Histoire de Saint Jean de Boiseau

Le Patrimoine religieux





Si, pour la majeure partie de la population boiséenne, le patrimoine religieux de la commune se résume à l'église et à la chapelle de Bethléem, il existe cependant de nombreux éléments matériels aujourd'hui pratiquement tombés dans l'oubli. Cet article qui n'a pas la prétention d'être exhaustif, se donne comme objectif l'inventaire des calvaires, croix, chapelles, oratoires ainsi que les maisons à niche et les puits portant un signe distinctif en rapport avec la religion. J'y ai inclus ceux de La Montagne avant 1877, date de création de cette commune.

L'église et la chapelle de Bethléem ont déjà fait l'objet d'articles dans notre bulletin dans les numéros 3, 5, 11, 13 et 22. Aussi, je ne retracerai que l'histoire des autres éléments existants ou disparus. Elevés avec passion et foi par ceux qui nous ont précédés sur ce territoire, ils sont les témoins d'une ferveur populaire envers la doctrine chrétienne. La religion a dicté la façon de vivre des paroissiens jusqu'au concile de Vatican Il, avec son faste et son décorum, ses règles et ses interdits auxquels même les non-croyants étaient parfois mêlés. Les enfants nés après 1970, n'ont pas connu ces pratiques et ces traditions : se signer chaque fois que l'on passait devant une croix ou faire la génuflexion devant un calvaire.

Placées sur le chemin des processions les croix matérialisaient un événement, heureux ou malheureux, où le cortège faisait une halte pour y réciter une prière. Même sur les chemins isolés où à l'angle d'un carrefour, ces petits monuments étaient régulièrement fleuris par les habitants du village le plus proche. Elles portent le plus souvent le nom du lieu où elles se trouvent, car les documents précisant les circonstances de leur érection sont rares avant le XIXème siècle. Les autres sont connues par le saint où la sainte qu'elles honorent enfin aussi quelquefois par le nom des donateurs.

Si notre époque est plus sensible à d'autres expressions et croyances qu'à l'implantation d'une croix, il serait cependant très regrettable que ces monuments chargés d'histoire, disparaissent de notre paysage. Qu'adviendra-t-il de ce patrimoine lorsque les personnes âgées qui les entretiennent ne pourront plus le faire ? Déjà, plusieurs ont été détruits et d'autres, presque à l'abandon, sont menacés.

Les croix

Une croix est un édicule religieux chrétien avec ou sans Christ en croix. A Saint-Jean elles sont de 3 types et repérées sur le plan avec des numéros de 1 à 17 :

Croix de pierre

Elles sont au nombre de quatre dont probablement la plus ancienne de la commune étant celle des petites Landes. Dans le langage courant elles sont souvent appelées calvaire.






Croix de la Télindière :

Situation carte : cadastre 2005 : section G, feuille 2. Numéro 358.
Date de construction : 1803
Croix en granit et socle maçonné en gneiss comportant l'origine de la croix.
Historique : Croix érigée par les époux Simon Mocquard et Catherine Thabard. Elle a été restaurée en 1890 par leurs arrière-neveux.








Croix du chédâne:

Situation carte : cadastre 2005 : section G, feuille
2. Numéro 378.
Date de construction : avant 1836.
Croix en granit avec socle maçonné en gneiss et granit avec niche.
Historique : Calvaire d'origine inconnu, détruit en septembre 2006 pour la création d'un rond point. Elle était proche de l'ancien moulin Veil et du village du Surchaud, à la limite de la commune avec celle du Pellerin. Cette croix est citée lors du circuit des processions des Rogations du mardi. Celle-ci partait de l'église en direction de la route de Paimboeuf, en montant par le Landas, puis arrivée face au Surchaud, elle quitte la route de Paimboeuf (grande route) traverse le Surchaud, se rend à la croix Chédâne, de là se dirige à la Télindière, qu'ellle traverse, remonte la rue du château pour prendre le chemin qui conduit à Bethléem, puis, la messe est dite à la chapelle et la procession regagne ensuite l'église. Rédaction de l'abbé Nouël (1859-1873).







Croix de la clotais :

Situation carte : cadastre 2005 : section E124, feuille 2.
Date de construction : 1862.
Croix et socle en granit. Crucifix fonte moulée. Origine gravée sur socle.
Historique : Croix érigée pour la mission de 1862. C'est la première mission qui nous soit décrite pour la commune. Elle se déroula le 12 janvier, jour de l'épiphanie. Les exercices de la mission furent faits par le supérieur des missionnaires de l'lmmaculée de Nantes, M. Jubineau et ses ouailles Grasset et Brelet, ainsi que quelques prêtres du voisinage. Elle commença par une messe à 9h1/2, des messes pour les défunts et le renouvellement du serment du baptême etc... . Au cours de cette mission 650 habitants communièrent. Une somme de 11OO francs fut recueillie pour la paroisse et à cette occasion une croix fut érigée sur la route de Bouguenais à la Clotais. Elle fut financée par les paroissiens présents et Mme De Martel, son coût était de 300 francs. Quarante jours d'indulgences furent accordés par l'évêque à ceux qui diraient une prière devant cette croix.







La roche de grée :

Situation carte : Roche de Grée route de Paimboeuf. Cadastre 2005 : pas recensé.
Date de construction : 1800/181O.
Historique : après les guerres de Vendée les paroissiens de Brains, Saint-Jean-de-Boiseau et Le Pellerin décidèrent d'ériger ce calvaire, là où fut tuée Anne Jeanneau, le 10 septembre 1793, par les colonnes infernales. Jeanneau Anne, mère de François Girard, a été tuée par les troupes républicaines le 10 septembre 1793 au lieu de la Roche des Grès, et son corps a été inhumé au lieu ordinaire de son village, elle habitait la Télindière.

Le même jour, 11 autres personnes des 3 communes furent aussi tuées dans les environs, au Bois de Jasson, au Vieux Four, au Surchaud, à la Prunière. Ces deux derniers villages ayant de plus été presque entièrement brûlés par les soldats républicains.

Ce lieu d'une martyre fut peut être choisi parce qu'il se trouve au point de jonction des trois communes du canton durement frappées dans cette période : Brains, Saint-Jean-de-Boiseau et Le Pellerin. Cette dernière explication est très plausible, car la tradition orale, rapporte que cette croix fut érigée par les paroissiens des trois paroisses. Lors d'une procession, ils apportèrent chacun une pierre, qu'un maçon disposait en cercle pour former une colonne. Ceci expliquerai l'absence de fondation à l'édifice et qui le rend si fragile. Une croix en granit fut mise au sommet. Un petit jardinet, fleuri régulièrement par madame Grollier, de la ferme et du moulin situés juste en face, était entouré de pierres à la base de la colonne.

Chaque année, lors des ROGATIONS, les processions des trois communes convergeaient vers cet endroit pour une dernière halte et chanter un REQUIEM, le LIBERATOR annonçant la fin de la cérémonie.

1968 verra l'arrêt de ces cérémonies et l'entretien de la croix ne fut plus assuré après de décès de la madame Grollier. La croix de granit se brisa et le jardinet redevint prairie.

Le Souvenir Vendéen, par l'entremise de l'un de ses membres, en l'occurrence Pierre Fréor, voyant le monument en mauvais état, décida de réparer la croix. Il en fit une en fer forgé dans son atelier, qu'il scella au tronçon de granit subsistant de la croix d'origine. Une petite cérémonie en présence de l'abbé Siloray marqua cette restauration peu réussie.

Croix de Bougon photo croix de belle étoile :

Cette croix dont le socle et la croix sont en granit, se situe dans un jardin côté rue de l'ancienne route de Paimboeuf, au carrefour de la belle étoile. Elle existe toujours et ne porte aucune inscription. Grâce à Lucie Grellier née Brounais, aujourd'hui âgée de 101 ans nous avons pu obtenir quelques informations sur ce calvaire : Il date de la période de mon grand-père (le grand père de Lucie) née en 1831 mort en 1914 en allant livrer de la marchandise à Nantes : sa charrette l'a écrasé. Au départ, le calvaire était situé à l'angle du chemin qui reliait La Montagne à la route de Paimboeuf, appelé en 1836, le chemin des vaches. Lorsque le chemin a été élargi pour devenir la route de la Belle Etoile (1), le calvaire a été déplacé sur le terrain devant la maison de Jean Grellier. Cette maison a été construite en 191O. La maison contiguë a été construite en 1936. C'était un café qui a été déplacé de l'autre côté de la rue de La Belle Étoile. Les processions de Brains s'arrêtaient à ce calvaire avant de poursuivre vers une autre station. Ce calvaire a donc plus de 150 ans. Voir réalisation de la route de la Belle étoile.

(1) Nom donné par les habitants du voisinage , parce que le premier garage Brounais avait sa toiture mal couverte et le personnel avait l'impression de travailler à « La belle étoile ».

Croix en fer

Ces croix sont très rares en Bretagne, sauf en Loire Atlantique. Il en existait cependant au XVllème pour christianiser les mégalithes en fixant à leur sommet ces symboles religieux. Beaucoup sont récentes et proviennent de la récupération sur des tombes du cimetière, probablement lors de son transfert au lieu actuel.









Croix du Landas :

Situation carte : cadastre 2005 : section E, feuille 4, numéro 1166.
Date de construction : début XXème.
Croix métallique moulée, socle en maçonnerie . Historique : Origine inconnue. Se trouvait sur le circuit des processions. Légèrement déplacée pour la construction du rond point en 2006.










Groix des Gras :

Situation carte : cadastre 2005 : section F, feuille 1 numéro 561.
Date de construction inconnue.
Croix métallique et crucifix moulé en fonte. Socle maçonné en pierre de gneiss avec niche, surmonté d'une dalle de granit.
Historique : Croix érigée sur le chemin qui conduisait du bourg à la Télindière avant la réalisation de la route dite de Nantes à Cheméré, donc antérieure à 1850. Elle est toujours fleurie par une paroissienne de ce village.








Croix de la Lirais :

Situation carte : cadastre 2005 : section C, feuille 3, numéro 1858.
Date de construction : inconnue
Socle en granit et croix métallique moulée avec crucifix.
Historique : Calvaire détruit en 2006 pour la réalisation de la voie rapide Nantes­Paimboeuf. Situé sur le circuit des processions. Inscription d'origine sur le bloc frontal du socle non lisible. Les éléments ont été récupérés par la municipalité pour un éventuel remontage dans un lieu proche.








Croix de la Fontaine :

:Situation : place des acacias à la Télindière. Elle fut érigée en 1967. Son socle en maçonnerie est surmonté d'une croix en fonte moulée offerte par la famille du boulanger Fleurance. Cette croix a été récupérée sur la fontaine qui se trouvait au centre de la place.












Croix de la rue Jean de Martel :

Situation, au 19 rue Jean de Martel. Elle a été supprimée par les nouveaux propriétaires lors des travaux de rénovation de la maison au début de l'année 2000. Son socle en maçonnerie, surmonté d'une dalle de pierre, comportait une croix métallique moulée avec un christ en croix entouré de vignes. Autrefois il était régulièrement fleuri notamment par Anna et Maria BODINEAU.








La Perche :

Le troisième oratoire se situait rue de la Perche, au bord de la route contre le mur de la maison à Marie Delaunay-Buaud. Il était constitué d'un massif de maçonnerie surmonté d'une croix métallique. Il a été démoli par un camion qui effectuait une manœuvre entre 1944-1945. Il empiétait sur la chaussée. Il ne reste plus qu'un pan de mur en bordure de la route face au numéro 25.










Croix de Bois :

La croix Truin :

Situation carte : cadastre 2005 : section D, feuille 2, 1727.
Date de construction 1875
Croix en bois, crucifix en fonte moulée et socle en granit.
Historique : Croix érigée en 1876, en souvenir du jubilé paroissial de 1875. Il fut très suivi par les paroissiens. Cette initiative est due au curé de l'époque, Guillaume Durand Gasselin. La croix en bois fut donnée par la famille de Laville­ Leroux.

En 1991, le socle de la croix menaçait de s'effondrer. Devant le danger représenté par la chute du monument, les retraités de l'Alerte décidèrent de démonter cet ensemble et de le restaurer. Ce travail fut réalisé entre le 24 novembre 1990 et le 18 mars 1991. Pour célébrer cette remise en état, une petite cérémonie fut célébrée en présence des bénévoles, auteurs de ce travail, ainsi que de quelques paroissiens et le curé de Saint Jean, Joseph Fleury.

Croix des défunts dans l'ancien cimetière :

La croix Truin : Située dans la partie Est de l'ancien cimetière, autour le l'église. Elle était en mauvais état en 1832 et menaçait de tomber. Le conseil de fabrique fit l'acquisition d'une nouvelle croix le 2 décembre de cette même année. Elle a été détruite lors du transfert du cimetière au lieu actuel en 1861. Nous n'avons aucune description .




La croix des défunts devant l'église :

Cette croix située devant l'ancien réseau du chœur de l'église, est appelée croix des défunts en souvenir de l'ancien cimetière qui se trouvait sur la place. Elle fut érigée le 21 avril 1862. Pour son acquisition le curé donna la somme de 300 francs et il la bénie en 1863. C'est à cet endroit qu'on mettait le principal reposoir lors des fêtes Dieu.

Elle a été supprimée en 1966. Le socle quant à lui fut détruit lors des travaux d'aménagement de la place. La croix était pourrie et le christ en fonte, couleur argenté, fut démonté puis récupéré par le curé Rucher. Il en fit don à Paul Gautret qui l'entreposa pendant 30 ans dans son atelier à la Télindière. Après bien des démarches auprès de l'évêché et le secours catholique, Paul Gautret, missionnaire en Côte d'ivoire le fit transporter à Saint-Nazaire pour être acheminé par bateau en Afrique. Elle a été remontée dans l'église du village de SAKASSOU (2) fin novembre 1999. Dès que le père Gautret quitta son cher village, son successeur, un missionnaire italien, peignit le christ de Saint Jean avec des couleurs pour lui donner une apparence plus humaine.

Croix de Boiseau :

Elle se situait dans la rue des commerces. Elle était, nous dit l'abbé Nouël, au milieu du village. Elle existait encore en 1860 et on y faisait une halte lors de la procession des Rogations du mercredi. Elle a disparu depuis et nous n'en avons aucune description. Par contre en 1836 une croix est signalée sur le cadastre à la place du futur oratoire du Dine Chien.

Croix de la métairie des Landes :

Croix disparue. Nous n'en avons aucune description. Dans les registres de la fabrique nous avons la preuve de son existence : Le 12 janvier 1872, il est indiqué qu'une réparation y a été faite.



Croix Saint Jean à Rocheballue :

Elle se situait sur la commune avant la séparation de 1877. Cette croix a été détruite à une date inconnue. On retrouve sa situation sur le cadastre de 1836, à l'intersection de la route de Bouguenais et celle menant au village de Roche-Ballue proche du château d'Aux. Nous n'avons pas sa description.

La procession des Rogations du lundi partait de l'église à 6 heures du matin, rejoignait la route de Paimboeuf par la Métairie des Landes, puis le chemin qui va vers Roche-Ballue où l'on fait un arrêt à la croix pour y chanter un Libertas pour les victimes des massacres du château d'Aux ( pendant les guerres de Vendée), puis à la chapelle du château d'Aux où avait lieu la messe de la station. On revenait à l'église en passant par le Fresne, la Briandière et la Cruaudière. On faisait une halte au bout du Chemin des Vaches avec retour par le Landas.

Croix au bas de Primevère :

Cette petite croix se trouvait être à usage privée dans le jardin de la maison située en bas la rue des primevères, côté rue du Chat qui guette. Elle a été détruite.

(2) SAKA veut dire tombeau de la reine qui fonda ce village.