Histoire de Saint Jean de Boiseau

"Jack" ou L'usine d'Indret



« Evocations du Pays Nantais »
Puisent-elles [pages] aider à faire connaître
cette riche contrée et apporter aux écrivains
qui l'ont évoquée le témoignage de gratitude d'un
nantais. Auguste Pageot. 1945

Alphonse Daudet [1840.1913] est un écrivain né à Nîmes. Avec beaucoup de sensibilité et d'observation, voire même de la fantaisie, il raconte des histoires de sa Provence.

Son premier roman « Le Petit Chose » est le récit émouvant de ses années d'enfance. Son œuvre la plus mémorable semble « Les lettres de mon moulin » en 1866. Qui n'a pas lu le texte de « La Chèvre de Monsieur Seguin » ? Entre Arles et les Baux, c'est au village de Fontvieille, au moulin, qu'Alphonse Daudet flâne, écoute les récits du meunier, et note ses contes avant de les écrire à Paris. Il publie « Tartarin » en 1872.

En 1876 Alphonse Daudet décrit le monde parisien, ses splendeurs et ses misères dans son roman « Jack ». Cette histoire est le récit d'un enfant naturel, inconsciemment délaissé par sa mère, une femme entretenue par un homme riche. Jack est un enfant malheureux qui connaît une vie misérable. Adolescent, pour subvenir aux besoins financiers de sa mère, il est apprenti ouvrier à l'usine d'Indret, puis s'engage à St Nazaire comme chauffeur sur un transatlantique, le Cydnus. Jeune homme. Il finit par mourir à l'hôpital de consomption et de désespoir.

La précision de détails, son sens d'observation, ne laisse douter de la présence d'Alphonse Daudet sur l'île d'lndret.

Pour écrire ce roman Alphonse Daudet décide de se rendre sur un lieu industriel pour combler son manque d'information sur la vie ouvrière. « Il me fallait un grand centre ouvrier de j'hésitais entre les forges du Creusot et Indret. Ce dernier me décida par la vie fluviale, Le sport de Saint Nazaire. ».

Les notes de l'écrivain permettent de connaître les détails de son séjour en Loire Inférieure durant l'été 1874. « J'ai devant moi, sur la table où j'écris ceci, une photographie de Nadar portrait d'un garçon de dix- huit à vingt ans, douce figure maladive. C'est Raould D. le Jack de mon livre, tel que je l'ai connu vers la fin de 1868 ».

Son séjour concilie l'utile à l'agréable. Il s'installe à Piriac dans la presqu'île guérandais avec : sa femme, son jeune fils Léon et sa collaboratrice. « Ce fut l'occasion d'un voyage et des courses. ». Un logement est attribué à Alphonse Daudet au château d'Indret et le romancier multiplie les voyages entre le site industriel et la côte bretonne. « Quand l'expédition était trop rude, la mère et l'enfant m'attendait dans une petite auberge de Piriac, vraie auberge bretonne, blanche et carrée comme un dé au bord de l'immense océan, avec sa grande chambre aux lits rustiques, dont grande armoire dans la muraille crépie à la chaux, la cheminée remplie d'éponges, d'hippocampes. ». Deux petites fenêtres laissent paraître de belles vues : « L'une sur la jetée et l'infini de la mer, l'autre découvrant des vergers, un coin d'église et de cimetière aux croix noirs serrées et bousculées, comme si le roulis des vagues voisines et le vent du large secouaivent jusqu'aux tombes de la population marine.

Au dessous de nous était la salle, un peu brillante le dimanche soir où l'on chantait de vieux airs dont l'écho se retrouve dans mon livre. Nous aubergistes permettait d'écarter les bancs et de faire une ronde « au son des bouches ». Là venaient leurs femmes, des pêcheurs, des matelots qui étaient nos amis, ils nous menaient dans leurs chaloupes déjeuner à l'île Dumet, ou bien au large sur quelque roche. Ils savaient que la grosse mer n'effrayait plus mon petit parisien que sa maman. Et l'un, un ancien baleinier, nous disait qu'à voir toujours monsieur, madame et le petit garçon voyager ensemble lui rappelait - sauf respect - trois souffleurs de la mer du Nord qui allaient toujours de conserve, le père et le baleineau.
».

L'île d'Indret est le décors du roman sur près de cents pages. Trois chapitres sont consacrés au site industriel « Jack » est le héros apprenti de sa treizième à dix-septième année.

La vie quotidienne du personnel, des habitants de l'île, est retranscrite dans cette œuvre littéraire. Au fil des pages, au fil des lignes, le lecteur est entraîné dans l'univers laborieux des ouvriers du XIXème siècle.

"Jack"

INDRET

Accompagné de son fidèle ami Labassindre, Jack un adolescent de treize ans, remonte l'estuaire de la Loire de Paimboeuf à Indret. Labassindre, ancien forgeron, a quitté l'usine d'Indret six ans auparavant pour entrer au théâtre de Nantes, et de là à l'Opéra de Paris.

« ... Il était environ quatre heures du soir. Un soleil de juillet étalait sur les vagues la longue traîne lumineuse de son rayonnement ... De hautes voiles entrevues, qui semblaient blondes dans cette heure éblouissante, passaient au loin comme envolées. C'étaient de grandes barques venant de Noirmoutier, chargées jusqu'au bord d'un sel blanc étincelant de mille paillettes, et montées par de pittoresques équipages : des hommes avec le tricorne des saulniers bretons, des femmes dont les coiffes étoffées, papillonnantes, avaient la blancheur et le scintillement du sel. Puis, des caboteurs, pareils à des haquets flottants, leur pont tout encombré de sacs de blé, de futailles ; des remorqueurs, traînant d'interminables files de barques, ou bien quelques trois-mâts nantais arrivant du bout du monde, rentrant au pays après deux ans d'absence et remontant le fleuve d'un mouvement lent, presque solennel, comme s'il portait avec lui le recueillement silencieux de la patrie retrouvée et la poésie mystérieuse des choses venues de loin...
- Et Indret ? Où est-ce ? demanda Jack
- Là, cette île en face de nous.
Dans le brouillard d'argent qui enveloppait l'île, Jack voyait confusément de grands peupliers en files et de longues cheminées d'où montait une épaisse fumée noire, étalée, répandue, qui salissait le ciel au-dessus d'elle
».

Jack découvre une usine très active et très bruyante : « En même temps, il entendait un vacarme retentissant, des coups de marteau sur du fer, sur de la tôle, des bruits sourds, d'autres plus clairs, diversement répercutés par la sonorité de l'eau, et surtout un ronflement continu, perpétuel, comme si l'île eut été un immense steamer arrêté et grondant, activant ses roues à l'ancre et son mouvement dans l'immobilité. A mesure que la barque approchait, lentement, très lentement, parce que le fleuve était gros et dur à passer, l'enfant distinguait le longs bâtiments aux toitures basses, aux murailles noircies, s'étendant de tous leurs côtés avec une platitude uniforme, puis, sur les bords du fleuve, à perte de vue, d'énormes chaudières alignées, peintes au minium et dont le rouge éclatant faisait un effet fantastique. Des transports de l'Etat, des chaloupes à vapeur, rangés au quai, attendaient qu'on chargeât ces chaudières à l'aide d'une énorme grue placée près de là et qui de loin ressemblait à un gibet gigantesque. ».

Les deux hommes sont attendus sur la berge par Roudic, chef d'atelier aux halles de montage et frère de Labaseindre :
" La barque accosta...
- Ah ! Voilà notre nouvel apprenti. Il est gentil tout plein, ce petit gars. Seulement il n'a pas l'air fort.
- Fort comme un boeuf, mon cher, et garanti par les premiers médecins de paris.
- Tant mieux alors, car le métier est rude chez nous. Et maintenant, si vous voulez, allons voir le directeur.
Ils suivirent une longue allée de très beaux arbres, qui bientôt se changea en une rue de petite ville bordée de maisons blanches, proprettes et toutes pareilles. C'est là qu'habite une partie des employés de l'usine, les maîtres, les premiers ouvriers. Les autres se logent sur la rive opposée, à la Montagne ou à Basse Indre.
A cette heure, tout était silencieux, la vie et le mouvement concentrés dans l'usine ; et sans le linge qui séchait aux fenêtres, des pots de fleurs rangés près des vitres, un cri d'enfant, la cadence d'un berceau sortant de quelque porte entr'ouverte, on aurait pu croire le quartier inhabité.
».

Les dirigeants ne plaisantent pas devant les retardataires :
« - Ah ! Le drapeau est baissé, dit le chanteur comme ils arrivaient à la porte des ateliers ... M'en a-t-il fait des peurs, ce sacré drapeau.
Et il expliqua à son vieux Jack que cinq minutes après l'arrivée des ouvriers pour le travail, le drapeau de l'entrée descendu de son mât annonçait que les portes de l'usine était closes. Tant pis pour les retardataires ; ils étaient marqués absents, et, à la troisième absence, expédiés.
Pendant qu'il donnait ces explications, son frère s'entendait avec le portier-consigne, et ils étaient admis à pénétrer dans l'établissement. C'était un tapage effroyable, ronflements, sifflements, grincements, qui variaient sans s'atténuer, se répondaient d'une foule de grandes halles à toits triangulaires, espacées sur un terrain en pente que sillonnaient de nombreux railways.

Une ville en fer.
Les pas sonnaient sur des plaques de métal incrustées au sol. On marchait parmi les entassements de fer en barre, de gueuses de fonte, de lingots de cuivre, entre des rangées de canons de rebut apportés là pour être remis à la fonte, rouillés à l'extérieur, tout noir en dedans et comme fumant encore, vieux maîtres du feu et qui allaient périr par le feu.
Roudie, au passage, indiquait les différents quartiers de l'établissement : « Voilà la halle de montage ...les ateliers du grand tour, du petit tour...la chaudronnerie, les forges, la fonderie ... » Il lui fallait crier, tellement le bruit était assourdissant.
Jack, ahuri, regardait avec surprise, les portes des ateliers étant presque toutes ouvertes à cause de la chaleur, un grouillement de bras levés, de têtes noircies, de machines en mouvement dans une ombre d'antre, profonde et sourde, qu'une lueur rouge éclairait par saccades.
Des bouffées de chaleur, des odeurs de houille, de terre glaise brûlée, de fer en combustion, sortaient de là avec une impalpable poussière noire, aiguisée, brûlante, gardant au soleil un scintillement métallique, cet éclat de la houille qui pourrait devenir diamant. Mais ce qui faisait le caractère vif, pressé, haletant, de tout ce grand travail, c'était un ébranlement perpétuel du sol et de l'air, une trépidation continue, quelque chose comme l'effort d'une bête énorme qu'on aurait emprisonnée sous l'usine et dont ces cheminées béantes auraient craché tout autour la respiration brûlante et la plainte. De peur de paraître trop novice, Jack n'osait pas demander ce qui faisait ce bruit-là, qui, de loin déjà, l'avait impressionné.

Tout à coup ils se trouvèrent en face d'un ancien château du temps de la ligue, sombre, flanqué de grosses tours, et dont les briques, noircies par la fumée de l'usine, avait perdu leur éclat primitif
- Nous voici à la direction, dit Roudie.
Et s'adressant à son frère :
- Est-ce que tu montes ?
Je crois bien. Je ne suis pas fâché de revoir le « Singe » et de lui montrer que, malgré ses prédilections, on est devenu quelque chose d'un peu chic...
Ils passèrent sous la poterne basse, pénétrèrent dans les vieux bâtiments, une foule de petites pièces irrégulières, mal éclairées, où des commis écrivaient sans lever la tête. Dans la dernière salle, un homme d'un aspect sévère et froid était assis à un bureau sous le jour d'une haute fenêtre.
- Ah ! C'est vous, père Roudie !
- Oui, Monsieur le directeur. Je viens vous présenter le nouvel apprenti ...
- Le voilà donc ce petit prodige. Bonjour, mon garçon ! Il paraît que nous avons une vraie vocation pour la mécanique.
Puis après avoir regardé l'enfant plus attentivement :
- Dites donc, Roudie ! on n'a pas l'air solide, ce gamin-là. Est-ce qu'il est malade ?
- Non, monsieur le directeur. On m'assure au contraire qu'il est d'une force étonnante ... - ...
- Emmenez votre apprenti, père Roudie, et tâchez de nous en faire un bon ouvrier. Avec vous, je ne suis pas en peine .

Tout en causant, ils descendaient les rues ferrées de l'usine, encombrées à cette heure, la journée venant de finir, d'une foule de gens de toutes tailles, de tous métiers, bariolée de blouses, de vareuses, mêlant les redingotes des dessinateurs aux tuniques des surveillants.
Jack était frappé de la gravité avec laquelle s'opérait cette délivrance du travail. Il comparait ce tableau aux cris, aux bousculades sur les trottoirs, qui animent à Paris les sorties d'ateliers, aussi bruyantes que des sorties d'écoles. Ici on sentait la règle et la discipline comme à bord d'un navire de l'Etat.
Une buée chaude flottait sur toute cette population, une buée que le vent de la mer n'avait dissipée et qui planait comme un nuage lourd dans l'immobilité de cette belle soirée de juillet. Les halles silencieuses évaporaient leurs odeurs de forge. La vapeur sifflait aux ruisseaux, la sueur coulait sur tous les fronts, et le halètement que Jack entendait tout à l'heure, se taisait pour faire place au souffle retrouvé par ces deux mille poitrines d'hommes épuisés de tout l'effort de la journée
....
Le chanteur marchait la tête levée, parlant haut, riant fort, lançant des « bonjour père chose ! bonjour mère une telle » aux maisonnetttes égayées de figures de femmes, aux cabarets, aux rotisseries, qui emplissaient cette partie d'Indret où s'installaient aussi des forains de toute sorte, étalant leurs marchandises en plein air, des blouses, des chapeaux, des foulards, cette pacotille ambulante qu'on trouve autour des camps, des casernes, des usines
En passant à travers ces étalages, Jack crut voir une figure de connaissance, un sourire écartant les groupes pour arriver jusqu'à lui. Mais ce ne fut qu'un éclair, une vision emportée tout de suite par ce flot changeant de la foule en train de s'écouler dans la grande cité ouvrière, de se répandre jusque sur l'autre rive du fleuve, dans de longues barques, chargées, actives, nombreuses, comme pour le passage d'une armée.
Le soir tombait sur cette agitation de fourmilière dispersée. Le soleil descendait. Le vent fraîchissait, agitant les peupliers comme des palmes ; et c'était un spectacle grandiose que celui de l'île laborieuse entrant, elle aussi, dans son repos, rendue à la nature pour une nuit. A mesure que la fumée se dissipait, des masses de verdure apparaissent entre les halles. On entendait le flot battre les rives ; et des hirondelles, qui rasaient l'eau avec de petits cris, tourbillonnaient autour des grandes chaudières alignées sur le quai.

La maison des Roudie était la première dans une longue file de bâtiments neufs rangés en caserne, sur une large rue derrière le château
»
Alphonse Daudet ne cesse de noter à plusieurs reprises l'aspect militaire de l'établissement industriel.
« ...La nuit tombait, on apporta de la lumière. Les jardins voisins s'éclairaient aussi, et l'on entendait tout autour des rires, des bruits d'assiettes dans les feuilles, la trivialité en plein air des guinguettes de banlieue.
Labassindre, au milieu de l'embarras général, avait pris la parole, ramassant dans sa mémoire tous les résidus des anciennes théories du gymnase sur les droits de l'ouvrier, l'avenir du peuple, la tyrannie du capital. ll faisait beaucoup d'effet, et des camarades, venus pour passer la soirée avec le chanteur, s'extasiaient devant cette éloquence facile, que le patois oublié ne gênait plus, et clair de toute sa banalité.
Ces compagnons en costume de travail, noirs et las, que Roudic invitait à s'asseoir à mesure qu'ils entraient, avaient sur le bord de la table des poses avachies, se versaient de grands coups de vin qu'ils avalaient d'un trait en soufflant bruyamment et s'essuyant d'un revers de manche, le verre d'une main, la pipe de l'autre. Même parmi les Ratés, Jack n'avait jamais vu de pareilles façons de se tenir, et, par moments, quelque mot rustique le choquait par sa grossièreté franche. Puis ils ne parlaient pas comme tout le monde, se servaient entre eux d'une espèce de jargon que l'enfant trouvait bas et laid. Une machine s'appelait « une bécane », les chefs d'ateliers « des contre-coups », les mauvais ouvriers « de la choujlique ». Jack fut pris subitement d'une immense tristesse, devant cette tablée d'ouvriers qui se renouvelait continuellement, sans qu'on fit attention à ceux qui entraient ou qui sortaient.
- Voilà donc il faut que je revienne ! Se disait-il teriffié.

Dans la soirée, Roudic le présenta au chef d'atelier de la halle de forge, un nommé Lebescam, sous les ordres de qui l'enfant devait débuter. Ce Lebescam, un cyclope velu qui avait de la barbe jusque dans les yeux, fit la grimace en voyant ce futur apprenti habillé en monsieur et dont les poignets étaient si minces, les mains si blanches. Les treize ans de Jack gardaient en effet une tournure un peu féminine. Ses cheveux blonds, quoique coupés, avaient de jolis plis, ce tour caressant donné par les doigts de sa mère ; et la finesse, la distinction qui étaient dans toute sa personne, cette aristocratie de nature qui irritait tant d'Argenton [un ami de sa mère], ressortaient mieux encore sur le milieu trivial où il se trouvait maintenant.
Lesbescan trouva qu'il avait surtout l'air bien délicat, bien « chétif ».
Oh ! c'est la fatigue du voyage et ses vêtements de monsieur qui lui donnent cet air-là, dit le brave Roudic, et en se tournant vers sa femme :
- Clarisse, il va falloir chercher une cotte et une blouse pour l'apprenti ... Tiens femme. Tu devrais le faire monter tout de suite dans sa chambre. Il tombe de sommeil cet enfant. Et demain il faut qu'il soit debout à cinq heures. Tu entends, mon petit gars ! à cinq heures précises je viendrai t'appeler ...

Si seulement on était sûr d'avoir une petite maison sur ses vieux jours avec quelques arpents à l'abri de la mer, on n'en demanderait pas davantage, rétorque Roudic à Lebescam ...
Jack entra dans la maison. Elle n'était pas grande et se composait d'un rez-de-chaussée coupé en deux pièces, dont l'une s'appelait « la salle », embellie d'un fauteuil et de quelques gros coquillages sur la cheminée. En haut, se retrouvait la même disposition. Pas de papier aux murs, une couche de chaux souvent renouvelée, de grands lits à baldaquins avec des rideaux de vieille perse à ramages, rose, bleu tendre, ornés de franges à boules. Dans un coin, un paravent à grandes fleurs dissimulait l'échelle qui montait à la soupente de l'apprenti et formait un petit étage ambulant.
- Vous, mon garçon, vous êtes là-haut.
Il grimpa dans sa soupente, vrai galetas où le soleil donnait si fort que, même à cette heure de la nuit, les murs conservaient sa chaleur, concentrée, étouffante. Une fenêtre en tabatière, très étroite, laissant toujours le désir de l'air, s'ouvrait à même le toit.
L'enfant regardait ce plafond en pente où son front s'était déjà heurté. Il regardait aussi le costume étalé sur son lit, préparé pour l'apprentissage du lendemain : le large pantalon de toile bleue qu'on appelle « salopette » et le bourgeron piqué aux épaules de ces gros points de couture qui doivent résister à tous les efforts des bras en mouvement.
Jack pensait : « Me voilà. C'est moi, ça !
»
...

C'est ainsi Cliquez ici que la suite se passe.