partir de la capitale, alors que des lignes stratégiques sont créées au niveau local.

L'équipement en lignes de chemins de fer est rappelons-le un enjeu primordial pour desservir les régions de la France profonde, enclavées, qui représentent à l'époque la grande majorité du pays. La demande en desserte est telle qu'une multitude de projets seront étudiés à la fin du XIXème siècle. Or, le problème de leur financement se pose. Pour le résoudre, l'Etat soutient, avec la loi du 25 juillet 1865, le développement de lignes d'intérêt local : il autorise les Préfets à concéder, sur avis des Conseils Généraux, la construction des lignes de proximité, destinées à satisfaire les besoins locaux. Elles peuvent être établies soit par les départements ou les communes avec ou sans le concours des propriétaires concernés, soit par des compagnies privées concessionnaires avec le soutien des départements et des communes.

Ce second cas concernera le Pays de Retz avec la particularité suivante : l'Etat participera au cofinancement avant de valider le tracé final, sous l'impulsion d'un Préfet dynamique et convaincu de l'intérêt du chemin de fer.

Comme l'observent Messieurs Pitard et Réty, auteurs de L'arrivée du chemin de fer dans le Pays de Retz, ces lignes d'intérêt local, « en facilitant la circulation des personnes, permettent les échanges d'idées, les innovations, les volontés de progrès dans une société rurale figée jusqu'alors ».

Mais tout n'est pas si simple car l'exploitation de ces lignes est poussive. Un vibrant discours au Sénat de M. Freycinet est à l'origine de lka loi du 10 mai 1878. Elle fixe les conditions de création du réseau de l'Etat qui signee 10 conventions de rachat de lignes d'intérêt local avec 10 compagnies privées au bord de la faillite à travers le territoire français.

Ainsi, au nom du service public ferroviaire, l'Administration des chemins de fer de l'Etat se met peu à peu en place, avant de procéder à la création de nouvelles voies gérées par l'Etat. La création de la SNCF approche ...  même si les réseaux privés continueront de se développer momentanément.

Ces exploitations privées entrent dans le cadre de deux plans de 1883 du grand Ministre des Travaux Publics Freycinet, suite aux lois du 17 juillet 1879 et du 11 juin 1880 :

Nous venons d'évoquer les problèmes économiques récurrents dus au manque de rentabilité de nombreuses lignes secondaires. cela provoque la mise en faillite des compagnies, comme en 1877 pour le Pays de Retz, après une année seulement d'exploitation du réseau.

Mais, sur la plan sécuritaire, l'exploitation n'est pas non plus totalement maîtrisée. Par exemple, un grave accident dû à un déraillement se produit, en 1893, sur la ligne Nantes-Legé après seulement six jours de mise en service.

Ces problèmes seront intégrés dans les réflexions du gouvernement du Front Populaire qui nationalisera les sept grandes compagnies (les six privées et le réseau de l'Etat) en créant la Société Nationales des Chemins de fer Français (SNCF) le 31 août 1937.

Des innovations techniques nécessaires seront par la suite financées dans ce cadre public : électrification, gestion européenne des wagons, augmentation de la vitesse, ou encore le maintien de certaines ligness au nom du service public. Mais cela est une autre histoire ...

Sur un plan technique, nous nous en tiendrons à une description de la voie ferrée. Elle est composée des rails, des traverses et du ballast. La largeur des rails est variable :

Le 1er projet de ligne Nantes - Paimboeuf par Saint-Jean-de-Boiseau d'intérêt local (1865-1869) :

La conception d'une ligne Nantes-Paimboeuf passant par les bords de Loire est ancienne puisqu'elle a été débattue en 1865, avant même la promulgation de la loi du 25 juillet relative aux lignes d'intérêt local. Elle entrait dans le cadre du projet d'équipement ferroviaire du Pays de Retz.

Quelle est alors la situation de la Loire-Inférieure dans ce domaine ?

Le chemin de fer de Paris à Nantes, desservi par la gare d'Orléans (en service en 1853), est inauguré le 17 août 1851, puis prolongé jusqu'au nouvel avant-port de Saint-Nazaire en 1857. Exploité par la compagnie d'Orléans, il dessert les secteurs d'Ancenis et de Savenay. En 1862, Nantes est reliée à Rennes via Redon. En 1866, la ligne de Nantes à Napoléon-Ville (La Roche-sur-Yon) est ouverte et prolongée jusqu'aux Sables d'Olonne par la compagnie de Vendée. De plus, l'arrondissement de Châteaubriant va bientôt être équipé.

Autrement dit, seul le Pays de Retz est encore privé de chemin de fer. Or, ses routes sont peu nombreuses et difficilement praticables, sauf la voie impériale de Nantes à Paimboeuf. Seul le transport par voie d'eau (Loire et quelques rivières), moyen peu coûteux, est réellement développé.

Ses problèmes économiques sont évoqués à plusieurs reprises au cours du premier semestre de l'année 1865.

M. Goulin, Président de la Commission des marais de Bourgneuf, émet le voeu, dans le cadre d'une enquête réalisée sur les sels, que le gouvernement accorde une subvention assez importante pour qu'une compagnie construise un chemin de fer d'intérêt général sur la rive gauche de la Loire avec un embranchement pour desservir Bourgneuf mais aussi les marais de Bouin et Noirmoutier.

Puis, le 15 juin, le conseil de Paimboeuf émet le voeu qu'un projet local de voies ferrées se réalise rapidement car le Pays de Retz représente l'une « des plus riches contrées agricoles » du département de Loire-Inférieure. Sur le plan économique, il rappelle que la ville, « située à 76 km à vol d'oiseau de Napoléon-Vendée » (La Roche-sur-Yon), possède un port avantageusement situé avec un bassin de carénage.

Ses élus évoquent l'ouverture d'une ligne, au coeur du Pays de Retz, desservant 22 communes, et permettant « d'user facilement d'une communication économique et rapide pour le transport de leurs produits et de leur approvisionnement ». Cet équipement couvrirait une population d'environ 48 000 habitants et 92 foires annuelles. Les relations avec le midi de la France seraient favorisées au-delà de la liaison avec la Vendée, tandis que la ville serait reliée avec les chemins de fer de Bretagne au moyen du bateau de Donges ». Dans la foulée, le conseil d'arrondissement de Paimboeuf effectue à son tour sa demande en faveur de la réalisation du projet sans direction arrêtée.

L'étude des projets de voies ferrées

Le Conseil Général adopte la proposition d'édification d'un chemin de fer lors de sa séance du 25 août 1865, suite à l'exposé du Comte de Juigné, Président de la Commission Affaires Diverses en son sein, Conseiller Général du canton de Bourgneuf-en-Retz et le plus grand propriétaire foncier du Pays de Retz. Dans celui-ci, il fait état du « déclin du port de Paimboeuf, de son ensablement et des difficultés de navigation hivernale lors de la période des glaces ». Mais, au lieu d'un réseau basé sur Paimboeuf, il propose « une ligne principale de Nantes à Pornic avec deux embranchements sur Paimboeuf et Machecoui-Challans », ce dernier étant proche du marais breton.

De facto, il invite propriétaires et industriels à former une association syndicale libre dans le but de souscrire, avec les collectivités publiques, une subvention suffisante pour déterminer une compagnie à se rendre concessionnaire de ce réseau.

Le Préfet de Loire-Inférieure, M. Bourion du Rouvre, signe l'arrêté autorisant les études préalables à la construction destinée à desservir l'arrondissement de Paimboeuf, le 5 février 1866. Il est peut-être utile de souligner qu'à cette époque l'avancement de ce projet a dû être simplifié entre le Conseil Général et le Ministre napoléonien en charge des travaux publics, représenté par le Préfet : il n'existe pas de forte opposition politique dans cette ère conservatrice.

Le 22 juin 1866, le conseil de Paimboeuf, espérant encore être la plaque tournante du réseau local, devance le financement du projet en votant une subvention de 100 000 Francs-Or « qui seront payés par la commune au moyen d'un emprunt, dès que la Compagnie sera constituée et en mesure de recevoir ». Cette somme est considérable !

Mais, le 23 août 1866, les conclusions de l'étude préalable confirment que Paimboeuf serait située au bout d'un des embranchements de la ligne Nantes-Pornic, alors que la commune souhaite être reliée à la préfecture par les bords de Loire, et donc par Saint-Jean-de-Boiseau. Le montant des travaux est estimé à 7,2 MF avec 2,4 MF de subvention. Le besoin de subvention est réévalué à 3 MF trois ans plus tard.

En 1869, espérant accélérer l'arrivée du train, le conseil de Paimboeuf, sur la même ligne qu'en 1866, élève la subvention initiale à 150 000 F, en contrepartie de quoi le chemin de fer doit être livré en 1873. Cette somme ne représente pas moins de 35 % des projets de dons faits par les communes en fin d'année 1869!

De son côté, le 27 août 1869, le Conseil Général vote une subvention de principe pour l'exécution des voies ferrées d'intérêt local, après trois années de tergiversations et de doutes sur leur rentabilité. Elles doivent relier Nantes, Paimboeuf, Pornic et Machecoul, sans stipulation de direction arrêtée. Sa volonté est de relever la rive gauche de la Loire de l'état d'infériorité dans laquelle elle se trouve depuis le développement du trafic ferroviaire au nord de la Loire.

Ses élus souhaitent mettre en relation directe le département de la Vendée et sa préfecture avec Nantes et Paimboeuf, et rééquilibrer le développement de l'estuaire entre ses deux rives.

Or, seule une ligne Nantes-Paimboeuf suivant les bords de Loire peut être concurrentielle à celle de Nantes à Saint-Nazaire, notamment pour accélérer le transport des produits d'importation.

Les choix du tracé et du concessionnaire

Hélas, le 9 septembre 1869, le préfet promulgue un nouvel arrêté relatif au chemin de fer d'intérêt local de l'arrondissement de Paimboeuf : « son tracé principal est de Nantes à Pornic, avec embranchement (à Sainte-Pazanne) sur Paimboeuf et Machecoul ». Celui-ci, appelé tracé no3, reprend en grande partie le tracé n°1 de l'étude préalable de 1866. M. Orieux et le service vicinal de Loire-Inférieure effectuent alors une étude complémentaire des autres tracés. Dès lors, tout s'accélère...

La banque des chemins de fer se constitue en vue d'aider à la construction des lignes d'intérêt local. Conformément à la loi de 1865, plusieurs concessionnaires candidats se présentent pour l'exploitation du futur équipement. Ils proposent des tracés sillonnant l'ensemble du Pays de Retz (carte page précédente)  et établissent des besoins en termes de subventions et de financements. Ces derniers sont vite négociés au rabais par le biais de la concurrence.

L'un d'eux est le groupement envisagé par les investisseurs Bodet, Allote et Lion en octobre 1869. Il réclame 3 MF de subventions au Conseil Général et aux communes pour la construction et la gestion du réseau. Il le base sur les 6 tracés réalisés par le service vicinal.

Or la spécificité de son projet est sa grandeur : pas moins de 200 km de voies environ ! Il prend en compte la problématique du déclin du port de Paimboeuf, conséquencede la création des docks de Saint-Nazaire et des ensablements de la rive gauche, rendant de plus en plus difficile l'accès de l'embouchure. Ce faisant, il répond aux aspirations de la ville de Paimboeuf et intègre aussi la question de l'isolement de localités nigériennes telles que Indret ou Le Pellerin.

Le projet de ligne a, comme point de départ, un embranchement sur la ligne Nantes-La Roche-sur-Yon, au sortir du pont ferroviaire de la Vendée à Nantes.

Il se présente donc en deux axes avec 20 gares au total

Ces distances officielles mériteraient d'être affinées car, me semble-t-il, assez courtes. Mais il est vrai que le tracé est basé sur un relief avantageux permettant de limiter les distances.

Vu le coût kilométrique d'environ 100 000 F estimé par la Préfecture en fin d'année 1869, ce grand projet que nous pouvons qualifier de proximité aurait nécessité un budget de près de 20 MF. C'est énorme et même quasiment irréalisable.

Dans la foulée, 41 communes sont amenées à voter pour l'un des 6 tracés et pour proposer des subventions. 24 d'entre elles en accordent, espérant une gare proche de leur bourg. Le total des promesses financières s'élève à 413 000 F La situation est contrastée ...

La ville de Paimboeuf s'insurge car Pornic ne donnerait que 15 000 F, soit dix fois moins qu'elle, pour la réalisation du projet. Il est aussi rappelé que l'Etat favorise depuis 1845 le développement du bassin portuaire de Saint-Nazaire et qu'il lui enlève là « son dernier et unique espoir ». Elle va quand même accepter, le 27 novembre 1869, le tracé n° 3 proposé par le Préfet. par la suite, elle est même obligée de respecter sa promesse de subvention de 150 000 F moyennat un impôt extraordinaire et un emprunt sur 50 ans.

Sainte-Pazanne se réjouit : elle serait très bénéficiaire du tracé n° 3, en tant que noeud du réseau, soit nouveau carrefour du Pays de Retz. Son conseil accorde une somme a priori modeste de 42 000 F. Mais cette dernière représente quand même plus de 4 fois don budget annuel alors que des investissements très importants sont nécessaires pour l'équipement des chemins. Son plan de financement s'appuie notamment sur une contribution prise sur ses recettes d'impôts pendant 40 ans.

A Saint-Jean-de-Boiseau, l'enthousiasme est moindre. Le conseil refuse le principe d'une subvention mais souhaite, selon le tracé n° 5, que la ligne des bords de Loire se réalise avec deux embranchements : Le Pellerin à Machecoul, et Vue à Pornic.

Ajoutons que le 5 décembre, le comité de subvention donne sa préférence au tracé n° 3. Le 7, la CCI de Nantes le fait également en demandant que la ligne se dirige vers Bouaye au lieu de Brains et se raccorde à la ligne Nantes-La Roche-sur-Yon. Le même jour, le conseil de Nantes le vote aussi en demandant qu'il s'infléchisse vers Bouguenais et Bouaye.

Le Préfet adresse aussitôt un rapport au Conseil Général.

Le choix du tracé définitif doit être conditionné par plusieurs critères qui ont pour but de garantir sa rentabilité : « longueur du réseau inférieure à 100 km, coût financier inférieur à 100 000F/km (soit un coût global d'environ 9 MF), et une subvention globale de 3 MF : 1 MF par l'Etat, 500 000 F par les communes et les propriétaiires et 1,5 MF par le Conseil Général ».

 dans le cadre du tracé n° 3, il fait deux propositions modifiant l'étude préalable de 1866 :

Le Conseil Général entérine à l'unanimité ce tracé n° 3 modifié lors de sa session extraordinaire du 20 au 23 décembre 1869, sous l'impulsion du comte de Juigné.

Le premier espoir de desserte ferroviaire de Saint-Jean-de-Boiseau est alors enterré.

Le tracé étant fixé, un concessionnaire est aussitôt choisi le 23 décembre 1869 par le Conseil Général. Il s'agit de la Compagnie de Chemin de fer nantais, dont la Société Anonyme est constituée le 16 mai 1870. Le montant final des subventions qui lui sont accordées est de 2,85 MF. Son capital social est fixé à 3 MF et elle émet des obligations pour plus de 6 MF.

L'édification du réseau local :

Le tracé adopté (carte du tracé retenu ci-contre) est long de 96 à 97 km, dessert les communes pointes de l'arrondissement et Saint-Père-en-Retz qui accueille la plus importante foire du Pays de Retz. Mais il ne dispose pas de noeud ferroviaire. A Sainte-Pazanne, on s'insurge de cela ...

Il est mis à enquête publique du 7 au 11 juillet 1870. Notons que cette très courte durée est inférieure aux durées actuelles des enquêtes publique. Pendant deux ans, la procédure est ralentie par les troubles politiques nationaux : guerre vite perdue contre la Prusse, repli du Gouvernement à Bordeaux et avènement de la III° République. La signature de la déclaration d'utilité publique par le Ministre des Travaux Publics a lieu le 5 août 1872.

Puis la Compagnie procède à l'acquisition des 137 ha de terrains possédés par 1550 propriétaires, et à leur aménagement. Au cours de ces trois à quatre années nécessaires à l'édification du réseau, notons les nombreux recours à l'expropriation, tandis que des paysans craignent ouvertement la nuisance portée aux récoltes par la vapeur des trains.

Le réseau correspond aux tracés actuels du Pays de Retz, deux situations mises à part :

Le directeur de la Compagnie M. Briau négocie âprement avec les municipalités concernées l'emplacement des gares. Il obtiendra la subvention de la ville de Paimboeuf mais pas celle de Sainte-Pazanne, après deux bras de fer juridiques.

La ligne Nantes-Paimboeuf est donc située sur un des deux embranchements de l'axe Nantes-Pornic qui est lui-même relié au Nord-Vendée. D'une longueur d'environ 55 km, elle est ouverte au trafic de voyageurs et de marchandises le 3 juin 1876.

Bien que d'intérêt local, le réseau à voie unique et sans déclivité supérieure à 10mm/m est bien équipé. Il comprend 110 passages à niveau, 17 gares dont une nouvelle à Nantes qui prendra par la suite le nom de Nantes-Etat et trois ouvrages d'art : le pont métallique sur le bras de Pirmil et un petit viaduc métallique à Nantes, ainsi qu'un pont sur l'Acheneau à Port-Saint-Père. La durée du trajet de nantes à Pornic est de 2 h 05. Des correspondances terrestres par diligence sont mises en place à partir des communes pointes de l'arrondissement : Paimboeuf, Pornic et Machecoul.

A paimboeuf, en plus d'une gare, une remise à machines est aménagée afin de mettre mles locomotives à l'abri entre le train du soir et celui du matin.

Mais la Compagnie de Chemin de Fer nantais fait rapidement faillite. La ligne n'est pas assez rentable avec une moyenne de 376 voyageurs journaliers durant l'année 1876. elle met en cause l'isolement de l'équipement du Pays de Retz qui n'est relié ni à la gare d'Orléans de nantes et donc au réseau du nord-Loire, ni à La Roche-sur-Yon.

Pourtant les voies aménagées sur de faibles pentes avec de grands rayons montrent que la ligne était appelée à devenir une ligne importante et à rendre de plus grands services que ceux demandés à une ligne d'intérêt local.

Par la loi Freycinet du 10 mai 1878, l'Etat rachète l'ensemble de l'équipement en le classant dans le réseau d'intérêt général. Les infrastructures lui coûtent, selon le prix réel de premier établissement 14 MF pour le réseau Nantes-Paimboeuf-Pornic-Machecoul. Deux des onze locomotives à vapeur lui sont vendues 78 000F.

Les auteurs de L'arrivée du chemin de fer dans le Pays de Retz nous précisent : « les employés seront soit maintenus dans leur emploi, soit appelés à des postes analogues, soit renvoyés avec une indemnité égale au montant de 13 mois de leur traitement ».

 Sans nul doute, la faillite dela compagnie privée marque les esprits. par son rachat, l'Etat, gestionnaire du réseau du Pays de Retz, entretient l'espoir de développement économique local au nom du service public. ajoutons que, peu à peu, le traafic de saint-Hilaire-de-Chaléons à Paimboeuf concernera essentiellement les marchandises.

Tout cela ne sera pas sans conséquence sur l'intérêt de desservir Paimboeuf, dans le cadre du second projet de ligne des bords de Loire, d'intérêt général, et passant par Saint-Jean-de-Boiseau.

Locomotive "Machecoul" à vapeur et à 6 roues dont l'une des trois séries est rachetée par l'Etat

Le 2ème projet de ligne Nantes - Paimboeuf par Saint-Jean-de-Boiseau d'intérêt général (1903-1911) :



En 1883, avec la construction du quai vertical de Paimboeuf, le projet de prolongation des voies principales du Pays de Retz renaît.

De plus, deux nouvelles lignes d'intérêt local, à voie étroite ( 1 m de large ), seront mises en service sous l'impulsion du Conseil Général ( elles seront démantelées après leur fermetue ) :

La question de la création d'une ligne ferroviaire départementale entre Nantes et Paimbœuf, complétant le réseau local existant, est donc à nouveau débattue.

L'initiative en revient, en 1903, au Conseil général de Loire-Inférieure et plus particulièrement au marquis de Juigné, conseiller général du canton de Bourgneuf-en-Retz. Il est de la famille même de celui qui joua un rôle moteur dans l'élaboration du réseau d'intérêt local.

Le 2 juin 1903, le conseil de La Montagne nous apprend : « M. le Maire expose au conseil qu'il a reçu de M le marquis de Juigné, conseiller général du canton de Bourgneuf-en-Retz, une lettre invitant les conseils municipaux de la rive gauche de la Loire, à appuyer le voeu qu'il a déposé sur le bureau du Conseil Général, pour l'établissement d'un chemin de fer de Paimboeuf à Nantes ».

Celui-ci semble en pleine ascension politique puisqu'il sera élu, en plus de son mandat, député du Pays de Retz, le 6 ami 1906. Appuyé par le journal d'informations locales " l'Echo de Paimboauf ", il succède alors à M. Galot, comme lui conservateur, et sera réélu à ce poste le 26 avril 1910.

Dès lors, les communes de la rive gauche émettent en 1903 et 1904 des voeux d'études ( le plus tôt possible ) et de réalisation d'une ligne des bords de Loire qui brile par son absence ...

 Le conseil de Saint-Jean-de-Boiseau, le 14 juin 1903, souhaite « un chemin de fer à grande voie » (soit 1,«435 m de large). Il souligne «  soit établi entre ces deux villes en suivant les bords de la Loire. Il souligne " l'importance commerciale des communes riveraines de la Loire entre Nantes et Paimboeuf, et les difficultés de transport des marchandises et des voyageurs, en particulier pendant l'hiver ».
Puis, le 20 novembre 1904, notre conseil, comme l'ont fait ceux de la ville de Paimboeuf et des communes de Frossay, Vue et Le Pellerin, «