Histoire de Saint Jean de Boiseau

Coiffes  et  repassage (2)

Les tissus :

A partir d'un simple carré ou rectangle de tissu amidonné, la lingère en le paillant et en le formant construit un petit chef-d'oeuvre de légèreté.

Cette légèreté était due en grande partie au tisssu utilisé. A l'origine, en effet, c'était du tulle aussi fin que possible qui servait à la confection de ces coiffes. A la fin de la seconde guerre mondiale, celui-ci devint introuvable en France et le recours à l'importation fut la seule voie possible pour les puristes Néanmoins on se servait également de mousseline, de linon (qui en fait s'avérait être de la mousseline double), de la gaze (apparue vers 1900). On utilisait également du plumetis. Hélas, tous ces produits avaient un grave défaut, le paillage s'avérait beaucoup plus délicat (surtout pour le plumetis).



Les broderies et les dentelles :

Deux à trois heures ne sont pas de trop pour pailler une petite coiffe du Pays de Retz, coiffe brodée des jours de fête ou coiffe de tous les jours.

Les broderies effectuées apportaient, elles aussi, leur touche de légèreté à cet édifice tout comme les dentelles qui y étaient jointes. Pourtant les dernières coiffes brodées de la région étaient plus claires et réalisées avec des fils tirés genre broderie bretonne. Elles étaient aussi plus lourdes. La rumeur publique prétendait qu'elles étaient faites en « gardant les vaches ».

Mais les broderies revenaient très cher et leur nombre permettaient de voir si l'on avait affaire à une famille aisée ou au contraire aux revenus modestes.

A Saint Jean, il existait une grande coiffe de « grande fête » ou de mariée, coiffe à battants. Il fallait 8 heures pour repasser cette coiffe en tulle brodé, avec le fond brodé aux 7 fleurs, les 7 vertus requises pour être une bonne épouse : la foi, l'espérance, la charité, la tempérance, la justice, la force et la prudence.

Les dentelles les plus belles venaient de malines ou de Bruxelles (dentelle Binche), dentelle assez serrée, la Malines étant encore plus fine.

Plus ordinaire était celle de Calais, dentelle plus ajourée, faite mécaniquement.

Les chignons :

La coiffe est maintenant terminée ... Il ne reste plus qu'à la porter.

Oui, mais on ne porte pas une coiffe n'importe comment. Car très souvent chaque coiffe impliquait un type de coiffure, sinon l'on risque la catastrophe. Il est en effet hautement improbable que notre objet d'art puisse tenir facilement sur la tête sans suivre quelques règles élémentaires.

Autrefois, les cheveux, longs bien entendu, étaient souvent séparés en deux sur le devant avec une belle raie au milieu. Ils étaient en outre plaqués en deux bandeaux plats et légèrement arrondis. L'art de faire tenir la coiffe était donc lié à la manière de former le chignon derrière la tête.

Pour notre commune, le chignon était du type ovale à tresses. La chevelure était également séparée en deux derrière la tête. De chaque moitié, on formait une tresse partant très à l'arrière de la tête. Puis ces deux tresses se dirigeant l'une vers l'autre étaient épinglées en un ovale plat placé assez haut sur la nuque, au moyen de grosses épingles. Il ne restait plus qu'à poser la résille et le velours prolongé de ses tresses.

Sur cette page, nous avons cité à plusieurs reprises quelques extraits d'un ouvrage de Paul Masson sur le repassage des coiffes. Ce livre s'intitule « La Dormeuse ou l'art de la coiffe nantaise ». S'il vous intéresse, vous pouvez vous le procurer auprès du musée du pays de Retz, soit en vous connectant sur leur site, soit par téléphone ou fax au 02 40 21 40 83. Prix de vente : 60 F + frais de port éventuels.