Histoire de Saint Jean de Boiseau

Les Moulins à vent (1)



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1 - Retour rapide en arrière :

Avant que le moulin à vent ne soit conçu, l'écrasement des graines était obtenu à l'aide de pilons ou de mortiers que, seule, la force humaine pouvait activer. Son apparition sera donc un progrès énorme et il est connu de longue date puisque des textes de l'Islam parlent de lui au VII° siècle déjà. Sa conception est alors totalement différente de celle que nous connaissons aujourd'hui. S'il est bien constitué d'une tour, celle-ci en revanche n'est point équipée d'ailes. Elle est, en fait, percée de meurtrières dans lesquelles s'engouffre le vent. Ces étranglements augmentent la vitesse de celui-ci qui vient ainsi frapper avec d'autant plus de force les aubes d'une roue à palettes. Cette dernière placée horizontalement a donc son axe vertical qui entraîne en partie basse la meule dévolue à l'écrasement des grains.

Plus proche de nous, le moulin sur pivot, tout en bois, est connu en France dès le XIII° (un texte anglo-saxon atteste sa présence en Europe dès 833). Mais c'est surtout à partir du XV° que les moulins à vent, tels que l'on peut les revoir encore parfois, dits "moulins à tour" se sont répandus dans notre région. A la fin du siècle dernier, les six départements de l'ouest regroupaient le tiers des moulins à vent de tout notre pays.

L'architecture de ces moulins est assez semblable : une solide construction de pierre, bien ancrée sur un site assez élevé et surmontée d'une toiture conique, pivotante qui supporte les ailes de façon à pouvoir s'orienter en fonction de la direction des vents et bénéficier ainsi au mieux du maximum de leur puissance.

Durant cinq siècles, ces constructions ont subsisté sur notre sol pour être finalement détrônées par la machine à vapeur. Les fariniers ont ainsi fait place aux minotiers et les ailes des moulins, figées aux sommets des coteaux, se sont lentement effondrées, emportées par le vent, celui-là même qui leur avait insufflé si longtemps la vie.


2 - Description et fonctionnement :



L'ingéniosité de l'homme lui a permis au fil des ans de lui permettre de domestiquer la force du vent pour subvenir à toutes les fonctions d'un moulin qu'il s'agisse de moudre les graines ou qu'il s'agisse des servitudes qui en découlent comme par exemple monter aux étages supérieurs les sacs de ces graines.

Deux grandes catégories de moulins se distinguent :

Dans les deux cas, l'orientaion se faisait à l'aide d'une queue de mise au vent. Cette orientaion s'est faite à l'origine par la seule force du meunier, puis par la force animale (on attelait un âne à cet accessoire), et enfin par la force mécanique (à l'aide de palans, de treuils etc.). Sur les derniers moulins, des systèmes mécaniques internes permettaient cette orientation.

Le vent entraînait donc les ailes ; celles-ci fixées sur un axe incliné de 12 à 15 ° par rapport à l'horizontale transmettaient le mouvement à la pignonnerie qui se trouvait derrière. A l'origine, ces ailes constituées de deux poutres croisées ( appelées vergues ) étaient équipées de voiles que le meunier devait installer et ... surveiller car suivant la violence des courants aériens, cette voilure devait évoluer. C'est au cours du XIX° siècle qu'un homme, Berton, conçut un nouveau mode de prise au vent. Ce procédé ne faisait plus appel à des voiles mais ... à des planches. Celles-ci montées sur les ailes avaient la faculté de se déployer ou au contraire de se rétracter à la demande. Ainsi le meunier, de l'intérieur de son moulin et sans arrêter celui-ci pouvait en fonction des vents jouer sur la « voilure ».

Un système interne de différentiel ( Vue 1 ) permettait de jouer sur la couronne extérieure ( Vue 2 ). Cette dernière par l'intermédiaire de tringleries appelées vergettes faisait se déployer à la demande les lames sur la vergue ( Vue 3 ).

Ce fut un progrès considérable. Ainsi une voilure composée de 10 lames de 20 cm de largeur pouvait atteindre 2 mètres de largeur et se rétracter jusqu'à n'offrir au vent qu'une seule lame soit 20 cm de largeur, ces lames venant se recouvrir les unes les autres.


Vue - 1. Différentiel de commande de la voilure ( situé sur l'axe «horizontal» )

Vue - 2. Couronne extérieure

Vue - 3. Schéma de transmission de commande de la couronne aux lames

Ailes et axe tournaient donc. Leur mouvement était transmis à angle (presque) droit à un autre axe, vertical celui-ci, par le biais d'une grande roue dentée qui engrenait avec un petit pignon augmentant ainsi la vitesse de rotation. La vue ci-dessous représente cette transmission. Les dents des engrenages (en bois) devaient transmettre la totalité de la puissance et devaient donc être d'une grande résistance à l'usure.

Liaison entre «arbre» horizontal et arbre «vertical»

Pour moudre le grain, il ne restait plus qu'à fixer sous cet axe une meule tournante. Elle pouvait être entraînée soit directement par l'arbre soit par un jeu d'engrenages intermédiaires lui donnant ainsi une vitesse différente et transmettant en outre la puissance du moulin à un certain nombre d'organes annexes.
Celle meule tournante effectuait son mouvement de rotation au-dessus d'une autre meule dite dormante, et donc fixe cette fois-ci. Le grain arrivait par le biais d'une trémie en partie centrale de la meule tournante, se glissait entre les deux et était ainsi broyé. Cette dernière opération était « contrôlée » par le biais d'un régulateur à boules qui agissait sur l'écartement des meules à l'aide d'une tringlerie spéciale en fonction de la vitesse de rotation

Introduction des graines entre les meules

Les meules devaient avoir une configuration spéciale qui permettait l'introduction de la graine et l'évacuation de la farine sur les bords par effet de force centrifuge. Là, intervenait le « rhabilleur de meules ». C'était tout un art, soulever la meule supérieure n'était déjà pas une chose aisée mais travailler sous elle pour redonner à la meule inférieure toutes ses aspérités était encore plus pénible. L'usure avait provoqué une surface de contact trop importante entre les deux meules. Par marquage avec un produit colorant, on déterminait les surfaces qui devaient être reprises. Celles-ci étaient travaillées par martelage. Mais la surface obtenue - devenue à son tour trop grossière - devait être adoucie pour rester dans des valeurs correctes car trop de rugosité aurait permis aux graines de rester entre les aspérités et aurait diminué le rendement des meules.

La farine, une fois obtenue était dirigée vers une blutterie. C'est là que s'effectue la séparation de la farine, du gruau du son. Il ne restera qu'à la conditionner en sac pour s'ensuite livrée.



3 - De la fonction de meunier :

Autrefois, chaque foyer faisait lui-même son pain. L'approvisionnement en farine était donc une chose essentielle et le meunier qui avait la charge de cette production était donc un personnage important car, si aujourd'hui la part du pain dans l'alimentation a beaucoup diminué, autrefois ce produit était à la base de toute nourriture dans nos régions. Le meunier pait ses services en retenant à son profit une partie de la rcéolte qui lui était apportée. Cette part était souvent voisine de 10% du poids apporté à moudre. Cette pratique a souvent provoqué certaines réticences de la part de ceux qui portaient leur blé, estimant que le meunier avait souvent une fâcheuse tendance à aller au-delà de cette quote-part.

La fonction de meunier comprenait toutes les actions nécessaires depuis la collecte des sacs de blé jusqu'à la livraison de ceux de farine. Mais le gros de son activité se concentrait autour du fonctionnement de son moulin. Il ne faut surtout oublier qu' il était d'abord tributaire des vents et que ses horaires étaient donc imprévisibles. Si le vent soufflait, la journée de travail avait une fâcheuse tendance à s'éterniser, voire atteindre les 24 heures et elle devenait particulièrement pénible. Pour l'aider dans sa tâche il avait donc recours lorsqu'il le pouvait aux membres de sa famille ( parents, enfants etc. ). Sinon, il devait s'assurer le concours d'un aide ... qu'il devait rémunérer.

Pour mettre son installation en fonction, il devait d'abord orienter son moulin et déployer sa voilure. En fonction de la violence, des vents il développait plus ou moins celle-ci mais cela ne le dispensait pas de contrôler en permanence la rotation des meules et d'agir en conséquence sur un frein. Un autre de ses gros soucis consistait à surveiller constamment la qualité de son produit fini : la farine. Il devait donc veiller à la régularité de la finesse de celle-ci, il devait juger sa blancheur, argument de plus-value, de sa consistance, de son moelleux, de sa bonne séparation dans la blutterie des produits secondaires : gruau et son.. Cela ne le dispensait absolument pas de surveiller l'ensemble de son moulin, huiler certaines parties, surveiller les échauffements intempestifs, contrôler les usures qui pouvaient se manifester, effectuer toites les tâches annexes de son activité : transfert des sacs de blé en partie supérieure du moulin, déversement de la matière première dans la trémie etc.

Moulin de la Rochelle - Peinture d'Edmond Bertreux

Pour agrémenter quelques vues à vous.