Histoire de Saint Jean de Boiseau

Le commissaire Saint



Vous voulez en savoir plus ?
Consulter la page sur le site d'histoire de St Jean de Boiseau

Présentation du personnage :

Saint est né à Auray dans le Morbihan vraisemblablement en 1746. C'est un personnage d'un mètre soixante-seize au visage assez ingrat et borgne qui plus est. Il viendra durant la Révolution sur la canton du Pellerin comme commissaire. Sa fonction ne doit pas ètre comprise comme celle d'un fonctionnaire de police mais plutôt comme celle de quelqu'un qui est COMMIS à  une tâche. Celle de Saint consistait à  surveiller la population mais aussi et surtout à  permettre la mise en place de la nouvelle administration que la Révolution apportait avec elle. Il avait donc un rôle de liaison avec les autorités départementales et locales, rôle qu'il assuma pleinement.

Il arrivera en juin 1789 au Pellerin (3 kilomètres de St Jean), le quittera lors des évènements de 1793 pour y revenir un peu plus tard lorsque le calme sera revenu. C'est à  partir de cette époque qu'il assumera sa charge de commissaire pour le canton.

Homme d'une certaine culture (il n'hésitait pas à  ponctuer parfois ses courriers de citations latines), il faisait preuve d'un caractère très fort ne se laissant pas intimider par les menaces dont il a été l'objet en cette période trouble. Il n'hésitait pas non plus à  dénoncer tout ce qui lui paraissait ne pas aller dans le sens de la justice mais savait également pardonner à  ceux qui se repentaient - du moins sincèrement.

Saint (le commissaire) et Saint Jean de Boiseau :

Saint se méfiera toujours des habitants de St Jean. S'il est le premier à  reconnaître leur empressement à  se mobiliser lorsque des dangers menacent, il est aussi le premier à  dire d'eux qu'ils n'obéissent qu'aux lois qui les arrangent et qu'ils n'hésitent pas à  gèner la mise en application des textes qui les dérangent.
C'est lui qui mentionnera dans un rapport adressé aux autorités départementales :« Les habitants de Boizeau conservent l'indépendance qu'ils avaient mème avant la Révolution, ils n'obéissent à  aucune loi qui contrarie leur volonté ou intérèt ; ils sont tous laborieux, aisés, mais en revanche bien mutins ».

Saint est un personnage intègre. Il est en place pour assurer une mission et croit à  celle-ci. Il ne peut donc que s'offusquer lorsque des évènements ou des prises de position ne vont pas dans le sens qui lui paraît souhaitable. De ce point de vue, il n'est pas sans avoir quelques analogies avec   Danghin, curé de St Jean. C'est pourquoi, alors qu'en juillet 1795, un garde-champètre a été désigné dans la commune, il écrira : «... cette établissement déplaît et gène la plus grande partie, pour ne pas dire tous les habitants de cette commune, il parait qu'ils sont convenus de ne pas lui procurer un logement, et pour se moquer de lui ou masquer leur conduite, on lui demande 130 livres par an pour deux chambres auxquels il n'est attaché ni jardin, ni terre quelconque. »

Il en est de mème à  l'égard des préposés des douanes dont une brigade est enfin établie en cette commune, les préposés ne peuvent trouver de logement.

Il n'y a pas de doute que les habitants sont coalisés pour refuser habitation à  ces fonctionnaires publics, croyant par cette ruse éloigner ces surveillants de leur fraude et dilapidation rurale.

Saint et certains habitants de St Jean :

C'est presqu'une véritable traque que mènera Saint pour connaître les activités des gens qui lui paraissent suspects et, naturellement en premier lieu, les représentants de la noblesse locale et leur domesticité qu'il soupconne d'ètre opposés à  la Révolution.

Le premier sur la liste sera le seigneur de Martel et son château du Pé : « Cette maison appartient aux héritiers du ci-devant noble MARTEL. La veuve Kercabus de Guerrande en est propriétaire. Cette maison est ouverte par prédilection aux royalistes et fanatiques ; mais marytre, domestiques, métayers ... leur sentiment qui transpire cependant et donne une grande suspicion sur le monde de cette maison », ou bien encore : «Je le fais surveiller car il est suspect à  tous les citoyens de la commune de Boizeau ; il est d'une caste qui inspire ce sentiment. Tous les métayers et gens attachés à  sa maison n'ont pas une bonne représentation parmi les républicains. ».

Le second sera le seigneur d'Aux qui demeure dans sa splendide demeure qu'il vient d'ériger sur l'ancienne terre de la Hibaudière : « ... c'est un ci-devant seigneur, il se retira à  Nantes aussitôt l'insurrection de 1793 pour masquer ses vàses contre les révolutionnaires, car la plupart de ses domestiques notamment un LAPIERRE étaient à  la tète et les plus scélérats des révoltés ... Il est donc soupçonné non seulement d'avoir favorisé mais encore d'avoir excité l'insurrection de 1793 ; aujourd'hui terrassé par la perte de tout son bien en Amérique et par le séquestre mis sur celui de France, cet homme dont le naturel n'est pas porté à  l'intrigue et aux grandes manoeuvres se conforme dans sa maison de la Hybaudière où il s'est rendu de Nantes il y a environ 6 mois, se conforme dis-je aux événements et circonstances, mais cette tranquillité naturelle ou apparente n'ôte pas la suspicion sur son compte ».

Si les maisons du Pé semblent attirer l'attention de notre commissaire, il en est une, celle de la Cruaudière qui n'a rien à  leur envier. Elle appartient à  la famille de La Ville-Leroux.

De Laville-Leroux aura le triste privilège d'attirer plus que le seigneur local l'attention du commissaire, pourtant il traversera cette période sans subir d'attaque vraiment directe. Suprème habileté ou conscience pure ?

D'autres personnes furent la cause d'une surveillance particulière de Saint. Elles sont d'origine plus modeste mais aux dires de l'auteur de ces lignes, elles n'en sont pas moins actives pour autant.

Thabard Louis qui réside au village de Télindière : « ci-devant procureur de la commune et a suivi le parti vendéen ; voici encore un avocat de campagne peu fanatique mais royaliste outré ; il tourne en ridicule le républicanisme, il dit sans cesse, mais il choisit son temps et les personnes en sorte qu'on a pu avoir de preuves suffisantes, il dit, dis-je :
Parez-vous autant d'impôts au tems du Roi ?
Aviez-vous autant de maitres du tems du Roi ?
Quel bien vous fait la Révolution ?
Quel mal vous faisaient les nobles ?
Enfin c'est un fin matois et homme bien dangereux dans le canton
»

Ou bien encore Pierre Monnier de Boiseau :
« capitaine de cavalerie vendéenne, demeure au village de Boizeau, le patriotisme de ses voisins, la surveillance qu'on a sur lui, tout concourt à  le faire plier et obéir aux lois mais c'est un royaliste qui sous le prétexte de Dieu, du Roi ou du pillage soupire après le renversement de la Constitution et après le désordre ».

Toujours à  Boiseau demeure Nicolas Delormeau :
« c'est un docteur de campagne, un homme à  grande prétention rempli d'orgueil, de fanatisme et royalisme, un missionnaire de Dieu et du Roi, enfin c'est un prédicant bien dangereux parmi les ignorants, dont il fait nombre lui-mème mais qui a le talent de le faire croire et de persuader les faibles ; ce laboureur, mème, dit-on fait les fonctions curiales dans le besoin ».

D'autres encore seront l'objet des soins particuliers de Saint que nous ne pouvons citer ici.

Par contre, St Jean ayant été une commune majoritairement pro-révolutionnaire, extrèmement rares seront les personnes citées pour leur loyalisme à  la République. Cela allait de soi pour notre commissaire et ne méritait donc l'objet d'un courrier particulier sur ce sujet.