Histoire de Saint Jean de Boiseau

Le village de Launay

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Ce village est cité dans les écrits anciens comme lieu où existe une châtellenie avec son château. En 1401, on peut lire dans des documents de la seigneurie de Bougon, l'existence d'un moulin turquois dans la pièce des Prés-Durand est que le seigneur y exerce un droit de mouture. En 1417, un autre écrit nous apprend que la redevance du moulin et payé à un certain Benoît Coperbain. Ce n'est qu'en 1474 que le nom de Guillaume Laurens apparaît comme seigneur de Launay, sûrement un cadeau de François, duc de Bretagne, à son médecin Olivier Laurens, son grand père.

Guillaume Laurens, fils de Pierre, est comme son père, seigneur de Launay, docteur aux droits, procureur de Nantes en 1511, conseiller au parlement en 1555. Il a épousé Marie du Pouez en 1540. Ses déboires financiers lui font vendre ses terres et le château de Launay à l'écuyer Le Borgne qui ajoute à son nom, seigneur de Launay. Son fils, Claude Le Borgne, seigneur de Vigneu achète la seigneurie du Pellerin, il sera avocat général à la Cour des Comptes. Son petit-fils Claude, lui aussi avocat à la Cour des Comptes en 1642, se marie à Antoinette Rogon en 1679. Elle lui donne deux filles. La première, Anne se marie à Jean Binet, seigneur de Jasson à Brains et comte de la Blotière. La seconde, Pélagie s'unit au fils du seigneur de Rezé, Laurent de Monti qui est lieutenant-colonel. Son père Charles de Monti qui possède les terres de Rezé, de Bougon et de Roche-Ballue, entreprend de refaire le château de Launay pour abriter les deux tourtereaux. Ce sera leur cadeau de mariage.Il fait refaire la partie centrale dans un style Renaissance. Si on visite le bâtiment on voit encore la trace de ces modifications, en particulier dans les combles où il y a encore la trace de grandes cheminées et de carrelages, ce qui laisse imaginer un château beaucoup plus haut. On sait que les bâtiments étaient plus ou moins en ruine lors des travaux. En 1708, ils y habitent et l'année suivante, ils font construire une petite chapelle sur la cour d'accueil. Cette chapelle est dédiée à la Vierge-Marie.

Le couple a sept enfants : Laurent-Yves, Elisabeth-Pélagie, Pélagie-Marquise, Charles-Claude, Marie Adélaïde, Charles, Angélique-Geneviève.

Dans cette chapelle, ont été célébrés des mariages, des baptêmes et des sépultures. En face de cette chapelle, une très large allée plantée de grands arbres relie le chemin de La Briandière à Bouguenais.

Trois enfants sont enterrés dans le petit cimetière près de la chapelle : Julien en 1734, Louis-Alexis en 1740 et Marie-Pélagie en 1742 dont le baptême a été célébré le 26 avril 1742 dans la chapelle par le recteur d'Arthon-en-Retz et elle porte le nom de Marie-Pélagie de Monti de Beaubois sur son extrait de naissance. Dans les années 1990, on peut voir le petit autel ainsi que la chapelle, sans son toit. Aujourd'hui, le seul vestige est le bénitier placé sur un escalier de la demeure.

En effet, le nouveau propriétaire a installé contre les murs une cuve à pétrole. Hélas, en 1994, la cuve a une énorme fuite, le pétrole se répand partout et tout doit être démoli pour nettoyer les lieux.

Laurent-Yves, né en 1709, se marie en 1728 à Marie Busson. Il hérite de la propriété en 1730. Le couple va avoir 10 enfants : Laurent-Yves, Julien, Charles, Charles-Joseph, Jérôme-Salomon, Marie-Claude, Laurent- Joseph, Louis-Alexis, Marie-Pélagie, Marie-Emilie.

Marie-Claude, Chevalier seigneur de Launay, Enseigne, Officier des vaisseaux du Roi, marié à Julie, Rosalie, Louise Maillard de Bois-Saint-Lys est le seul des enfants à porter le titre de seigneur de Launay. En 1821, il décède à 85 ans, à la Rivière-Beaumanoir, à Port-Saint-Père.

Laurent-Yves de Monti meurt le 9 janvier 1768. Ses funérailles sont célébrées au château par les vicaires Bouffard et Chrétien, en présence des seigneurs Binet de Jasson et Martel du Pé. Sa veuve le fait enterrer auprès de la chapelle. En 1775, la famille revend la propriété à François-Bertrand de Cœuvres, riche armateur nantais.

Ce dernier exige que les dépouilles de la famille de Monti soient retirées de ses terres. Elles sont transférées dans le cimetière de Saint-Jean-de-Boiseau.

A la révolution, la riche famille de Cœuvres part se réfugier à l'étranger. Les biens sont confisqués et vendus comme biens nationaux. La famille Halgouët-Bouteiller acquiert la propriété de Launay. La famille Athenas-Cormier rachète les terres et la demeure de la Fenêtre à Saint-Jean-de-Boiseau. La famille Bouteiller installe un métayer de Pont-Saint-Martin sur les terres de Launay. Il est chargé de faire payer les loyers aux locataires du château et des dépendances de Launay.

En 1846, au recensement, on compte huit familles au village et au château soit un total de vingt-quatre individus. A partir de 1877, on loue à des familles qui travaillent pour l'arsenal Indret. On y trouve là, chaudronniers, forgerons, un gardien de l'arsenal, une couturière, des manœuvres. En 1881, on dénombre huit maisons autour du château, dont deux fermes, une charpenterie et des maisons de cultivateurs. La population est de quatre-vingt personnes dont quarante dans la cour et le château. Ce village un peu à l'écart, est séparé par un ruisseau de La Montagne. On apprend dans les archives, que pour la cérémonie d'arrivée du nouveau curé Jean-Marie Musset, remplaçant du curé Chauvin, le 8 décembre 1882, les crues de la Loire et des ruisseaux sont si importantes que les habitants de Launay et du Brouillard ne peuvent assister à la cérémonie. Le ruisseau qui longe la route de La Briandière au château d'Aux est infranchissable. Divers courriers du préfet font remarquer au maire que ce village et les chemins sont très sales et demandent aux fermiers de ne plus laisser leur tas de fumier devant les maisons. A cet effet, le conseil municipal prendra un arrêté, bien plus tard, en 1933, pour l'ensemble de la commune. Cet arrêt indique que des poursuites seront engagées contre les personnes qui déposent sur la voie publique et caniveaux des ordures ménagères et débris de poisson.

Au village, dans les années 1880, il y a un écrivain public qui travaille aussi à l'arsenal d'Indret.

En 1900, on compte cinq grands pressoirs en activité et un four à pain dans la rue Jean-Mermoz.

L'étang, situé à l'ouest, est curé tous les ans par les habitants du village. A cette occasion, on organise un repas commun sur ses rives. Une peinture de Félix Pavy, beau-frère de Rachel Pavy, illustre ce premier. Au premier plan on peut voir le lavoir qui encore utilisé avant la dernière guerre.